Le CCN de début mars vu par Les Echos
Le journal économique patronal Les Echos, rend compte dans son édition du 4 mars du dernier CCN de la manière suivante :
Le secrétaire général de la CGT veut faire passer le bureau confédéral de 9 à 12 membres. A deux mois du Congrès, même si l’opposition interne est toujours aussi déstructurée, les tensions montent dans l’organisation.
Bernard Thibault proposera au 48ème Congrès une direction un peu élargie
François Chérèque resserre son équipe, Bernard Thibault veut élargir la sienne. Le secrétaire général de la CGT a proposé, lors de la réunion de son Comité Confédéral National (CCN) qui s’est achevé hier, de porter de 9 à 12 le nombre de membres du bureau confédéral à l’issue du 48ème Congrès qui se déroulera du 24 au 28 avril à Lille. « Il nous faut être plus nombreux pour faire face à toutes les obligations et assurer continuité et renouvellement » a justifié le leader syndical. Cette solution est fidèle à sa méthode : chercher à contourner les difficultés plutôt que de trancher dans le vif.
Il n’y aura donc aucun départ du bureau confédéral, ni parmi ses ténors, ni parmi les autres. Maryse Dumas fera un nouveau mandat, Jean-Christophe Le Duigou, la bête noire des conservateurs de la CGT, qui souhaitait partir, restera aussi, à la demande de Bernard Thibault. Question d’équilibre. Feront leur entrée au bureau confédéral Daniel Sanchez, cinquante ans, de la Fédération de la Métallurgie, Graziella Lovera, quarante-cinq ans, de l’Union Départementale du Vaucluse, et Agnès Naton, quarante-quatre ans, de l’Union Départementale de la Haute-Savoie.
Des points de désaccord listés
Ces annonces n’ont pas fait grand débat au sein du CCN. En revanche, signe que les tensions montent au sein de l’organisation, le secrétaire général de l’union régionale Champagne-Ardenne est monté au créneau contre le contrat de transition professionnelle, qui a déjà donné lieu à une jolie cacophonie au bureau confédéral, puisqu’il a été étrillé par Maryse Dumas et défendu par Maurad Rabhi, secrétaire général de la Fédération du Textile. Réputée pour son ouverture, celle-ci est manifestement dans la ligne de mire des opposants à Bernard Thibault. En Champagne-Ardenne justement, l’un de ses délégués syndicaux vient d’être démis de ses fonctions par la CGT locale au motif qu’il ne lui obéissait pas. Il lui est reproché de négocier pour tenter de rechercher une amélioration du plan social dans son entreprise plutôt que de jouer le seul affrontement. La confédération a dû intervenir pour obtenir que ce soit les syndiqués de l’entreprise qui désignent par un vote le délégué syndical.
A moins de deux mois du Congrès, l’opposition interne, même si elle est toujours aussi déstructurée, commence à fourbir ses armes. Ainsi, la Fédération de la Chimie, quoi a décidé de publier un quatre-pages « pour contribuer à l’éclaircissement du débat ». Dans son bulletin destiné aux militants daté du 10 février, elle commence à lister des points de désaccord. Elle critique notamment le projet de Sécurité Sociale Professionnelle, projet phare de la CGT, qui, selon elle, « remet en cause les conventions collectives » et l’absence de référence au fait que pour faire aboutir les revendications, il faut « s’appuyer sur les profits ».
On peut d'abord s'étonner que le futur bureau confédéral soit déjà organisé, alors que le Congrès n'a même pas eu lieu et que personne n'est encore élu... Mais enfin, il y a encore du chemin à faire pour la démocratie dans la CGT !
Ensuite, JC Le Duigou "bête noire des conservateurs", c'est amusant. De la part d'un journal patronal, c'est bien le signe qu'il s'agit d'un représentant les plus droitiers de la confédération, dont le projet rejoint en bien des points ceux de Borloo ou d'autres. Dans nos propositions pour le Congrès, nous appelons à rayer JC Le Duigou de la future CEC (et donc évidemment du bureau !). Quant à nous, nous ne sentons nullement conservateurs, plutôt des militants modernes, mais sur une base de classe...
Enfin, cet article ne reflète que le débats au niveau le plus élevé des structures, entre militants syndicaux chevronnés déjà bien incrustés dans l'appareil, et bien déformés dans la bureaucratie et "l'aristocratie syndicale" comme le disent les camarades de Dalkia.
Nous sommes beaucoup plus intéressés par le débat parmi les syndiqués et les structures de base, parmi les militants honnêtes qui tentent de défendre l'intérêt des travailleurs, et lui seul, face à un patronat déchaîné et bien mal aidé par une direction confédérale de plus en plus ouvertement réformiste... Dans cette perspective, des initiatives vont avoir lieu dans les jours qui viennent, l'assemblée des syndicats de la Chimie, des réunions départementales, la réunion confédérale des jeunes etc. C'est à ces occasions qu'il faut mener le débat à fond, sur les thèmes du Congrès, et il y a de quoi faire, critique du Nouveau Statut du Travail Salarié en tête !