Lors du deuxième forum pour un syndicalisme de classe qui s'est tenu à Paris en janvier, il avait été décidé d'impulser des réunions régionales pour développer les contacts et renforcer un courant syndical de classe trop éparpillé et trop confus.
Le processus est entamé dans le grand sud-ouest (pour tout contact : forum.sudouest@yahoo.fr), avec des rencontres préliminaires pour organiser un forum régional, probablement à la fin du printemps. Il vient également de débuter en région lyonnaise avec une première rencontre d'une quinzaine de syndicalistes (essentiellement de la CGT) qui se sont retrouvés dimanche dernier. Nous invitons tous nos lecteurs sur la région lyonnaise à s'associer à cette initiative et à se faire connaître à la boite aux lettres de notre blog pour participer à la prochaine rencontre qui aura lieu le Jeudi 3 Avril à 18h00 dans le centre de Lyon.
Compte-rendu d’une rencontre ayant eu lieu le 9 mars à Lyon
CONTEXTE
Suite au 2° forum du syndicalisme de classe et de masse, des militants de Continuer la CGT ont été invités à venir à la rencontre de syndicalistes lyonnais (essentiellement militants CGT) voulant travailler à combattre la collaboration de classe dans leur syndicat et pour la refondation d’un syndicalisme de lutte de classe. Par ailleurs, des militants du blog « Où va la CGT ? » se sont associés à l’initiative.
PARTICIPANTS
Outre les 3 militants de CL-CGT (dont un camarade membre du CGT-E Dalkia) qui sont descendus de Paris pour animer cette rencontre, 14 syndicalistes lyonnais ont participé à cette réunion.
De l’avis général, le premier motif de satisfaction de cette réunion fut que la participation était très interpro et intergénérationnelle : sur les 14 lyonnais, on ne dénombrait que 3 « anciens », les 11 autres étant des jeunes salariés, membres pour beaucoup du collectif des « jeunes CGT » du Rhône.
DEBATS
Beaucoup de sujets et événements politiques du passé et du présent ont été balayés. Le Commune de Paris de 1871 montre qu’il a existé un moment dans l’histoire de la France, où ce sont les travailleurs et le peuple qui dirigeaient la société. La répression a été féroce, mais c’est tout de même source d’inspiration, de dynamisme et d’optimisme pour nous, militants syndicalistes de classe.
L’essentiel des débats a tourné autour de la critique du syndicalisme jaune de collaboration de classe, largement triomphant aujourd’hui dans la CGT, et sur la nécessité de structurer dans nos syndicats un courant d’opposition rouge pour restaurer un syndicalisme de classe et de masse.
A- La Dénonciation du syndicalisme de collaboration de classeChacun des participants a exprimé « sa » critique de la ligne de la CGT et de la cédétisation de son appareil.
Il ressort que, si aucun de nous n’a la nostalgie d’une CGT qu’il aurait connue « révolutionnaire », car même les plus « anciens » se souviennent de « Séguy démission », du chauvinisme (« produisons français », « maîtrise de l’immigration »), du « programme commun » proposé comme seule perspective politique aux salariés ; en revanche tous considèrent que depuis 25 ans le mouvement vers collaboration de classe la plus éhontée s’est accéléré et généralisé dans toute la CGT.
Il y eu d’abord 1981 et l’arrivée au pouvoir d’un ancien fonctionnaire du gouvernement de Pétain et bourreau des algériens avec son « programme commun » (cosigné par la CGT) sous le bras et tout son cortège de « nationalisations démocratiques » et de lois Auroux sur les « institutions représentatives du personnel » qui ont favorisés la gestation d’une nouvelle génération de bureaucrates syndicaux, déclarés « partenaires sociaux ». Cela s’est accompagné d’un mouvement de fond dans le discours interne à la CGT, l’heure n’était plus à « diaboliser le patronat » mais bien à devenir des « interlocuteurs responsables », « juridiquement bien formés » pour cogérer l’entreprise dans la recherche d’ « intérêts convergents »…
Puis en 1995, au 45°Congrès, la suppression de l’article 1 des statuts de la CGT, tombé en désuétude depuis bien longtemps, consacre officiellement l’abandon par la centrale de toute perspective de renversement du capitalisme, de « l’abolition du salariat » et de la « socialisation des moyens de productions et d’échanges » ; tandis qu’est décidée l’entrée de la CGT dans la CES, organisme de cogestion professionnelle à échelle européenne intégrée à l’UE.
