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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 08:13

Jeudi 5 septembre 2013

Après 2010, 2013 : Hollande dans la foulée de Sarkozy sur les retraites

 

Tous les articles sur la réforme Sarkozy/Fillon de 2010, ICI

Et un article de base : "Retraites,  penser plus loin que le bout de son nez"

 

Nouvelle attaque dans la droite ligne de la réforme Sarkozy/Fillon.
La recette est désormais bien rôdée :

  • Augmentation du nombre de trimestres, sachant que de toutes les façons plus personne n’y arrivera et que ce sera en fait des décotes sur les pensions.
  • Petites mesures, en jurant croix de bois croix de fer que cette fois c’est bon, en sachant très bien que dans trois ans on recommence : les prévisions du gouvernement tablent sur un chômage à 4,5% en 2020, une grosse plaisanterie, on le sait bien.
  • Hausse des cotisations sociales, et cadeaux aux patrons… Et bientôt hausse des impôts indirects (CSG) pour compenser les allégements patronaux sur la politique familiale ?

Comme le dit, à juste titre, Thierry Lepaon, « il y en aura pour tout le monde ».
Le gouvernement fait feu de tout bois, tout en assurant de ses bonnes intentions… La méthode de la « concertation sociale » fait des ravages en désarmant la colère ! En 2012 on a eu la première Conférence Sociale et ça a débouché sur l’ANI, en 2013 on a eu la deuxième Conférence Sociale qui débouche sur cette nouvelle réforme des retraites, on sait déjà ce qui nous attend en 2014 !

La Confédération joue un double jeu.

D’un côté, mobilisation générale en ce moment, masse de documents, 4 pages, diaporama (voir ci-contre),  pas mal de dénonciations justes, un ton offensif pour les militants. Mais la perspective, c’est seulement rouler les mécaniques face aux télévisions et lors des meetings puis le 10 septembre. Pour après, à coup sûr on va nous rejouer la panoplie de l’ANI, journées d’action pour le projet de loi, puis lors des examens lors des sessions de l’Assemblée et du Sénat, bref de l'institutionnel pur jus. Aucune perspective de mobilisation sérieuse, à tel point que Lepaon a jugé utile de confirmer que « la journée de mobilisation du 10 septembre était maintenue » !

 

(Thierry Lepaon à France Inter le 28 aout)

 

Et d’un autre côté la conciliation face au gouvernement, la dernière lettre de Thierry Lepaon à JM Ayrault, le 27 août dernier à l’issue d’une rencontre officielle fait presque peur (voir ci-dessous) : pas un mot sur la hausse des trimestres nécessaires, surtout aucune revendication précise et chiffrée (« rétablir l’âge d’ouverture des droits à 60 ans »…), acceptation du compte individuel épargne pénibilité, et affirmation qu’il y a malgré tout des avancées… Et dans les meetings et rencontres tant à Nantes qu’à Marseille, les discours du nouveau secrétaire général ont été carrément « mollassons » et peu mobilisateurs…

Lettre-ouverte-de-Thierry-Lepaon-au-Premier-ministre.jpgAu final, tout est posé dans le cadre d’une discussion avec le gouvernement qui serait seulement un peu « sourd de l’oreille gauche » (Lepaon à Nantes…) et trop sensible de l’oreille droite, celle du MEDEF !

Au fond, la Confédération sait très bien que ce n’est pas fini, que d’autres « réformes » sont à venir. C’est pour cela qu’elle élargit le débat à salaires et emploi, avec l’idée simpliste que si on augmente les salaires et qu’on embauche, et bien on règle le problème du financement de la protection sociale.
Remarquez, dit comme ça, c’est pas faux : au final c’est vrai quoi, il suffirait d’une « meilleure répartition des richesses » pour améliorer nos conditions de vie et de travail. On se demande pourquoi on n’y a pas pensé plus tôt !


Le problème c’est que si les patrons multiplient attaques après attaques, réduisent les salaires, augmentent les cadences, développent la précarité sans limite (les contrats dits « 0 heures en Grande Bretagne…), se débarrassent des anciens qui ne sont plus assez productifs, restructurent vague après vague, d’un pays à l’autre, ce n’est pas parce qu’ils sont particulièrement méchants ou pervers. C’est parce qu’ils sont poussés par la concurrence, et qu’il faut sans cesse augmenter le taux de profit, la rentabilité du capital investi. Et si les bagnoles ça ne rapporte plus assez, on va investir dans les maisons de retraite pour finir de saigner les ouvriers qu’on a essorés ! C’est ce que fait PSA aujourd’hui... Et si c'est moins cher en Pologne ou au Bangladesh, et bien on ferme ici…

Pour nos dirigeants syndicaux, la crise du capitalisme n’existe pas, ce n’est qu’un « prétexte », ils ne savent même pas ce qu’est la guerre économique mondialisée et la concurrence. Ils parlent croissance, comme les bourgeois, et sa relance par la consommation. Comme si la croissance était un critère de progrès social ! Et quand bien même, comme si c'était possible dans un monde économique mondialisé ! Ils sont tellement aveuglés par la certitude qu'on peut réformer le système qu'ils n’imaginent comme avenir qu’un capitalisme humain et durable, cool, quoi. Où les ouvriers seraient toujours exploités mais où ils pourraient négocier la couleur de nos chaînes…

Mais en élargissant la question de la protection sociale (et des retraites) à celle de l’emploi et aux salaires, la Confédération pose bien (pour le coup !) la question politique, celle du gouvernement. C’est bien « toute la société qu’il faut changer ».
Quand on scandait cela en 2010, beaucoup parmi nous attendaient la revanche des élections et le changement de gouvernement. Plus dure sera la chute, la désillusion est là.

Mais si aujourd’hui on élargit la question des retraites à toute la société, ce n’est pas faux, c’est bien toujours une question politique. Mais là, il faut être clair face à Hollande : ce n’est pas un ami qui se trompe, trop mou, sourd de l’oreille gauche,  mais un ennemi qui se cache pour mieux nous éreinter. Alors c’est l’offensive politique contre le gouvernement Hollande qu’il faut développer, pour un autre monde, pour une autre société ! Mais de cela, il est bien évident que nos dirigeants ne veulent  pas en entendre parler, un gouvernement « de gauche », vous n’y pensez pas !

C’est pour cela que nous nous battrons pour :

 

La retraite à 55 ans, sans conditions de trimestres

et 50 ans pour les travaux pénibles !
La pension à 75% du salaire précédent, 1700 € mini, 3500 € maxi !

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