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26 octobre 2022 3 26 /10 /octobre /2022 11:15

Mercredi 26 octobre 2022

Réformisme et bureaucratie dans le Commerce CGT : l'US Paris pas mieux que la Fédération !

 

Il y a un an, nous faisions un triste bilan du Congrès de la Fédération du Commerce (« Fédération du Commerce, triste bilan »), avec une conclusion bien optimiste : « le combat continue ! ».

 

Voir tous les articles de ce blog (37 articles !!) sur La lutte dans la Fédération du Commerce et des Services,

ICI 

 

Aujourd’hui, nous constatons la catastrophe.

Amar Lagha, dirigeant autocratique et mafieux de la fédération a été réélu sans opposition véritable et contrôle son petit domaine réservé d’une main de fer. C’est-à-dire que les procédures juridiques qui ont abouti à l’annulation du Congrès de Reims en 2018, pour légitimes qu’elles soient, n’ont au final servi à rien.

De plus, il apparaît assez nettement, et nous l’avons déjà souligné, qu’à de très rares exceptions près, il n’y a pas d’alternative au sein de la Fédération. Nombre d’opposants (mais pas tous, soyons justes) sont tout aussi gangrenés par le bureaucratisme, la guerre des chefs et la défense des privilèges d’un petit clan, au mépris de la lutte des classes et des intérêts des travailleurs.

 

Il en est ainsi de l’US Commerce CGT de Paris, pourtant fer de lance de l’opposition à la direction fédérale, engagée dans un affrontement sans fin avec la CGT-HPE, dont elle ne veut que la disparition (évidemment pour en récupérer les restes, y compris financier…). Voir deux articles précédents de 2020 « Qui veut la peau de la CGT-HPE » et « Clash interne à la CGT-HPE ».

 

L’affrontement se poursuit aujourd’hui au plan juridique – ce qui montre en passant son caractère pitoyable. Quand on est incapables de faire ses preuves sur le terrain de la lutte des classes, on se rabat sur la justice bourgeoise. Et essentiellement en ce moment, autour d’un hôtel, le Hilton Opéra.

C’est un hôtel où il y a de longue date une section syndicale de la CGT-HPE, mais aussi de sérieux affrontements entre une ligne de collaboration avec la direction, représentée par un certain Hadji Mze, délégué syndical, et une ligne de lutte représentée par Ken Mendy. Ce conflit, récurrent dans l’hôtel, était aussi le reflet du conflit interne à la CGT-HPE, qui aboutira d’ailleurs ensuite au départ de H. Mze qui va commencer à fricoter avec l’US Commerce.

Le conflit entre H. Mze et K. Mendy prendra un tour très personnel et celle-ci, n’en pouvant plus, quittera la CGT pour rejoindre provisoirement la CFDT, où elle sera élue. Elle commet alors une erreur (minime) de manque d’expérience, celle d’enregistrer clandestinement une réunion avec la direction, ce qui est strictement interdit par la loi. Précisons que le contenu de l’enregistrement ne sera jamais révélé et utilisé publiquement.

Que pensez-vous qu’il arriva ? Et bien Hadji Mze, informé, s’empressera de dénoncer la camarade à la direction en pleine réunion de CSE, ce qui provoquera l’entame d’une procédure de licenciement envers K. Mendy. Licenciement heureusement refusé par l’Inspection du Travail, puis le Ministre du Travail et le Tribunal administratif, mais quand même… Depuis quand accepte-t-on qu’un syndicaliste CGT dénonce un travailleur à la direction ? Hadji Mze sera alors à juste titre, exclu de la CGT-HPE.

Une fois la situation bien clarifiée au sein de la CGT-HPE, et les réformistes isolés, exclus ou partis, Ken Mendy se resyndiquera dans le syndicat qui a en fait toujours été sien, et la CGT-HPE la désignera comme déléguée syndicale en remplacement de Hadji Mze.

 

Voilà le contexte.

Ce conflit va provoquer deux procédures juridiques toujours en cours, entamées par l’US Commerce Paris et le CSE du Hilton Opéra dont Hadji Mze est le secrétaire contre la CGT-HPE.

