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29 novembre 2019 5 29 /11 /novembre /2019 12:36

Vendredi 29 novembre 2019

A nouveau contre Macron et son monde : contre la pénibilité, défendons nos retraites !

 

Après des semaines de préparation, la grève du 5 décembre se rapproche avec une hypothèse de plus en plus forte de blocage du pays. On ne parle plus du 5 seulement, on admet que ça ira jusqu’au 8, et que la suite est déjà brûlante. Les AGs préparatoires se multiplient un peu partout, intersyndicales, multiprofessionnelles, pour informer, motiver, organiser le mouvement de grève.

Le résultat de ce travail préparatoire sur la durée est là : on sent un ancrage, un frémissement réel, un soutien large. Reste maintenant à gagner face à Macron qui a affiché son mépris, et là c’est l’avenir qui le dira. Après les échecs contre la loi El Khomri et la loi Travail, puis la réforme de la SNCF, il était nécessaire de regrouper les forces et de bien se préparer.

 

Pour mémoire, les articles de ce blog sur les mouvements précédents autour des retraites :
       2007                2010                2013

Dans l’immédiat, ce qui compte c’est de clarifier ce que nous voulons et quels sont nos objectifs.

 

Sur les retraites, ce qu’on veut.

Dans rentrer dans tous les détails techniques, la réforme Delevoye (texte complet disponible ICI) est claire - voir en bas d'article : on va partir plus tard et avec moins. C’est d’ailleurs l’objectif affiché du gouvernement, pour des raisons essentiellement de coût et ça a été très bien expliqué par tout le monde.

Les principaux touché-e-s seront comme d’habitude les femmes, les précaires, les carrières incomplètes, et en plus cette fois tous les petits et moyens salaires de la fonction publique qui perdront du fait du changement du mode de calcul.

C’est une « réforme » de classe, qui fait une nouvelle fois payer aux prolétaires les problèmes du capitalisme.

 

Nous, nos revendications sont finalement assez simples, et pas assez affichées en tant que telles :

  • Nous voulons partir plus tôt. 60 ans, 55 ans pour les travaux pénibles.
  • Nous voulons partir avec plus, mais en finir avec les retraites dorées. Par exemple minimum à 1500€, maximum à 4500€ déjà c’est pas mal !
  • Nous voulons l’égalité face à la retraite, pour les femmes, tous les précaires, les sans-papiers et tous les cas particuliers, c’est-à-dire des droits automatiques à l’âge officiel, sans aucune décote.

Quels que soient les détails et les modalités techniques ou comptables, c’est à ça qu’on doit aboutir.

 

Pourquoi ces revendications ? Parce que le travail capitaliste détruit le corps et l’esprit, quand il ne tue pas dans les accidents du travail, les maladies professionnelles ou les suicides. Parce que l’exploitation est de plus en plus féroce dans la guerre économique mondialisée, nous la subissons et que nous n’en pouvons plus de fatigue et de souffrance. Parce que nous refusons d’être la chair à patron « métro, boulot, marmots, caveau ». La retraite, c’est la contrepartie de la pénibilité dans une société de classe.

D’ailleurs, la majorité des travailleurs cesse l’activité professionnelle avant l’âge légal, la faute au chômage, à l’invalidité, à la fatigue insupportable (voir le tableau). On vit peut-être plus longtemps, mais on est bien amochés par le travail.

Pour nous, les ouvrier-e-s, les prolétaires, les exploité-e-s, les choses sont aussi claires que pour Macron et Delevoye de leur côté : notre combat, c’est contre le capitalisme, sa pénibilité, contre l’exploitation, contre ce monde qui n’est pas le nôtre et que nous combattons.

 

La pénibilité

Nous l’avons dit. La retraite c’est la contrepartie de la pénibilité dans une société de classe.

