Mercredi 29 novembre 2023
Lourde condamnation au pénal contre les dons juridiques qui alimentent les caisses de grèves
Hier 28 novembre a eu lieu le prononcé du jugement sur l’affaire des dons juridiques qui ont alimenté les caisses de grève de la CGT-HPE (voir notre article « Les caisses de grève au tribunal »). L’affaire a été plaidée le 27 septembre dernier et nous renvoyons à cet article pour des explications plus détaillées.
Lourdes condamnations donc pour les deux accusé.e.s – qui ont immédiatement fait appel.
8 mois de prison avec sursis pour Claude Levy, 6 mois avec sursis pour Tiziri Kandi, 5000 € d’amende chacun.e en plus du remboursement des parties civiles de la quote part versée à la caisse de grève du syndicat. Les deux camarades ont également été condamnés à la déchéance des droits civiques pour cinq ans comme de vulgaires malfrats.
Ce jugement est vraiment inqualifiable, tant il est à charge, et frise même le ridicule quand il condamne les deux inculpé.e.s à rembourser personnellement des sommes… qui ont été reçues par le syndicat et aucunement par eux. Pour rappel, l’enquête de la gendarmerie (36h de garde à vue à la clé !) les a blanchis de tout enrichissement personnel, ce que le jugement lui-même rappelle par ailleurs ! Et de la prison (même si c’est avec sursis, c’est de la prison !!) pour des syndicalistes qui n’ont fait que leur travail d’organisation de la lutte des classes, c'est juste honteux.
Tiziri KANDI ET Claude LEVY étaient les principaux animateurs des grèves dans l’hôtellerie contre la sous-traitance hotellière. Ils ont organisé le personnel fixe et précaires des hôtels pour la ré-internalisation de la sous-traitance qu’ils ont obtenu dans 18 hôtels, et ont en particulier animé la grève magnifique d’Ibis Batignolles, 22 mois durant (justement grâce à la caisse de grève).
Le jugement est à l’image de l’audience, proprement stupéfiant.
- Une présidente totalement à charge n’écoutant pas leurs explications.
- Des parties civiles absentes pour la plupart, avec une caractéristique précise : les seuls présents à l’audience étaient des cadres et des agents de maîtrise dans leurs entreprises, à se demander si au final le procès n’a pas été commandité par le patronat de l’hôtellerie. A noter que ces mêmes parties présentes ont été déclarées irrecevables.
- Des parties qui ont obtenu le remboursement des dons qu’elles ont fait 3 à 6 ans auparavant au syndicat alors qu’elles-mêmes ont touché des sommes de deux à dix fois plus importantes de la caisse de grève lors de leurs mobilisations dans leurs hôtels, comme c’est le cas des salarié-es du Park Hyatt Vendôme qui représentent la majorité des plaignant.e.s déclarés recevables.
- Des structures CGT arrivées le jour même au dernier moment pour se porter partie civile. L’UD CGT Paris représentée par Karl Ghazi et l’URIF, qui ont vomi leur fiel contre les prévenus, et ce peu importent les implications et conséquences lourdes que le jugement va avoir pour le syndicalisme en général, s’il est confirmé en appel. Ils tressent la corde pour se faire pendre. La vérité c’est que la bureaucratie syndicale, les réformistes, se moquent comme d’une guigne de la lutte des classes, du sort des prolétaires exploités et en lutte. Ils ont un seul objectif, quelles qu’en soient les conséquences, c’est de mettre à bas les syndicalistes de classe qui les affrontent.
Le jugement est donc conforme à ce qui s’est passé à l’audience en septembre. Justice de classe sans fard, évidemment, avec la complicité des structures syndicales qui montrent leur vrai visage. Justice pour la criminalisation de l’action syndicale, comme on le voir un peu partout et dont la CGT fait – à juste titre – un cheval de bataille, mais cette fois avec l’appui explicite des structures syndicales réformistes, CGT Paris et Union Régionale CGT Ile de France qui montrent leur vrai visage. Dans le journal Le Monde, Karl Ghazi se félicite de la condamnation…
La presse aux ordres (Le Parisien, BFM TV, Challenges…) se félicite et ironise sur la condamnation des camarades, seule l’AFP reste nuancée… « Les journalistes policiers, marchands de calomnies, ont vomi sur nos charniers des flots d’ignominies… » (« Tout ça n’empêche pas Nicolas », chanson de La Commune).
Nous le disions en introduction, les prévenus ont immédiatement fait appel, et il va être très important de les soutenir massivement et sur la durée, activer les réseaux pour ne pas les abandonner : c’est le syndicalisme de classe qui a été condamné, c’est aux syndicalistes de classe de défendre Claude et Tiziri. C’est maintenant qu’on va voir qui sont les vrais amis, qui sont les ennemis qui se cachent et qui sont les faibles qui se déballonnent.
Sur ce blog, depuis toujours, nous avons choisi notre camp.
Voir tous les articles de ce blog sur l’activité de la CGT-HPE et les conflits qu’elle a affrontés : ICI