Samedi 3 mars 2012
Fralib : meeting de soutien le 24 février dernier à Paris, et prochainement les 14 et 15 mars à Toulouse et Agen
520 jours de lutte et les camarades sont toujours là pour défendre leurs emplois et leur outil industriel (voir le blog des camarades de Fralib, ICI).
520 jours de combat, mais aussi de soutien, partout, Fralib, c’est un peu comme Goodyear, le symbole d’une classe ouvrière qui ne se résigne pas à
accepter le sort que le capital leur a promis.
Des meetings ont lieu un peu partout et nous rapportons ci-dessous un compte rendu du meeting qui s’est tenu Vendredi 24 février
à Paris.
Mais pour ce qui est des prochaines dates, elles auront lieu à Toulouse et à Agen les 14 et 15 mars prochain, autour de la
projection du film « Pot de thé contre pot de fer » (également disponible en DVD),
avec la présence du réalisateur et de camarades de Fralib, dans deux contextes différents. Une projection débat organisée par Voie Prolétarienne à Toulouse le 14 mars, et une autre organisée
cette fois par l’Union Locale CGT d’Agen (voir les affiches ci-contre).
Deux contextes différents, mais un même soutien aux camarades de Fralib en lutte.
Le meeting du 24 février à Paris
(on trouvera sur cet autre blog plusieurs vidéos et les
discours des principaux intervenants)
24 février, 9 h 30. La grande salle de la Bourse du Travail de Paris est déjà pleine. Une demi-heure plus tard, elle est bondée,
et 60 à 70 personnes sont debout, derrière. Entre 400 et 500 personnes au total, pour la plupart des travailleurs de l'agro-alimentaire.
Des quatre banderoles qui sont accrochées aux murs,
celle du milieu est un peu originale : « Fralib aux Fralibiens, FNAF-CGT ». Le FNAF, c'est la fédé agro-alimentaire et forestière. « Fralib aux Fralibiens » c’est plus « la terre aux paysans, les
usines aux ouvriers » dans la tête des camarades en lutte, que « la France aux Français » à quoi on pourrait penser au premier abord. C’est bien sur une allusion directe au projet de coopérative
ouvrière qu’ils proposent, projet ambigu par rapport au fonctionnement du capitalisme qu’ils subissent. En fabriquant des produits locaux, en sauvant l’emploi, en réduisant l’échelle des
salaires, en tissant des liens directs avec les producteurs de thé, les camarades imaginent se glisser entre les mailles du capitalisme mondialisé, avec une autre logique que les dividendes aux
actionnaires...
Cette ambigüité, les camarades ne l’ignorent pas, mais ils espèrent pouvoir aller jusqu’au bout des limites du capitalisme. Qui
peut leur reprocher leurs espoirs, leurs aspirations à une autre vie, un autre monde, où la solidarité serait au cœur de la production et non pas la guerre économique ?
Malheureusement, toute l’histoire des coopératives ouvrières depuis le 19ème siècle, toute l’histoire de l’autogestion ouvrière
montre qu’au final, ce sont les règles du jeu du capital qui s’imposent à la volonté des hommes, fut-elle la plus radicale...
Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog, nous renvoyons aux divers articles déjà parus.
Tous les articles sur la lutte des Fralib, ICI
Le premier intervenant, c'est le secrétaire de l'UD-CGT Paris, Patrick Picard. Il a à peine parlé quelques minutes qu'une mêlée de caméras et de micros se forme à la porte d'entrée.
C'est François Hollande qui arrive. Tout le meeting, jusqu'à 13 heures, sera une succession d'intervention syndicales et politiques. Dans l'ordre : après Patrick Picard et François Hollande ;
Rim, salariée de Fralib ; Philippe Poutou, candidat du NPA ; Nathalie Arthaud, candidate de LO ; Mohammed Oussedik, du bureau confédéral CGT ; Gérard, délégué CFE-CGC de Fralib ; Pierre Laurent,
secrétaire du PCF ; Karima Delli, représentante d'Eva Joly et d'EELV ; Omar, délégué de Fralib ; Jean-Luc Mélenchon, Parti de Gauche et Front de Gauche ; Jean-Luc Bindel, secrétaire de la fédé
(FNAF) ; Ludovic, de Delbard Montluçon ; Tayeb, de Continental Nutrition, près d'Avignon ; André Chassaigne, député PCF ; et Olivier Leberquier, CGT Fralib.
