Dimanche 29 août 2010
Retraites : les quatre enjeux de la rentrée
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Nous arrivons à l'échéance, et ça brasse. Malgré tous les dérivatifs sécuritaires, malgré l'affaire Woerth-Bettencourt, la défense des retraites va revenir au premier plan, et durablement. L'inquiétude est forte, partout on en a discuté, même pendant les vacances.
Mardi prochain, nous serons dans la rue, et avant de nous lancer dans l'action, prenons le temps de faire le point.
Le premier enjeu est de réussir la mobilisation du 7 septembre, parce qu'il est sur que si c'est médiocre, et même seulement mal réussi, il n'y aura pas de suite. Mardi 7, il faut organiser partout des participations massives, il faut une mobilisation exceptionnelle, à la hauteur de l'attaque. Durant l'été, de nombreuses structures (UL, syndicats), ont continué le travail d'explications, il faut maintenant que cela se concrétise sur le terrain.
Alors partout, nous devons mobiliser, assurer le succès des manifestations et des grèves.L'objectif n'est pas seulement de se montrer face aux médias et à l'opinion, de faire le "chiffre" le plus important possible, comme le propose maintenant la Confédération, l'enjeu est de développer le mouvement gréviste : pas de RTT, des débrayages, des grèves, des blocages, pour affirmer le rapport de forces face au patronat et au gouvernement ! Pour exprimer un rejet, bien sur, mais en positif, une détermination et la volonté d'aboutir.
Mardi 7, il faut que nous soyons des millions dans la rue, des millions en grève pour défendre nos intérêts d'ouvriers, de prolétaires exploités et usés par l'exploitation qu'on nous impose.
Le deuxième enjeu qui se discute en ce moment, c'est le retrait pur et simple du projet, ou la discussion d'une réforme. On sait que la direction confédérale s'oppose ouvertement à la revendication du retrait pur et simple du projet gouvernemental : "Nous avons toujours dit qu’une réforme était nécessaire pour assurer la pérennité de nos régimes de retraite" explique encore une fois Eric Aubin dans le mensuel de rentrée (voir ci-contre), et on a entendu plusieurs fois cet été Bernard Thibault s'opposer ouvertement à FO qui revendique le retrait du projet.
Notre direction confédérale se situe complètement dans le cadre d'une discussion (certes conflictuelle) avec le gouvernement, qui pourrait déboucher sur un "bon" projet si on s'en donnait les moyens. Nous militants syndicaux de classe considérons qu'il s'agit d'une attaque centrale qui s'inscrit dans la guerre économique mondiale et l'amélioration de la compétitivité de l'impérialisme français : ce n'est bien sur pas dans un tel cadre qu'on va pouvoir sortir des améliorations au sort des travailleurs !!!
Aujourd'hui, de nombreux syndicats et structures s'expriment ouvertement (comme l'exemple des cheminots Paris Saint-Lazare et beaucoup d'autres) pour le retrait du projet - contre l'avis de la direction confédérale, donc - ou de manière plus indirecte comme l'Union Régionale Ile de France qui titre en gros "Le projet Woerth - Sarkozy - Parisot doit être abandonné !"
Les syndicalistes de classe se battent bien sur pour le retrait pur et simple du projet - rien à garder, tout à jeter ! Cela dit, c'est un enjeu réel, mais limité, car cela ne répond pas à la question centrale : "Sur quoi se bat-on ? Pour quelles revendications pour le camp des travailleurs ? Seulement pour le statu quo ?". Certainement pas, de notre point de vue, et il faut en parallèle avancer des revendications simple et mobilisatrices, c'est ce qui nous manque cruellement.
Le troisième enjeu de cette rentrée, ce sont les revendications avancées. Le communiqué commun appelant au 7, comme les positions confédérales n'avancent comme revendication précise (donc mobilisatrice), que la défense de la retraite à 60 ans. Bernard Thibault, dans son passage sur RTL le 27 (voir la vidéo ci-dessous) n'avance aucun autre objectif précis. Pour la direction confédérale et les autres syndicats, il s'agit de se mobiliser le plus possible le 7, en restant le plus flou possible pour les revendications, ce qui permet (on est habitués... hélas) de présenter toute virgule modifiée comme une grande victoire.
[Mise à jour 30 août] Dans "Le Parisien" de ce jour, Thibault ressert exactement le même discours, avec exactement les mêmes limites...
alors, dire qu'il hausse le ton !
La CGT a des propositions, ne cesse de répéter la Confédération, par exemple dans le mensuel Ensemble (voir ci-dessus). On aimerait des revendications précises sur la pénibilité, la durée de cotisations, le niveau des pensions (le "taux plein", c'est quoi ??? - NdlR : on n'est pas des crétins, on sait bien ce que ça veut dire, non, ça veut dire quelles pensions, quel mini, quel maxi etc.)
Enfin, le quatrième enjeu de cette rentrée, c'est d'avancer sur la pénibilité. Sarkozy comme la direction confédérale en restent à de vagues formules sans aucun contenu, et qui se valent bien !
- Sarkozy (sur le site de l'Elysée) : "Comme le Président de la République le lui avait demandé, M. Eric WOERTH lui a fait part de ses échanges avec les partenaires sociaux et a présenté l'état d'avancement de ses travaux pour notamment une meilleure prise en compte de la pénibilité."
- La direction de la CGT (cf mensuel ensemble) : "en permettant aux salariés ayant exercé des travaux pénibles de partir plus tôt"
Plus flou, plus vague, tu meurs, dans un cas comme dans l'autre !
La pénibilité, c'est le coeur de notre vie d'ouvrier. C'est la fatigue quotidienne sur la machine, ou dans les services. C'est l'usure et la mort prématurée. C'est la conséquence directe de l'exploitation et de la course effrenée à la productivité. Et là, il ne s'agit pas seulement de grapiller quelques trimestres, quelques années, alors que de toutes les façons on va mourir plus jeunes. Il s'agit de mener le combat à la racine du mal, pour supprimer la notion même de pénibilité, en attendant de construire une société où nous pourrons imaginer un travail véritablement libérateur, et non pas destructeur.
La pénibilité, elle est citée à toutes les occasions, mais sans aucun contenu, même pas le rappel des négociations passées avec le MEDEF. Thibault ne fait qu'une vague allusion aux propos de Sarkozy sur RTL... même pas le souci de préciser un peu, c'est dire !
Nous avons maintenant une semaine pour réussir une mobilisation exceptionnelle.
Une semaine pour organiser nos cortèges, nos banderoles, nos panneaux, entraîner nos collègues.
Quant à nos revendications, elles sont claires et nettes et peuvent bien sûr être développées et précisées :
On ne veut pas mourir au travail ! Retraite à 55 ans, sans aucune condition de trimestre ! 50 ans pour les travaux
pénibles !
Retraite mini à 1600 €, retraite maxi à 3500 € !
Interdiction du travail de nuit (sauf bien sûr quelques exceptions comme la santé...), du travail posté, du travail à la chaîne !
Baisse des cadences, 30 heures par semaine, sans baisse des salaires !