Dimanche 27 novembre 2011
Rassemblement de soutien aux Fralib
Jeudi matin 24, gros rassemblement (500 personnes ?) devant la Maison de la Recherche à Paris, à l'occasion de la réunion du Comité de Groupe Unilever. Rassemblement appelé par la FNAF (agro CGT - voir l'appel ICI) en soutien aux Fralib qui se battent depuis un an contre la fermeture de leur entreprise par la multinationale, et pour le maintien de leurs emplois.
Tous les articles de ce blog sur la lutte des Fralib, ICI
Rassemblement un peu surprenant quelque part.
Un rassemblement très "politique". Pierre Laurent et André Chassaigne à la tribune, le Front de Gauche très présent dans la foule. Un discours du dirigeant de la FNAF pour détailler en long en large et en travers le contre-plan des Fralib (disponible en intégral ICI), sa viabilité, les critiques des limites du jugement du 17 novembre ("Annulation du PSE et des licenciements à Fralib") justice encore trop dans le "carcan" du capitalisme, comme s'il pouvait en être autrement... Le tout avec une tonalité très "Le thé L'Elephant est français, il restera fabriqué en Provence", renforcé par des discours "Fabriquons Français" des dirigeants du PC.
On sait que la FNAF est une fédération particulière, restée dirigée par le PC suivant la bonne vieille tradition de la CGT à l'ancienne, et toujours adhérente à la FSM mondiale. Fédération en opposition officielle à la Confédération, et en guerre souterraine permanente avec les dirigeants confédéraux. Nous savons par exemple que tout a été fait pour torpiller le rassemblement du 24, en tentant d'empêcher l'élargissement au delà des Fralib.
Donc rassemblement syndicalo-politique, ce que nous ne saurions critiquer sur le principe. Le seul problème (et de taille !) c'est que le "Fabriquons Français" lourdement insistant des discours de la tribune mène les travailleurs à l'échec, et les jette dans les bras de Marine Le Pen (voir "Fabriquons français" vs "Fabriquons chinois ?" sur ce blog).
Rassemblement surprenant donc, en décalage quelque part avec la lutte des Fralib eux-mêmes.
Ces camarades mènent depuis un an une lutte sur une base très combative, en défense de leurs intérêts d'ouvriers. Certes, il y a l'illusion du contre projet qui pourrait leur garantir un emploi, mais en fait les camarades n'attendent rien de personne et sont fondamentalement en lutte pour le maintien de l'emploi, avec la menace du chômage et l'expérience d'une première délocalisation depuis la fermeture de l'usine du Havre à la fin des années 1990. C'est cela qui les pousse en avant, qui les tient, une rage ouvrière qui ne s'en laissera pas compter.
Les camarades veulent maintenir leur emploi, ils veulent des garanties. Et même leur "projet alternatif" (disponible ICI tel que diffusé le 24) à bien regarder, est plus un plan de défense de leur emploi qu'une quelconque alternative imaginaire au capitalisme. La lecture point par point de ces exigences laisse en fait peu de place à la bonne volonté du capitalisme, d'Unilever ou des politiques. Ce que les camarades veulent, c'est du lourd, du concret, pas du baratin. Reste à savoir si c'est "réaliste" ou pas, ou si c'est seulement la mesure des exigences ouvrières.
Les dirigeants de la FNAF et du Front de Gauche apportent un soutien et une popularisation qui compte. Il n'empêche qu'ils s'approprient la lutte au service d'une orientation à tonalité très nationaliste et chauvine, dangereuse pour le mouvement ouvrier.
Même si cela ne plaît pas, cela doit être dit. Ce qui n'empêche pas, bien au contraire, le soutien massif à la lutte des camarades de Fralib, car le combat pour l'emploi, c'est le combat de toute la classe ouvrière !