Mercredi 15 juin 2011
PSA : Sevelnord et Aulnay, préparer la bataille.
Les informations dévoilées la semaine dernière par la CGT de PSA Aulnay ont jeté un pavé dans la mare [Mise à jour 16 juin : voir ICI le tract de la CGT PSA expliquant le plan]. Il y a bel et bien eu l'an dernier un plan extrêmement précis pour la fermeture des usines PSA Aulnay et Sevelnord Valenciennes, ainsi que de l'usine de Madrid. Plan qui vient d'ailleurs d'être confirmé par Mediapart.
La direction a beau jurer croix de bois, croix de fer que le plan n'est "plus d'actualité", d'une part elle ne le dément pas, d'autre part elle ne dit jamais qu'il est passé à la poubelle.
Voilà longtemps qu'il y a des rumeurs sur la fermeture de ces usines, mais là, ça devient plus concret, on sent que ça se précise. A Sevelnord, les plans de réduction d'effectifs se sont succédés, à Aulnay, unepartie de la production a été transférée à Poissy, l'équipe de nuit a été supprimée. Ca sent mauvais, comme on dit.
Les échéances ne sont pas immédiates, et on peut penser qu'avant les présidentielles ça ferait désordre - d'ailleurs la direction de PSA avait planifié l'affaire pour la fin 2012, comme par hasard.
Cela dit, pour la classe ouvrière, toute l'expérience accumulée depuis des décennies montre qu'il ne faut pas attendre le dernier moment. La bataille pour l'emploi est la plus difficile qui soit, elle affronte le capitalisme au coeur de la guerre économique mondiale de la concurrence et de la compétitivité. Nous avons connu beaucoup de défaites, parfois des victoires mais toujours partielles.
Dans ce combat, il y a bien des confusions, discutées sur ce blog (voir ICI). La confusion du "Fabriquons français", comme si on pouvait défendre un intérêt national qui en revient à opposer les ouvriers selon leur pays d'exploitation. La confusion des contre-plans (comme à Fralib) où les réformistes syndicaux imaginent qu'il est possible de donner des leçons aux bourgeois, pour leur expliquer comment mieux gérer l'exploitation, de manière plus humaine en quelque sorte, et être plus efficaces dans cette guerre économique. La confusion de la résignation qui mène les ouvriers, faute de perspectives, à négocier les plans sociaux, à "vendre leur peau le plus cher possible", en acceptant au fond le sort qu'on va leur faire...
La classe ouvrière est obligée de se défendre - et c'est ce qui va se passer à Aulnay, Valenciennes ou Madrid. La voie est étroite, difficile, face aux délocalisations, à la concurrence, pour ne pas nous retrouver dans une impasse.
L'heure est donc à préparer la bataille, et les ouvriers de PSA ne manquent pas d'atouts.
Le premier atout, c'est leur tradition de lutte dans ces deux usines. L'usine d'Aulnay a mené une dure lutte en 2007, et il y a une tradition désormais ancrée, même si les syndicats jaunes sont encore actifs (le SIA). Sevelnord a mené bien des luttes ces dernières années.
Le deuxième atout, c'est que dans ces usines, c'est le syndicalisme combatif, de lutte de classe qui est dominant. On sait qu'à Aulnay, la CGT est dirigée par une équiipe de délégués forte et active où les militants de Lutte Ouvrière sont très présents. A Sevelnord, la CGT est une CGT de lutte de classe, très impliquée dans la Métallurgie du Nord Pas de Calais, à tel point que le secrétaire du syndicat (Ludovic Bouvier) vient d'être élu secrétaire de l'USTM Hainaut, Avesnois et Cambrésis pour succéder à Jean-Pierre Delannoy, figure marquante du syndicalisme de classe dans la région et ex-candidat au poste de secrétaire de la CGT contre Bernard Thibault lors du 49ème Congrès de la CGT. Il est d'ailleurs également prévu que L.Bouvier succède à JP Delannoy au niveau régional de la Métallurgie quandce dernier partira à la retraite (2012 ou 2013). A Sochaux, la CGT est dirigée est également dirigée par des militants combatifs, qui occupent des responsabilités importantes au CCE et au Comité de Groupe. A Madrid, la CGT, syndicat narchosyndicaliste de lutte de classe a une présence importante.
Déjà, la Métallurgie du Nord Pas de Calais appelle à la grève le Jeudi 7 juillet pour préparer la bataille de la défense de Sevelnord (voir l'autre article publié ce même jour sur ce blog).
Mais, au delà du combat dans chaque usine et chaque région, l'enjeu va être de présenter un camp ouvrier uni et soudé pour la défense de l'emploi. Un camp ouvrier qui unisse les camarades d'Aulnay, de Valenciennes, de Madrid et d'ailleurs, pour les intérêts ouvriers, contre la restructuration capitaliste. C'est cela qu'il faut préparer maintenant, c'est l'actualité du jour.