Jeudi 9 septembre 2010
Pour les retraites comme avec les sans-papiers, les syndicalistes de classe doivent gagner leur indépendance !
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Ce sera donc "interpellation des élus" le 15 [sic !] et nouvelle journée nationale le 23.
Bon, pas pressé, on est comme en 2009. Car après le succès de la journée de mardi, la situation était bien mûre pour entraîner les hésitants, celles et ceux qui ne sont pas sortis dans le doute, mais convaincus aujourd'hui dans les ateliers et les bureaux qu'il fallait y aller. Le 23, ça fait loin, la pression va retomber, mais pouvait-on attendre autre chose de syndicats dont l'objectif est de convaincre Sarkozy/Parisot qu'on peut faire autrement ?
Il ne faut pas rêver.
Alors, dans cet entre-deux, poursuivons le débat.
- La première chose dont il faut dire un mot, c'est de la consultation interne à la CGT. Franchement, c'était du jamais vu, un déluge d'appels, de mails pour faire remonter le bilan de la journée, détails et chiffres à l'appui, délais précis bien calés. C'était encore en cours que la nouvelle du 23 tombait sur les radios ! De là à se dire qu'on se moque de nous, il n'y a pas loin ! Aujourd'hui encore jeudi, la consultation se poursuit dans les UD et les Fédés, réunions extraordinaires de CE partout, mais pour quoi faire ? Pour faire passer la pilule ?
- Que peut-on attendre de "l'unité syndicale" ? Nous sommes tous confrontés au paradoxe : autour de nous les travailleurs réclament l'unité, mais celle qui est proposé n'est qu'au rabais, au minimum acceptable par tous, donc l'unité bisounours... Celle qui fait plaisir à la CFDT et aux autres, celle qui ne mange pas de pain, celle qui est raisonnable et responsable face au gouvernement.
C'est inéluctable. Et tous les discours ronflants n'y feront rien, c'est la prison assurée. On a ainsi vu les camarades de SUD, qui se présentent volontiers comme radicaux, totalement intégrés à la logique consensuelle et réformiste dans ce petit jeu des journées d'action [et cela depuis 2009...] comme dans le mouvement des sans-papiers.Aujourd'hui, ils ont réservé leur signature pour le 23, mais quelle perspective ont-ils ?
- A propos des retraites, comme en 2009 autour des licenciements dans l'industrie, nous sommes confrontés au même problème que nos camarades sans-papiers : nous (nous parlons des travailleurs en général, pas des militants les plus lucides) n'imaginons l'avenir de la lutte que sous couvert des syndicat. Ceux-ci nous entraînent à l'impasse et à l'échec, ce qui est écrit d'avance, et là nous découvrons que n'avons plus que nos yeux pour pleurer.
La question qui se pose dans la lutte des classes est celle de savoir ce que nous voulons, nous les prolétaires, sur quoi nous voulons nous battre, et les moyens que nous nous donnons pour y parvenir. En toute INDEPENDANCE de ceux dont nous savons qu'ils ne feront que concilier avec le gouvernement et nos exploiteurs.
Les directions syndicales ne cherchent pas l'affrontement avec le capital, pour défendre nos intérêts d'ouvriers, d'exploités. Ils cherchent un arrangement, en bonne entente : "pour une réforme juste" titre désormais la CGT, comme si la justice était de ce monde !
Il ne sert à rien de pleurnicher éternellement sur le manque de courage, de détermination des directions syndicales, ce n'est pas de la mollesse, c'est leur conception de l'action syndicale qui accepte le capitalisme et cherche à aménager l'exploitation - c'est le syndicalisme d'accompagnement. Non, ça ne sert à rien, on connaît bien.
Il vaudrait bien mieux que les plus lucides des syndicalistes de classe prennnent leurs affaires en main, construisent un projet, se regroupent, pour avancer en alternative, même si dans un premier temps c'est limité.
En ce sens, l'essentiel n'est pas tant de savoir si on "participe ou pas" aux journées d'action, c'est de savoir ce qu'on y fait. Quand les camarades de Goodyear refusent de participer à la journée du 7 au prétexte du caractère bidon des journées à répétition, ils ont raison dans l'analyse immédiate, mais sont réduits à l'impuissance faute d'alternative, et donc à laisser le champ libre aux réformistes qu'ils dénoncent justement ! Ce qui renvoie d'ailleurs à leur silence lors du 49ème Congrès.
- Mais gagner cette indépendance de classe (dans les mots d'ordre comme dans l'organisation) n'est pas gagné, et suppose un certain niveau de clarté politique. Quand on constate qu'une frange importante des opposants dans la CGT (Lutte Ouvrière, NPA, POI) refuse de construire cette indépendance pour imaginer pousser au cul et déborder la direction confédérale, on constate qu'il y a encore du chemin à faire, et cette fois au plan politique. Ces camarades considèrent que nous avons en face de nous des "amis qui se trompent"; nous disons au contraire que ce sont "des ennemis qui se cachent", et c'est bien une divergence de fond sur laquelle il faut avancer.
Car on n'avancera pas dans la construction du syndicalisme de classe, si on ne se débarrasse pas de la confusion politique. Et on retombe exactement alors sur le sens de ce blog, à la charnière entre blog syndical, et blog animé par des camarades engagés politiquement...