Tous décrivent une CGT qui fait l’apologie de la cogestion des entreprises, dont l’appareil est de plus en plus bureaucratique (ex : 4 permanents pour 100 000 adhérents dans la fédé de la construction en 1970, 30 pour 15 000 adhérents aujourd’hui !), où la corruption est monnaie courante à tous les niveaux, professant un « apolitisme » des plus frauduleux, abandonnant le terrain de la lutte anti-impérialiste, méprisant la défense des travailleurs immigrés, qui assume l’abandon de la lutte acharnée au quotidien pour les salaires et les conditions de travail, au profit d’une « technocratisation » et d’une « judiciarisation » du « conflit social », qui parfois casse les luttes comme aux chemins de fer en 2007 pour gagner ses galons « d’interlocuteur responsable », voir réprime brutalement les syndicalistes de classes lorsqu’ils dérangent comme le prouve l’exemple du syndicat CGT de Dalkia…
Si l’histoire a souvent prouvé que les tenants du « réformisme » se sont révélés des ennemis capables du pire envers les révolutionnaires dans la lutte à l’intérieur du syndicat, le témoignage du camarade de la CGT-E Dalkia a glacé l’atmosphère et mis chacun devant ses responsabilités de solidarité face à la répression sourde du patronat, de ses supplétifs jaunes et de la justice du Capital.
B - La nécessité de structurer un courant pour restaurer le syndicalisme de classe et de masseAprès avoir brossés les maux qui pourrissent notre centrale, les participant ont mis en lumière le fait que le prétendu « apolitisme » que professe la CGT n’est en fait que le cache-sexe d’un revirement idéologique d’abandon absolu de la défense des intérêts matériels et moraux du Travail au profit de la défense des intérêts du Capital et impose le silence par le terrorisme intellectuel aux militants attachés à la défense des intérêts de leur classe et les traitant de nostalgiques de la "courroie de transmission"
Donc, si ce revirement idéologique avéré a amené les prétendus « réformistes » à abandonner la lutte immédiate pour le salaire et les conditions de travail au profit d’un vulgaire syndicalisme d’accompagnement, la restauration de cette lutte, ainsi que le nettoyage au « balai de fer » de la corruption au sein de notre centrale, ne peuvent se faire sans la structuration d’un courant d’opposition menant la lutte idéologique en interne et impulsant la solidarité de classe interprofessionnelle (prenant également en compte un tissu salarié précaire et fragilisé composé de travailleurs isolés subissant de multiples agressions auquel l’outil syndical doit s’adapter) et la convergence des luttes, la solidarité sans faille envers les travailleurs immigrés et envers les peuples opprimés par l’impérialisme.
Même si certains étaient sceptiques sur la possibilité de « réorienter » une CGT si nivelée par son appareil dirigeant, tous s’accordent sur la nécessité de rendre visible l’existence d’un courant de lutte de classe en interne.
De l’avis de tous, nous avons besoin de nous structurer pour élaborer ensemble nos idées avant d’organiser un forum régional plus large en liaison avec le forum national, pour pouvoir y mettre en débat une ligne politique claire, une plateforme et des perspectives viables.
Nous sommes tombés d’accord sur la nécessité d’un peu de prudence dans nos invitations dans un premier temps, mais que chacun de nous tâche de faire venir des syndiqués motivés et de confiance en vue d’élargir la base de ce comité.
PERSPECTIVES :
- Création d’un comité de syndiqués rouges pour organiser un forum régional du syndicalisme de classe et de masse en liaison avec le forum national.
- Créations de groupes de travail sur les différents thèmes que nous allons aborder en vu de la préparation du forum.
- Création d’un blog « lyonnais » pour populariser notre dénonciation du syndicalisme de collaboration de classe, nos analyses et nos propositions pour restaurer le syndicalisme de lutte de classe, mais aussi pour organiser le soutien aux luttes sociales régionales