Dossiers

14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 06:29

Mardi 14 septembre 2010

Retraites : alors, on fait quoi maintenant ?

 

Voilà un débat intéressant qui se déroule sur ce blog, par commentaires interposés.

Débat qui n'a pas de réponse évidente, mais qui mérite d'être posé en tant que tel, car c'est la question qui agite et perturbe tous les camarades qui savent que les directions nous mènent à l'impasse et à l'échec, que ce sont des "ennemis qui se cachent", comme nous disons de notre côté.

 

Faisons le point, ou du moins, essayons d'y voir clair.

 

1.jpgIl faut des mots d'ordre ouvriers, qui nous défendent réellement. C'est vrai, revendiquer par exemple 37,5 ans de cotisations ne concerne qu'une minorité d'ouvriers. Nous avons proposé la retraite à 55 ans, sans aucune condition de trimestre accompagné d'autres mots d'ordre sur la pénibilité, le montant des pensions - dont un plafonnement.

55 ans ? Parce que c'est l'âge où le capital nous jette hors de la production, parce que nous ne sommes plus "rentables" pour l'exploitation. Sans condition de trimestre, car nous n'avons pas à rentrer dans le système de gestion, financier, plus ou  moins de ci ou de ça, nous voulons que toutes et tous, avec ou sans papiers, hommes ou femmes, quelles que soient les situations ou les cas particuliers puissent en bénéficier.

Nous définissons nos exigences, non pas par rapport au fonctionnement du capital, mais par rapport à nos besoins, dans le contexte actuel.

 

2.jpgFaut-il se battre pour la "grève générale" ? C'est le socle des secteurs combatifs, le point minimum de retrouvailles de celles et ceux qui prétendent radicaliser la lutte. Un projet d'appel en ce sens regroupant des syndicats SUD et CGT circule largement ces jours ci, ou encore la déclaration des camarades de Philips à Dreux.

Personne n'est bien sur contre la grève générale. La question c'est pour quoi faire, pour quel contenu. Quand il n'y a pas de revendication claire, pas d'appréciation de l'attitude des directions syndicales, c'est qu'on leur laisse le champ libre, au final.

C'est encore la vieille illusion de croire que l'on peut déborder les réformistes par la lutte, et qui fait chaque fois long feu... Que reste-t-il de la mobilisation autour du CPE ? De la manifestation ouvrière exceptionnelle à la Bourse le 17 septembre dernier ? Ca a été tellement facilement récupéré...

L'affaire prend de l'ampleur, parce que tout le monde en a tellement ras le bol de prendre des coups du gouvernement Sarkozy/Parisot, que rien que l'idée de le faire plier est attirante, d'une certaine manière quel qu'en soit le contenu.

 

Mais ne soyons pas dupes. Quand nous disons qu'il faut que nous gagnions notre indépendance, c'est qu'il faut que nous soyons capables de construire un projet, et un réseau organisé solide par nous mêmes, sans que nous soyons à la remorque de ceux qui nous entraînent à notre perte. Faute de quoi, la grève générale sera sans lendemain.

 

3.jpgSommes-nous "impuissants", et comment apprécier l'attitude des camarades de Goodyear ?

La question est compliquée, et nous nous garderons bien d'une réponse péremptoire. Car, comme l'a fait remarquer un commentaire, nos forces sont faibles, et nous mêmes, sur ce blog pourtant très largement connu, lu et commenté, nous avons été incapables de construire, d'organiser (nous l'avons dit à plusieurs reprises). "Combien de divisions ?" Et bien pour l'instant, zéro.

C'est le constat.Mais ce n'est pas l'impuissance.

Par contre, il existe des camarades éparpillés, le plus souvent individuellement, parfois des petites équipes syndicales, rarement plus. Des camarades qui s'interrogent, qui cherchent à comprendre dans la confusion ambiante, qui ne se satisfont pas des réponses toutes faites ("défense des 60 ans, retour aux 37,5 ans", par exemple). Des camarades qui viennent visiter ce blog. Elles et ils sont isolé(e)s, dispersé(e)s, et notre objectif (peut-être illusoire) est d'avancer pour les regrouper, de tracer des perspectives.

Dans ce cadre, les secteurs les plus avancés de la classe ouvrière sont forcément des moteurs. C'est le cas des camarades de Goodyear, quand ils ont proposé en juin dernier de bloquer les centres de production. C'était une excellente initiative, qui d'ailleurs a été largement relayée. Mais si elle n'a pas débouché avant l'été (selon nous, et sans aucune leçon à donner de notre part) ce n'est pas une raison pour ne pas poursuivre en ce sens, non pas pour convaincre Bernard Thibault (c'était à lui que les camarades de Goodyear s'adressaient, et il s'en contrefiche évidemment) mais pour convaincre les secteurs les plus combatifs, en toute indépendance - justement ! La question de la rupture avec le réformisme syndical est toujours à l'ordre du jour.

Nous attendons donc, nous espérons qu'un secteur ouvrier viendra tirer en avant le mouvement gréviste dans la bonne direction !

 

Pour autant, un autre lecteur retournait la balle : "Mais nous aussi ne sommes-nous pas impuissants ?". Pas faux car nos capacités d'interventions (à nous tous !) sont faibles, et il ne sert à rien de se cacher derrière son petit doigt.

La réponse (pour ce qui est du  mouvement gréviste en cours) est bien dans les AG interprofessionnelles de grévistes, rappelées par un autre lecteur, pour leur donner une orientation et une direction ouvrière, partout où c'est possible, dans le travail d'explication dans nos syndicats, dans toutes les initiatives que nous sommes capables de prendre pour construire notre indépendance de classe.

Sachant qu'à l'heure où nous écrivons, il n'y a d'exemple que d'assemblées d'enseignants...

Nous verrons ce qu'il en sera dans les jours à venir, mais c'est bien la voie à suivre dès à présent dans nos syndicats et il faut tout faire pour impulser de telles assemblées. Nous invitons tous nos lecteurs à intervenir dans le même sens.

 

4.jpgEnfin, d'autres commentaires soulignent l'enjeu de la clarification politique pour déboucher au niveau de la lutte des classes. Nous sommes d'accord, d'ailleurs les animateurs de ce blog sont eux-mêmes des militants politiques dont l'activité ne se limite évidemment pas au syndicalisme. Mais ce blog a une limite, celui du débat sur le terrain syndical et de ses enjeux politiques directs.

Il y a d'autres lieux, forums, sites etc. pour des débats plus au fond, d'orientation, théoriques, historiques ou généraux pour celles et ceux qui le souhaitent, qui nous intéressent ou non. Pour ce qui est de ce blog, nous avons été, sommes et serons attentifs à rester dans le cadre que nous avons fixé, cadre qui n'est d'ailleurs pas en débat. Libre à chacun(e) d'ouvrir un autre lieu de débat si celui-ci ne plait pas ou semble trop étriqué.

C'est également parce que nos lecteurs (200 à 300 visites par jour, en ce moment), pour l'essentiel sont justement ces militants syndicalistes qui s'interrogent, et sont encore loin des enjeux politiques fondamentaux des questions syndicales que nous voulons limiter le cadre du débat.

Car l'objectif de ce blog est de décrypter l'actualité et les enjeux syndicaux, pour permettre à toutes et tous d'avancer au delà de la lutte immédiate et justement de sortir de la confusion politique actuelle.

Partager cet article