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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 10:35
Dimanche 15 Juin 2008
UD CGT du Pas de Calais : un congrès Canada dry...

Les 10-11-12 juin 2008, se tenait à Boulogne sur Mer, le 49ème congrès de la CGT du Pas de Calais. Comme chacun le sait, ce congrès était sur haute tension, après la proposition de dizaines de syndicats et de militants du département, d’un document d’orientation basé sur les réalités d’un fonctionnement aléatoire de cette structure, mais aussi sur la base des véritables revendications venues de la base et des travailleurs.

Depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, un bataille idéologique s’est installée entre la classe ouvrière et ses syndicats CGT de classe, et un consortium d’élus et de mandatés issus des services publics ou para publics, souvent permanents ou détachés. C'est-à-dire que depuis des années, une bataille s’est engagée entre une classe véritablement opprimée et une classe moyenne confortablement installée et accrochée à des postes stratégiques. Les deux sont CGT, mais les deux n’ont pas les mêmes revendications ni les mêmes stratégies pour gagner la bataille revendicative face au pouvoir de l’argent, qu’il soit patronal ou étatique.

Ce congrès a été bien organisé, mais a été fade. La direction du congrès, et les « cul assis » pour paraphraser un camarade, ont orienté les débats sur la syndicalisation, la formation, le tous ensemble avec la CFDT, la représentativité…mais n’a pas laissé la place au débat sur les revendications les plus basiques telles que les salaires, les conditions de travail, les délocalisations… tout a été axé sur le plan stratégique du 48ème congrès confédéral, le statut du salarié, la sécurité sociale professionnelle, le syndicalisme européen et mondial, et les dizaines de repères soit disant revendicatifs… et la journée d’action du 17 juin.
 
Les seules interventions de classe, sont venues non pas d’une opposition fractionniste comme cela a été entendu, mais des militants de base non permanents. Ainsi quand un camarade a exprimé la revendication de notre besoin vital d’augmenter tous les salaires sur la base d’un smic net à 1600 euro, un « cul assis » des ex PTT, a rétorqué que les 1500 bruts étaient satisfaisants pour celles et ceux qui gagnent 800 euro, comme c’est le cas dans les «call center» (sous traitants de France télécom).

Quand un autre camarade a exprimé la retraite à 60 ans, sur la base de 37,5 années, avec une revendication de 100% du meilleur salaire, et qui tende vers la retraite à 55 ans, la réponse, toujours des « cul assis » a été de dire, une fois de plus, que nos axes revendicatifs ont été votés au 48ème congrès, et qu’on ne pouvait dériver de ceux-ci….

Et quand un autre a démontré que la position commune sur la représentativité était dangereuse, la réponse a été d’adopter une motion au bureau confédéral, non pas pour qu’il retire sa signature, mais pour qu’il "explique mieux sa démarche" (qualifiée de révolutionnaire par la représentante confédérale présente). Manifestement un mot d'ordre central pour dégager en touche dans la confédération, puisqu'il y a eu la même manoeuvre en Seine Saint-Denis...

Et la cerise sur le gâteau a été confédérale puisque la déléguée confédérale présente a tenté de démontrer que l’avenir de la CGT, de la France… passait par les services et le commerce, qui vont devenir plus importants que l’industrie, donc de la classe ouvrière des productions industrielles. Cela veut dire que la CGT demande un redéploiement industriel mais n’y croit pas, que les dés sont joués sur l’avenir de la production industrielle en France.

Il serait trop long d’exprimer toutes les escarmouches entre la base et la tête, même si parfois il y a eu des sursauts de lucidité de classe, mais tout se résume par cette prise de parole d’un camarade qui a demandé à la direction du congrès : « si on ne doit pas s’exprimer, de débattre sur nos revendications, ou exprimer un désaccord, il faut nous le dire tout de suite ».

Puis vient le vote de la commission exécutive : les summums de la lutte interne entre les différentes classes de la CGT allaient enfin s’exprimer et se dévoiler au grand jour. Tous les camarades issus de la base de luttes ont été massivement rayés par les grosses structures des services publics, alors que toutes les mandatés des bases syndicales de luttes n’ont rayé aucun nom de la liste des 53 candidats. Rayé à un tel point, que la base ouvrière militante de la CGT départementale a failli être éliminée de la commission exécutive de l’union départementale du Pas de calais. Rayé à un tel point que le secrétariat de l’UD a eu peur du « clash » et de l’issue de ce congrès.

Il est évident que des consignes ont été données pour mettre à mal une opposition gênante et concrète dans la pratique. D’ailleurs, ce scénario attendu avait été exprimé par un secrétaire permanent de cette UD, dans un mail sur le blog de « Où va la CGT », un secrétaire qui avait nommément désigné les « ennemis » à abattre : ce qui a failli arriver.

Oui il existe dans la CGT, une forme de « chasse aux sorcières » des syndicalistes qui agissent pour une CGT de classe. Malgré ces nombreuses ratures (jusqu’à 49%), des camarades ont été admis dans le bureau, mais pas dans le secrétariat. En effet, les camarades de classe ont tenté de mettre en place un secrétaire spécialement destiné à suivre le juridique dans le département (le congrès ayant exprimé de nombreuses dérives malheureuses), en proposant le mieux et le plus formé des conseillers juridiques du département, sans qu’il soit rémunéré comme permanent…. Mais la nouvelle CE a refusé cette proposition, car la direction sortante, et quelques permanents aguerris ont cru qu’il s’agissait d’une manœuvre (la paranoïa existe aussi dans la CGT) pour entrer dans la direction départementale… c’est donc le nouveau secrétaire élu à la formation qui aura en tâche de s’occuper aussi de cette tâche gigantesque, quel courage !

Puis vient le vote sur le document d’orientation : ¼ d’heure, à 8h30 alors qu’il manquait les délégués les plus éloignés (parfois venus de 130 kms). Un document d’orientation très européen, très fonction publique, bref très 48ème Congrès. Ce document était le deuxième proposé par la direction sortante de l’UD, le premier ayant été refusé par la CE sortante (un document n°1 1000 % PRO européen qui spécifiait entres autres articles réactionnaires, que la France n’est ni un Peuple ni un pays… qui parlait de Louis 16, de Napoléon…mais rien sur le CNR et les droits acquis…???). Et l’autocongratulation sur les finances, mais quand il s'est agit d’adapter le salaire de la secrétaire administrative de l’UD avec la revendication salariale CGT, la question a été balayée et remise à plus tard (fait ce que je dis, pas ce que je fais) !

Une motion pour les 5 cubains emprisonnés aux USA depuis 10 ans pour infiltration des mouvements terroristes, et la solidarité avec le peuple cubain, a été adoptée à l’unanimité -1 voix contre, un ex secrétaire général régional, qui préfère certainement Kouchner, Bush et ses sbires de RSF…

Une autre a été adopté en soutien à Bernard Thibaut, victime d’un réseau d’espionnage… (sans commentaire, il ne faut pas rater une occasion de resserer les rangs).

Pas de motion de soutien aux sans papiers ni aux proches migrants de Calais, à peine quelques allusions au fil du Congrès, rien sur la répression antisyndicale, rien sur les lois répressives, rien sur la casse du Code du Travail…

Syndicalisation, formation, services publics, 17 juin avec la CFDT et 48ème Congrès, un appel à la grève mondiale en octobre, et pour une CGT solidaire et efficace : pauvre, très pauvre congrès.

Oui, c’est vrai, « Où va la CGT ? », mais aussi la « CGT est en danger » !

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