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3 juin 2025 2 03 /06 /juin /2025 14:13

Mardi 3 juin 2025

La CGT et l’industrie d’armement : contre la guerre impérialiste, révolution sociale !

 

La militarisation de la société voulue par Macron avance à toute vitesse, dans un contexte mondial de plus en plus tendu. La Guerre en Ukraine, le génocide à Gaza, les tensions croissantes dans la zone Indopacifique, la guerre économique mondialisée de plus en plus féroce entre les droits de douane de Trump et les Routes de la Soie de Xi Jinping. Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est le stress est croissant, et que la GUERRE, en général redevient très concrètement d’actualité. Voilà pour le contexte – que tout le monde connaît.

 

La CGT n’est pas à l’aise, c’est le moins qu’on puisse dire.

Le dernier journal aux syndiqués « La Vie Ouvrière – Ensemble » y consacre un dossier et la couverture (voir ci-contre).

On retrouve déjà sur la couverture une évidence, juste : « Le capitalisme porte la guerre », pour reprendre la formule de Jaurès en 1914. Puis deux exigences : alerte sur les droits sociaux, les luttes construisent la paix. Là, on se pince : pour empêcher la guerre et construire la paix, il suffirait de lutter pour les droits sociaux ? S’il est évidemment juste de défendre les droits sociaux durement attaqués, ce n’est pas cela qui va empêcher la guerre ! Le premier syndicaliste venu, le premier militant un minimum au fait de la situation mondiale sait que c’est une blague – enfin, si on ose dire compte tenu du côté tragique du contexte.

 

A l’intérieur, un premier article résume le contexte de la militarisation de l’économie, sans trop se mouiller, en insistant, à juste titre d’ailleurs, sur les conséquences de régression sociale que cela va amener. Sans pinailler, on va dire qu’on peut s’y retrouver, mise à part la fin sur la création d’un pôle public de défense, comme si d’un seul coup cela allait mettre sous contrôle l’impérialisme et la guerre à venir… Bref.

 

Un autre article suit sur l’industrie de l’armement, deux pages embarrassées (voir le scan ci-contre), et confuses sur l’orientation : car voyez-vous, les entreprises d’armement embauchent à tour de bras, et pour un certain nombre d’entreprises, c’est simplement une question de survie : Les Fonderies de Bretagne, Valdunes, Europlasma, Aubert de Duval, et une myriade de petites entreprises sous-traitantes… Et les entreprises « leader » du secteur, Naval Group, Dassault, Safran, Thalès, MBDA, KNDS tournent à plein régime. Un article du journal Le Monde du 20 avril (voir ICI) développe de manière saisissante ce qui se passe dans le Cher autour de la ville de Bourges.

Si certains syndicats CGT s’en félicitent sans trop se poser de questions, c’est le malaise chez certains ouvriers, par exemple à la Fonderie de Bretagne où il y a eu plusieurs démissions, voir le post diffusé largement sur Facebook…

Alors, pour la CGT il y a certes des « ambiguïtés » avec lesquelles il faut savoir « composer », mais pour elle c’est l’emploi qui prime et le combat à mener sur les salaires et les droits sociaux.

 

Rappelons les positions anciennes de la CGT confédérale, largement répandues durant le COVID (voir les deux tracts ci-dessous, Naval Group et FTM du début 2020) : La CGT est pour la « paix », pour une « défense nationale » et une industrie d’armement strictement limitée à la « souveraineté nationale ». Tract Naval Group : « Fabriquer des matériels nécessaires à une Défense nationale non agressive ayant pour objectif de défendre notre territoire et sa population », on y croirait presque. On pouvait aussi y trouver une critique plus ou moins claire des exportations d’armement, comme les Rafale vers l’Inde. Et on pouvait y trouver la revendication de reconversion des industries d’armement vers des productions utiles.

Un pacifisme light, qui faisait néanmoins complètement l’impasse sur la nature de l’impérialisme français et l’impossibilité de séparer capitalisme et guerre, comme disait Jaurès. Mais bon, ce vernis a éclaté aux premières contradictions économiques et sociales…

 

Le fond du problème, c’est que la CGT (confédération et syndicats réunis) a oublié les bases de l’internationalisme et ce qui se cache derrière la formule de Jaurès. Si « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », c’est que nous vivons dans un monde dominé par l’impérialisme, où les grandes puissances IMPERIALISTES se battent pour le partage et le repartage permanent du monde. Où l’industrie d’armement n’est qu’un moyen de cette politique, où ladite « souveraineté nationale » n’est qu’une souveraineté impérialiste de requins en lutte contre d’autres requins. Les hésitations ambigües de la CGT entre un pacifisme de pacotille et la défense de l’industrie d’armement ne recouvrent en tous les cas que le soutien plus ou moins caché et très opportuniste à l’impérialisme français.