Ce meeting ressemble un peu à celui du 24 novembre au métro Varenne à Paris ("Rassemblement de soutien aux Fralib"). Même initiative de la fédé de
l'agro-alimentaire, même mélange de discours syndicaux et politiques. Sauf que là, les intervenants sont plus nombreux, et des deux côtés. Les interventions de Rim, d'Omar, et même celle de
Gérard, de la CGC, reflètent bien la sensibilité de la base.
Côté politique, on n'a pas, cette fois, que le PCF avec sa défense de l'intérêt national et de l'industrie française.
A l'applaudimètre, c'est Mélenchon qui l'emporte, suivi de près par Hollande. Il est le seul à parler de classe ouvrière. Mais
c'est pour la mettre au service de la République (« je parle sous les auspices de Marianne » !). Hollande, lui, est le seul à provoquer une fausse note. Il est pressé car il part pour « soutenir
les hauts-fourneaux ». Est-ce l'évocation de la sidérurgie, ou seulement les applaudissements un peu trop fournis pour le PS au goût de certains ? Un curieux slogan retentit tout-à-coup, repris
par plusieurs dizaines de présents : « Au nom d'Usinor ! ». Un rappel, sans aucun doute, de la liquidation de la quasi totalité de la sidérurgie pendant les années de gauche, avec le PS, les
Verts...et le PCF au gouvernement.
Il y a un peu de « je te tiens par la barbichette » dans ce jeu entre travailleurs et politiciens. Les Fralib ont invité les
candidats à la présidentielle, pour qu'ils les soutiennent et popularisent leur lutte. Mais les politiques, on le sait même si tous ne le disent pas, sont là pour qu'on vote pour eux. Et la
conclusion d'Olivier Leberquier qui représente celle des Fralib, pourtant forte et juste, ne donne peut-être pas la vraie tonalité de ce meeting, quand il dit : « La nécessité du changement de
société est une évidence. Le capitalisme n'est ni humanisable ni réformable. »
Pour nous voilà le cœur de notre soutien à la lutte des Fralib : la volonté déterminée, radicale, sans concession de garder
l’usine et les emplois (et pas de partir avec une prime, plus ou moins élevée), en lien avec la volonté affichée d’un changement radical de la société. Même si nous n’avons pas la même idée de ce
changement, c'est sur, même si nous n’avons aucune illusion sur un "autre" capitalisme, coopératif par exemple, même si nous ne croyons pas vraiment aux travaux, aussi techniques soient-ils, des
meilleurs experts comptables syndicaux. On pourrait donc réduire le problème de la crise du capitalisme mondialisé à une simple mauvaise gestion comptable ?
Pour les autres participants au meeting, la tonalité générale est plutôt exprimée par André Chassaigne (PCF) : « Les premières
lois que nous ferons : interdire les licenciements boursiers, donner plus de droits aux organisations syndicales... Vous ne pouvez pas seuls, nous ne pouvons pas seuls, mais nous pouvons tous
ensemble ». « Tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais ! ».
D’ailleurs pas de fausse note avec les candidats Poutou, Artaud ou Mélenchon, tous ils ne disent pas autre chose. Et les
responsables CGT présents chantent la même musique...
Un tous ensemble à la tonalité bizarre : l'union des luttes sociales et de l’action parlementaire, l'alliance des travailleurs,
victimes du capitalisme, et du parlement qui organise son fonctionnement... Décidemment il y a encore du chemin à faire pour sortir du réformisme politique et syndical...