C’est d’ailleurs explicite pour les régimes spéciaux (jusqu’à celui de la police, rassurez-vous, son régime est maintenu…) : les cheminots, SNCF ou RATP, acceptaient un petit salaire, un travail dur, posté, de nuit et de week-end, parfois loin de chez soi, avec en échange le droit de partir plus tôt. Idem pour les égoutiers qui partent à 50 ans, bien bouffés par le travail souterrain, les efforts physiques et les multiples toxiques ingurgités lors de leur travail.

Tous les articles de ce blog sur la pénibilité et la souffrance au travail, ICI.
On y retrouvera en particulier nos revendications sur une reconnaissance collective (et pas individuelle) de la pénibilité par métiers et par entreprises, ainsi que l’exigence d’un « Tiers Temps pénibilité », à l’instar de ce qui existe pour la pré-retraite amiante.

Or personne n’en parle, dans aucune plateforme, alors que ce devrait être au cœur de la mobilisation, et que c’est précisément le facteur d’unité entre tou-te-s. Macron ne veut pas en entendre parler, après Hollande et Sarkozy il s’est employé à liquider le compte pénibilité qui était déjà minable (lire « La pénibilité, Macron et la CGT »).

La CGT a abandonné ce combat, et reprend les insupportables termes macroniens de Qualité de Vie au Travail. On retrouve parfois une référence floue sans aucune précision, et même la fiche ultra-confidentielle de la confédération sur le sujet a disparu du site officiel.

Dans son communiqué du 5 septembre (ci-contre) affirmant « qu’une autre réforme est possible » en matière de retraites, la CGT insiste avant tout sur les enjeux de financement, parle de l’égalité salariale pour les femmes (mais pas un mot sur la précarité et le temps partiel…), la prise en compte des années d’étude pour les jeunes (ça c’est bien), le « droit » de travailler jusqu’à 60 ans (lol ! Ca veut dire quoi ???) et juste un mot sur la pénibilité sans aucune précision (voir aussi le 4 pages de mobilisation confédéral). Mot qui disparaîtra même d’ailleurs dans le communiqué du 25 novembre acceptant de rencontrer Macron.

 

Financement et modalités techniques

Alors là, on risque de choquer une partie de nos lecteurs. Nous nous en excusons, mais demandons de faire l’effort de continuer la lecture.

Nous, points ou pas points, déficit ou pas, rapport du COR ou pas, équilibre ou pas, on s’en fout.
Ce qu’on veut, au final, c’est nos revendications rappelées plus haut.

 

Ce débat raisonnable, comptable, il est pourri, c’est celui de la cogestion et du paritarisme.

Comme si dans une société d’exploitation où bourgeois et prolétaires s’affrontent en permanence, il était possible d’arriver à une sorte de consensus raisonné technique sur la meilleure méthode de gérer les retraites. Alors bien sûr en poussant un peu pour le rapport de force, mais en imaginant trouver une autre gestion possible de la réforme des retraites – c’est exactement ce que dit la CGT, engluée jusqu’au cou dans tous les organes de gestion paritaires.

Nous ce n’est pas notre débat. Ce que nous avons bien compris, c’est que ça va se dégrader encore une fois, que l’exploitation capitaliste en veut toujours plus. Et ça pas question : alors, ils se débrouillent comme ils veulent, mais nous c’est nos intérêts et rien d’autre ! Est-ce qu’on nous demande notre avis sur le budget de l’armée et les interventions au Mali ou ailleurs qui coûtent des milliards d’euros ? Non.

 

Enfin, pour ce qui est des modalités techniques, points ou pas, unification des régimes ou pas etc.

Nous sommes pour l’unification, si elle est générale, ne souffre pas d’exception (comme celle annoncée pour la police), et débouche au final sur nos revendications rappelées plus haut.

Nous sommes contre la capitalisation et les fonds de pension, quelles qu’en soient les formes, comme ce qui existe déjà pour les fonctionnaires. Car la capitalisation c’est l’intégration encore plus poussée (même si c’est déjà le cas, même avec la répartition) à la logique infernale de l’impérialisme mondialisé et financiarisé.

Et nous sommes absolument contre le paritarisme qui corrompt les organisations syndicales en les emprisonnant dans le filet de la cogestion capitaliste…

 

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