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31 octobre 2019 4 31 /10 /octobre /2019 09:33

Jeudi 31 octobre 2019

Manifestation Amiante à Saint-Gobain Chantereine

 

Forte journée de mobilisation à Thourotte (Oise) ce mercredi 30 octobre.  Après une rencontre de plus de 100 personnes dans le cinéma (la salle « Saint-Gobain », triste ironie…) avec les avocats, l’ANDEVA et la CGT du Verre, les participants se sont retrouvés sur un piquet de grève devant l’entrée de l’usine à la relève des équipes.

L’enjeu : obtenir le classement de l’usine en « site amiante », et ainsi ouvrir les droits à la retraite anticipée (ACAATA) pour les milliers d’ouvriers qui y ont travaillé pendant des décennies.

 

Voir tous les articles de ce blog sur l’amiante ICI

Deux usines du même groupe au même endroit : un float qui produit du verre plat en continu, et une usine de transformation (Sekurit) qui fabrique ensuite des vitrages pour l’automobile ou l’aéronautique. Deux usines « du feu », où l’amiante a été utilisée pendant des décennies, partout, dans le calorifugeage, la protection (vêtements), sur les machines, où l’on voyait les fibres briller dans la poussière des ateliers dès que le soleil sortait.

Le verre, c’est un des métiers du feu, avec la sidérurgie, la céramique, les tuiles et briques. Un des métiers où l’amiante a été le plus utilisé et depuis le plus longtemps, et où les dégâts sont effroyables. Ce sont des dizaines de camarades qui sont morts tués par le poison, année après année, et les malades ses comptent par centaines. Et pourtant, on ne compte que deux verreries classées : la Verrerie de Masnières (59), et la Cristallerie de Baccarat (57), aucune du groupe Saint-Gobain !

 

Certainement pas un hasard, tellement le classement d’un site en liste amiante est affaire de politique. Saint-Gobain a été un promoteur forcené de l’amiante jusqu’à l’interdiction en 1996, et même producteur dans les mines du Brésil. Il a été le principal membre actif du Comité Permanent Amiante, ce lobby qui fera tout pour retarder l’interdiction, alors que la nocivité mortifère de la fibre est connue depuis un rapport de l’Inspection du Travail en 1906 – plus d’un siècle.
De plus, il est de notoriété publique que l’entreprise Saint-Gobain est « maquée » avec les pouvoirs politiques depuis toujours, les dirigeants sont influents dans les cercles gouvernementaux quelle qu’en soit la couleur, attentifs à éviter tout scandale…

 

Aussi la mobilisation à l’usine de Chantereine a-t-elle un sens exceptionnel.

Déjà le 3 juin dernier, le collectif amiante et la CGT ont gagné un arrêt historique de la Cour de Cassation reconnaissant le préjudice d’anxiété à 128 travailleurs de l’usine, alors même que l’usine n’est pas encore classée, ce qui est une première (lire l’article du bulletin de l’ANDEVA ICI). Voilà qui va maintenant donner une impulsion formidable à la mobilisation pour le classement et donc l’accès à l’ACAATA.

Désormais, le dossier est achevé pour le classement, validé par l’Inspection du Travail qui a fait son rapport, transmis désormais à la Direction Générale du Travail pour avis, et on est désormais rentré dans la sournoise guerre de tranchée juridique, des retards et reports, de l’attente qui semble interminable avec le risque d’être rejeté (comme récemment à ArcelorMittal).

L’heure est donc à la fois au juridique avec les avocats prêts à aller au Tribunal Administratif pour contester un éventuel rejet, et à la mobilisation sur le terrain pour faire accélérer la procédure. Il y a une dizaine d’année, les travailleurs d’Alsthom avaient envahi les locaux du ministère pour avoir une réponse, c’est la voie à suivre.

 

Ce classement est donc un enjeu majeur pour tous les ouvriers des verreries. D’ailleurs on notait la présence de représentants de l’usine Saint-Gobain d’Aniche, de Owens Illinois à Puy Guillaume, d’Arc International, venus suivre avec attention le travail militant fait à Thourotte, prêts à sauter sur l’opportunité.

Comme le notait le représentant de la Fédération CGT du Verre, « il faut que nous fédérions plus la résistance et la lutte sur ce terrain, sortir du chacun chez soi. Il y va de l’intérêt de tous ».

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