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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 16:04

Mardi 15 avril 2008

Plusieurs centaines de travailleurs sans-papiers en grève pour leur régularisation

 

[Mise à jour 30 juin 2010] Suite à une mise en demeure de la plateforme "Overblog" nous avons supprimé de l'article le communiqué de l'AFP qui s'y trouvait initialement, rapportant les propos de Francine Blanche qui justifiait la lutte des sans-papiers par l'intérêt de l'économie nationale et régionale. L'article garde néanmoins un sens, et depuis, tous les deux mouvements des sans-papiers, jusqu'à la Circulaire Besson de novembre 2009 et l'acceptation de la notion de "métiers en tension" par la CGT n'ont fait que confirmer notre analyse. Voir tous les articles qui ont suivi sur le sujet, ICI.

 

Une info parue dans la presse ce matin (voir l'intéressant article du Monde sauvegardé  ici), opération mise en oeuvre par la CGT sous l'égide de la Confédération (Francine Blanche) et de l'UL de Massy (R.Chauveau).
Une lectrice (Zina) nous a déjà transmis l'information, et nous reproduisons son message, son commentaire et le nôtre :

"Voici une information et surtout une interview de Francine Blanche de la CGT qui me rend moi aussi bien amère...
Alors qu'on devrait se féliciter de voir la CGT soutenir activement les sans-papiers, voici qu'en fait, pour la CGT, la politique du gouvernement en matière d'immigration devrait avoir pour guide : "Il faut satisfaire l'électeur, mais il y a aussi la vraie vie, l'économie" Merci, Francine, la vraie vie c'est bien l'économie capitaliste. Là au moins c'est clair."

Remarques : la camarade a parfaitement raison de souligner la perversité du raisonnement de F.Blanche. Au lieu de partir de la nécessité de l'unité de tous les travailleurs, avec ou sans papiers, pour lutter ensemble contre le capitalisme, elle argumente au nom des besoins de cette économie capitaliste, en s'intégrant complètement dans la logique de Hortefeux. C'est dur, même si bien entendu il faut soutenir de toutes nos forces ce mouvement.


Par ailleurs, on note que le mouvement porte sur les travailleurs sans papiers, et ne pose toujours pas le mot d'ordre de "régularisation sans condition de tous les sans-papiers", [Mise à jour 17 avril : le communiqué de la confédération escamote ce mot d'ordre pourtant avancé par l'URIF... Note d'un de nos lecteurs] que le mouvement gréviste a été pris en charge en petit comité par des syndicalistes, en laissant les sans-papiers en dehors de la préparation du mouvement (on se dermande bien quel était le risque d'une fuite de l'info...), la négociation en direct avec les ministres, bref les tendances que nous notions précédemment sur ce blog.
Quoiqu'il en soit, il faut soutenir ce mouvement, du point de vue de l'unité internationale des travailleurs, l'élargir, l'organiser et donner aux camarades sans-papiers la maîtrise de leur combat : ils luttent, ils décident et personne d'autre à leur place !

Nous serons particulièrement attentifs à la suite de ce mouvement.

[Mise à jour 19 Avril] Le mouvement prend corps et s'étend. Alors que la confédération reste sur une position timorée, dans toute la région parisienne le mouvement de soutien s'élargit et s'étend. Partout les syndicats vont à la rencontre des sans-papiers en lutte pour porter leur soutien. Nous publions ci-dessous le communiqué de l'URIF
:

TRAVAILLEURS SANS PAPIERS :
4ème  JOUR DE GREVE -  3ème NUIT D’OCCUPATION

327 travailleurs "sans papiers" sont maintenant en grève et occupent leur entreprise.
Le 15 avril à l'appel de la CGT et de l'association Droits Devant !!, ils étaient près de 300, à s'engager dans ce mouvement pour exiger leur régularisation et celle de tous les travailleurs "sans papiers". Après une période d'installation, le mouvement tend maintenant à s'élargir.
Le nombre de travailleurs des entreprises déjà en grève augmentent. Dans la chaîne de restauration "Chez Papa", de 20 les grévistes sont passés à 36; à Véolia-Wissous de 12 ils sont maintenant 19, à US Passion traiteur, à Colombes, de 11 grévistes, ils sont maintenant 15… 
Depuis hier, de nouvelles entreprises sont touchées par ce mouvement de grève notamment de petites entreprises dans le bâtiment et dans le nettoyage…D'autres plus importantes vont l'être, sous peu, comme dans la restauration.
Sur pratiquement tous les lieux d'occupation des délégations d'Associations de soutien aux "sans-papiers", d'élus locaux, régionaux, de responsables politiques et d'associations caritatives, comme Emmaüs, viennent apporter leur soutien moral et politique aux travailleurs "sans papiers" en grève.
Tous les grévistes occupent leur entreprise et dorment sur place. Ils ont besoin de couvertures, de repas et de tout ce qui peut aider à rendre plus facile ces longues heures de relative inactivité.
Des centaines et des centaines de signatures de pétitions commencent à remonter dans les Unions départementales de la CGT. Sur certain lieu d'occupation, des caisses de grève sont mises en place et commencent à se remplir.
Nous appelons à la généralisation et à l'amplification de ce mouvement de solidarité, déterminant pour obliger le gouvernement à entendre la revendication des grévistes.
Depuis hier des salariés de grandes entreprises, bien souvent avec leur syndicat CGT, comme à la RATP, à la SNECMA, à Thalès ou encore à PSA…, viennent à la rencontre des travailleurs "sans papiers" sur le lieu de grève et contribuent dans certain endroit comme à Colombes à faire que le patron respecte les grévistes et le droit de grève.
Aujourd'hui ceux de PSA seront à Pavillon sous Bois à 12h avec les grévistes de Casa Nova. Et les conducteurs de la ligne B du RER invitent les "travailleurs sans papiers" de Massy et des environs, à 10 heures à la gare de Massy Palaiseau à leur réunion d'information syndicale.
Les initiatives de ce type peuvent être développées partout.
L'Union régionale Ile de France et les représentants de Droits devant!! ont rencontré des collectifs parisiens de "sans papiers" pour examiner ensemble la nouvelle situation créée avec le déclenchement de la grève du 15 avril et voir quelle initiative prendre pour élargir le mouvement en cours.
 
Paris, le 18 avril 2008

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