  • Une poursuite au pénal contre Claude Levy par le CSE du Hilton Opéra, pour « délit d’entrave », en fait la dénonciation publique des turpitudes de H.Mze, qu’il n’a pas digérée. L’affaire sera plaidée Lundi 31 octobre au tribunal de Bobigny à 13h, et il est important qu’il y ait un maximum de soutien pour démasquer l’imposteur et le dénonciateur patronal. Un syndicaliste qui se prétend CGT et qui poursuit un animateur CGT pour « délit d’entrave » ? Allo, quoi !!!
  • Une procédure au Tribunal Judiciaire de Paris, pour contester la désignation de Ken Mendy en qualité de déléguée syndicale de la CGT-HPE, procédure menée par H. Mze, le vendu réformiste, soutenu par l’US Commerce CGT Paris, partie prenante.
    Ce qui est
    stupéfiant (et le mot n’est pas trop fort) dans cette procédure, au-delà de la désignation elle-même, c’est l’argumentaire des plaignants : la CGT-HPE ne répondrait pas aux critères d’un syndicat professionnel, au motif que ses comptes ne sont pas certifiés par un commissaire aux comptes, alors que le montant de la caisse de grève fait dépasser le seuil qui l’imposerait !!!
    Ainsi donc, l’US Commerce de Paris dénie le caractère de syndicat de la CGT-HPE, du fait de l’existence d’une caisse de grève !!! Caisse qui a permis, entre autres, la grande victoire à Ibis Batignolles (voir « CGT-HPE : après la victoire »). Même l’administrateur judiciaire désigné entre 2019 et 2021, et l’expert-comptable associé, n’y avaient pas pensé et ont rejeté cet argument.
    Evidemment la direction du Hilton Opéra s’est engouffrée dans la brèche, pour à son tour contester la désignation. Ainsi,
    l’US Commerce CGT Paris sert la soupe au patronat de l’hôtellerie qui n’en attendait pas tant !! Nous invitons les lecteurs qui ne veulent pas nous croire à lire le dossier juridique ci-contre, avec d’abord les conclusions de l’US Commerce, suivies par celles de la CGT-HPE.
    L’affaire a été plaidée le 4 octobre, et le jugement rendu le 21 octobre. Si le tribunal n’a malheureusement pas validé la désignation de Ken Mendy pour des motifs techniques secondaires (un pourvoi en cassation est à l’étude), il a heureusement balayé tous les motifs fallacieux et patronaux de H. Mze et de l’US Commerce CGT Paris sur le caractère de la CGT-HPE.

Que retenir de ces épisodes assez misérables ?
-    L’US commerce CGT de Paris ne vaut pas mieux que la direction fédérale du Commerce qu’elle prétend combattre. A force de service la soupe au patronat, de défendre les collaborateurs réformistes et vendus, on n’a rien à attendre d’elle de positif pour l’avenir.
-    L’avenir immédiat de la fédération du Commerce est sombre. L’heure est maintenant au travail à la base, à former une nouvelle génération de dirigeants, capables le moment venu, de redresser l’orientation fédérale et de mener les travailleurs du commerce dans la bonne direction.

-    Les procédures juridiques ne peuvent en aucun cas se substituer à la lutte des classes. Nous l’avons constamment répété. Le fonctionnement et les méthodes de la CGT-HPE n’ont sans doute pas été sans erreurs. Mais ce qui est sûr et certain, ce qui doit être défendu becs et ongles, c’est son rôle essentiel dans la lutte des classes, dans l’organisation du prolétariat des hôtels, femmes et immigrées avant tout, dans l’organisation de grandes luttes victorieuses, dans le combat mené pour la réinternalisation de la sous-traitance avec de nombreuses victoires à la clé.
Outre les arguments patronaux de l’US Commerce, dans la comparaison avec la CGT-HPE, il n’y a juste pas photo.
 
Dans l’immédiat, nous invitons tous nos lecteurs à venir soutenir Claude Levy au tribunal de Bobigny, le lundi 31 octobre à 13h, à la fois pour dénoncer les manœuvres minables et vendues des réformistes collabos, et pour défendre une certaine conception du syndicalisme de classe qui nous soutenons depuis toujours sur ce blog.

