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26 septembre 2023 2 26 /09 /septembre /2023 13:35

Mardi 26 septembre2023

Les caisses de grève au tribunal

 

Etrange procès que celui qui va se tenir demain au Tribunal Correctionnel de Nanterre, à la 14ème chambre à 13h, dans la continuité des règlements de compte contre la CGT-HPE (voir les articles précédents « Réformisme et bureaucratie dans le commerce CGT, l’US Paris  pas mieux que la fédération »).

 

Cette fois ci, 46 anciens syndiqués de la CGT-HPE attaquent les animateurs syndicaux, et essentiellement Claude Levy et Tiziri Kandi pour « escroquerie, manœuvres frauduleuses et abus de confiance », excusez du peu !

En cause, les versements à la caisse de grève du syndicat suite aux sommes gagnées lors de procès aux prud’hommes. Comme il est de tradition, lorsque des défenseurs syndicaux gagnent aux prud’hommes, ils proposent aux plaignants de reverser un pourcentage au syndicat, et dans le cas précis de la CGT-HPE, à la caisse de grève. Sans caractère obligatoire, bien entendu, mais c’est une pratique largement répandue.

 

Ce procès est stupéfiant à plus d’un titre :

  • Les plaignants (46) ont GAGNÉ aux prud’hommes des sommes importantes GRÂCE AU SYNDICAT – il n’y a donc rien de choquant à ce que celui-ci suggère en retour un soutien matériel.
  • Contrairement à ce que la plainte suggère, les sommes considérées ne sont pas détournées, escroquées pour un quelconque enrichissement personnel, mais alimentent la caisse de grève, permettant ainsi l’indépendance du syndicat et la capacité à tenir des conflits dans le temps, pour arriver à GAGNER. Car on sait que les conflits sont durs et que les patrons ne lâchent rien. La  meilleure preuve a été la magnifique grève à Ibis Batignolles victorieuse après 22  mois de lutte (« Victoire à l’hôtel Ibis Batignolles »), précisément grâce au soutien de la caisse de grève du syndicat. Cette grève n’étant que la suite de tous les conflits victorieux menés depuis 2012 par le syndicat et ses animateurs, qui ont en particulier mis fin à la sous-traitance dans 18 hôtels.
    Voilà à quoi sert la caisse de grève et à quoi s’attaquent les plaignants manipulés par les bureaucrates les plus réformistes du Commerce CGT. L’argent est bien le nerf de la guerre pour gagner des grèves !
  • Dans la plainte des « 46 », le syndicat CGT-HPE n’est pas impliqué, à peine cité, elle est centrée sur les animateurs syndicaux, suggérant effectivement une escroquerie personnelle. C’est ahurissant dans la mesure où l’existence de la caisse de grève est tout à fait officielle dans le syndicat, parfaitement connue des syndiqués, et que LES PLAIGNANTS EN ONT AUSSI PROFITÉ lors de divers conflits !!! Les animateurs syndicaux ont ainsi agi non pas personnellement, mais en tant que représentants du syndicat et de son fonctionnement officiel. Il aurait donc été évidemment normal que le syndicat soit poursuivi au titre de personne morale. Pourquoi cette absence ? Règlement de compte personnel pourri ?
  • Il y a un véritable enjeu derrière ce procès, bien au-delà du cas particulier, qui est celui de la jurisprudence qu’il va faire, pour ce qui des dons aux syndicats, UL et autres structures. D’ailleurs, il est significatif que la presse s’y intéresse, il y a un véritable enjeu pour le syndicalisme.
  • Dans cette affaire, toute l’instruction a été faite à charge. Pas de juge d’instruction de désigné, enquête de police avec 36 heures de garde à vue, épluchage de la vie privée et des comptes personnel des mis en cause, pour aboutir à ce qu’ils soient complètement blanchis du chef d’enrichissement personnel. De six chefs d’inculpation initiaux, il n’en reste plus qu’un au final…
  • Les principaux responsables de cette affaire, à savoir les dirigeants de l’US Commerce de Paris et l’UD de Paris se cachent soigneusement derrière les plaignants, et plus particulièrement les quelques délégués réformistes qui mènent la cabale judiciaire. Eux qui ont soutenu sans broncher Maryline Poulain devenue depuis préfète de Darmanin ! C’est bien un affrontement entre syndicalisme réformiste et syndicalisme de classe qui se joue aussi dans ce procès.

Ainsi, une nouvelle fois, il faut soutenir les camarades impliqués (aujourd’hui ayant quitté la CGT, complètement dégoûtés de la bureaucratie et du réformisme, pour rejoindre la CNT-SO).
Il faut être là demain au Tribunal Correctionnel de Nanterre, à 13h, et nous les soutenons sans réserve !!

 

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