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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 14:57

Dimanche 14 novembre 2010

Retraites : l'heure est au bilan

 

La pression retombe après les semaines de mobilisation, les piquets le matin à l'aube, les manifestations à piétiner en attendant de pouvoir (enfin !) commencer à défiler.

En ce moment, on souffle. Et quelque part, c'est normal, on n'est pas des super héros.

 

On souffle, parce que la période a changé. Ce vendredi 29 octobre, la donne a changé. Avec la reprise des raffineries, des ports et des transports, tout le monde a bien vu qu'avec la fin de la séquence parlementaire, c'était cuit, vue l'orientation choisie par l'intersyndicale (CGT en tête). Aujourd'hui, Thibault peut se gargariser dans l'Humanité que "la CGT ira jusqu'au bout !", ça fait sourire. Et quand on voit les propositions pour le 23 novembre, par exemple celle de l'UD 75 d'un rassemblement à l'heure du repas à la Bourse des valeurs, c'est pathétique... Après le blocage des raffineries, après les millions de personnes dans les rues, on imagine quoi ? Certainement pas un rassemblement fameux au même endroit comme l'an dernier !

 

Alors aujourd'hui, beaucoup parmi les plus combatifs ont du mal à le digérer. Un lecteur nous interpelle : "quelque part, vous êtes insultants par rapport à ceux qui veulent continuer". Mais nous l'avons dit, le propre des révolutionnaires c'est d'être lucides et réalistes. Et de construire, en matérialistes, une alternative politique concrète à une situation concrète. Il ne sert plus à rien de rêver à la grève générale, le conflit est maintenant passé. On a beau réunir une AG à Tours le 6 novembre pour tenter de redonner du souffle au mouvement, ça n'a plus de sens. Bien sur, "l'heure n'est pas à la résignation" comme l'écrivent les participants... mais elle n'est pas non plus à la fuite en avant !

 

Politis propose un référendum, mais quel sens cela peut-il avoir après l'échec d'un mouvement gréviste ? Comme si une initiative institutionnelle pouvait faire céder le gouvernement, alors que la grève et la rue réunis n'y ont pas réussi... Vous avez déjà oublié le NON au référendum constitutionnel et ce qui a suivi ???

 

D'autres (en Charentes Maritime (17), ou à Saint-Egrève (38)) tentent de rédiger des motions, vers la confédération par exemple, pour exiger une grève générale. Mais nous n'avons pas réussi à partir en grève générale à chaud, au coeur du mouvement, comment cela pourrait-il être d'actualité aujourd'hui ?

 

D'autres enfin tentent de rebondir pour regrouper les opposants, sur un contenu syndical de classe, un peu à l'image de ce à quoi nous avions participé en 2007 et 2008. Ils proposent aujourd'hui un projet de plateforme, qui n'est pas sans intérêt et ressemble à celle élaborée à l'époque. Du moins, y aurait-il là un document de travail qui pourrait servir de support au débat.

Le problème, c'est que les camarades n'ont pas compris l'échec de toutes les tentatives précédentes de regroupement de cet ordre : actuellement, la confusion sur le terrain politique empêche tout regroupement au plan syndical. D'ailleurs, on n'a pu que constater (et regretter) l'absence complète de la dite "opposition syndicale" dans la CGT du mouvement sur les retraites, hormis un épisode peu glorieux autour d'une pétition d'abord consistante, puis présentée subrepticement en version light face à l'échec de la première tentative (sans même demander l'avis des signataires - trop fort !).

 

Voilà l'état des lieux.

Pour notre part, nous considérons que l'heure n'est plus à courir d'un blocage à une manifestation, d'une pétition à l'autre, mais à faire le bilan. A comprendre, collectivement, dans nos syndicats, ce que nous avons réussi, ce que nous avons appris, et pourquoi nous avons perdu. A préparer l'avenir.

Car, comme le dit l'appel de Tours, l'heure n'est pas à la résignation. Mais l'heure n'est pas non plus à attendre 2012. L'heure est à comprendre, à avancer politiquement, à savoir qui sont nos amis et qui sont nos ennemis, ce que nous pouvons attendre de l'avenir, quelle alternative nous avons.

Nous travaillons actuellement à ce bilan - et bien sûr sommes plus qu'intéressés à avoir les éléments de réflexion des uns et de autres !

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