 

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commentaires

B
Bonjour,<br /> Serait-il possible d'avoir des nouvelles du procès de M. Claude LEVY s'il vous plaît? Enfin, possible que vous soyez en attente de la décision... En tant que défenseur syndical (pas à la CGT), je suis particulièrement intéressé.<br /> En vous remerciant
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E
renvoyé
C
Bonjour à vous,<br /> Merci d’avoir mis les plaidoiries des avocats des 2 parties, ça permet de se faire sa propre opinion. La plaidoirie du premier avocat (celui de l’union du commerce de Paris) est un véritable cours de droit sur la transparence financière des syndicats !!! La partie qui traite du cas général est très intéressante et instructive à lire. Elle est à recommander à tous les syndicats dont les ressources frôlent les 230 000 euros.<br /> Sur le cas particulier de la CGT HPE, je n’ai pas tout compris, sans doute faute d’avoir les pièces données en annexes aux plaidoiries, mais il me semble que ce syndicat n’est pas hyper transparent dans ces comptes, du coup ça interroge quand même. C’est triste de voir que tout cela semble plutôt des questions d’ego et de volonté de domination. Je trouve par exemple surprenant que le deuxième avocat parle de syndicat « concurrent » quand il parle d’un autre syndicat CGT. Depuis quand 2 syndicats CGT sont-ils en concurrence ? <br /> L’auteur de l’article parle de gens autocratiques, mafieux, etc, mais le profil qui ressort de certains des dirigeants de la CGT HPE n’est guère plus flatteur. En clair, après voir lu tout ce qu’il y a sur le site concernant ce syndicat, je n’irai pas soutenir M Claude Levy lundi devant le tribunal car ce genre de personnage qui croit détenir la vérité et pense que la fin justifie les moyens ne me plait pas.
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E
Donc, tu ne connais rien, tu découvres, mais tu sais. OK, passes ton chemin. C'est une histoire de dix ans, renseigne-toi avant d'avoir un avis tranché...
C
Pour répondre à Eugène : oui, j'ai bien saisi l'enjeu mais je ne connaissais pas ce syndicat CGT HPE d'avant d'avoir fait une recherche internet sur Rachel Kéké, députée LFI. J'espère pour elle que ce tu dis (les comptes sont absolument transparents) est vrai sinon CNews va encore la massacrer.<br /> Sur la comptabilisation de la caisse de grève, j'ai de gros doutes car tous les syndicats enregistrent, quand ils en ont, leur(s) caisse(s) de grève dans leurs produits et donc en ressources dans leur annexe. ça me semble logique si on veut une transparence financière. Sinon, on pourrait, par exemple, pour les entreprises, ne pas enregistrer la TVA collectée vu qu'elle est reversée en totalité à l'état après.<br /> De plus, c'est vraiment exceptionnel, pour ne pas dire impossible, que l'argent collecté par la caisse de grève soit exactement du même montant que l'argent reversé aux grévistes. Ou alors c'est que la caisse de grève a mal marché et qu'il n'y a pas assez de dons pour dédommager les grévistes. Mais ça ne semble pas être le cas du syndicat CGT HPE (dans plusieurs interviews, Rachel Kéké se félicite que la caisse de grève marche bien).<br /> Quant à la parole de l'expert comptable, si j'ai bien compris, c'est expert (le 2ème de CGT HPE) contre expert (le 1er, celui qui fait un audit). Lequel a raison ??
E
Pour te répondre brièvement. La CGT-HPE sort de deux ans de tutelle administrative, avec administrateur indépendant et expert comptable. Les comptes sont absolument transparents, sans aucun doute possible.<br /> Le débat porte sur la possibilité d'intégrer une caisse de grève dans les comptes du syndicat, ce qui n'a aucun sens, puisque tout l'argent est redistribué, ce qui a été VALIDE par l'administrateur et l'expert comptable.<br /> De plus, de la part de l'US Commerce Paris, utiliser cet argument est absolument stupefiant.<br /> Par ailleurs, il semble que tu n'aies pas lu l'article avec l'enjeu précis de ces procédures : à savoir la défense explicite d'un prétendu délégué corrompu qui a DENONCE publiquement une autre déléguée à la direction. Ca te semble correct ça ?<br /> Enfin, n'escamotes pas toutes les victoires obtenues par la CGT-HPE, la dernière en date étant la victoire historique d'Ibis Batignolles. L'US commerce peut carrément aller se rhabiller...