 

Alors, on fait quoi ?

C’est la question que se posent les camarades sincères et combatifs, celles et ceux qui ne supportent pas les évolutions mondiales actuelles et leur implication, contre leur gré, dans la fabrication d’armes. On les comprend et on les soutient. Certain.e.s démissionnent, comme aux Fonderies de Bretagne. D’autres dépriment et se taisent. Mais il existe une orientation syndicale de classe, qu’il faut généraliser dans nos syndicats, même si elle paraît très à contre-courant.

1)    Refuser de rentrer dans la logique économique impérialiste, la souveraineté, la défense nationale, la défense de l’emploi industriel capitaliste, exportations ou pas etc. Dénoncer l’industrie de l’armement pour ce qu’elle est, l’instrument de l’impérialisme français pour défendre sa place dans le monde. Ce n’est pas notre monde, nous ne le défendons pas.

Assumer cette position largement et publiquement, dans les réunions de CSE, chaque fois que nécessaire, se démarquer des monopoles impérialistes qui veulent la guerre.

2)    Défendre l’intérêt ouvrier et rien d’autre – en termes d’emploi, de précarité (en particulier avec l’embauche des intérimaires, généralisés sous couvert de « créations d’emplois »), la pénibilité, salaires etc. Les 5x8, le travail de nuit, le WE, ça accélère la rotation du capital, donc sa rentabilité, et ça détruit la santé de l’ouvrier, ça déstructure sa vie de famille et sociale. Comme toujours, des restructurations, des changements ne sont que de nouvelles occasions pour favoriser le capital et renforcer l’exploitation. L’ouvrier n’est pas responsable de la production de l’usine où il travaille, des monopoles impérialistes, il ne travaille que pour sa survie dans une société d’exploitation qu’il combat dans tous les aspects. En particulier, il faut absolument refuser de lier les revendications ouvrières et la production d’armement comme l’a fait de manière honteuse la CGT Dassault lors d’une dernière grève, voir la photo que nous ne commenterons pas plus.

3)    Participer autant que faire se peut aux campagnes de boycott connues sur une base politique correcte (ce qui suppose débat), y compris contre son propre exploiteur. Nous avons en mémoire la campagne pour le boycott d’un transformateur pour le régime de l’Apartheid dans les années 80 à Alsthom qui avait sérieusement perturbé la direction ; ce n’était pas l’armement, mais le même enjeu dans une campagne mondiale contre le régime sud-africain. Et nous avons les exemples récents des camarades de ST Microelectronics à Grenoble, ou des Dockers de Fos qui se sont opposés à la livraison d’armes à Israël (« Arrêtons d’armer Israël, bravo à la CGT ST Microelectronics et aux Dockers de Fos »). Prochainement, il va y avoir le salon du Bourget, illustré par un magnifique Rafale, avec la participation d’Israël, une nouvelle occasion de se positionner contre l’impérialisme français.

4)    Ouvrir la porte et la réflexion à une autre société, où la production sera socialement utile, selon les besoins, où toute l’industrie de l’armement pourra alors être reconvertie pour le bien être des prolétaires. Ce qui suppose, on s’en doute, une révolution sociale d’ampleur, dont il faut tracer le chemin aujourd’hui, mais certainement sans aucune ambiguïté par rapport à l’industrie d’armement ! Socialisme ou barbarie, jamais l’alternative n’a été aussi concrète…

 

Dans ce combat, nous verrons qui sont les amis qui veulent la libération des ouvriers et du peuple, et qui sont ces faux amis, vrais ennemis qui se cachent et défendent l’impérialisme français et ses armes de destruction !

 

Nos mots d’ordre :
•    Non, nous ne défendons pas la souveraineté nationale, souveraineté du capital et de l’impérialisme français !
•    L’intérêt ouvrier, et rien d’autre, partout dans le monde !
•    Boycott des livraisons d’armes à Israël !
•    Pour la paix, révolution sociale pour en finir avec la concurrence capitaliste !

 

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