Mardi dernier 22 janvier, il y a eu encore plus de 40 000 personnes dans les rues, à l’appel des fédérations CGT des cheminots (SNCF), des transports (RATP) et des mines énergie (EdF/GdF) pour manifester contre la remise en cause des régimes spéciaux et pour faire pression sur les négociations en cours, pourtant après la publication de la réforme au Journal Officiel.
Lors du deuxième Forum, nous avions vu que la compréhension de ce qui s’était passé était inégale, d’une entreprise à l’autre, d’un dépôt à l’autre. Le fait que les directions syndicales arrivent encore à mobiliser pour une manifestation 40 000 personnes le confirme. Certes, il n’y avait pas de grève, donc probablement des travailleurs de repos, ou en congé. Mais ce n’était pas la manifestation bidon de bureaucrates syndicaux à laquelle on aurait pu s’attendre.
Il faut le dire, prendre la réalité comme elle est : cette manifestation est un succès pour le réformisme syndical, qui n’en attendait pas tant, et pouvait craindre le pire compte tenu des tensions, en particulier à la SNCF et à la RATP, après l'appel à peine voilé à la reprise du travail.
Deux réserves : pour EdF/GdF, le syndicalisme d’accompagnement est sans opposition réelle, l’aristocratie ouvrière et la bureaucratie bien en place pour défendre leurs privilèges. Pour la SNCF sont venues s’ajouter les craintes autour de la restructuration du Fret et des 7000 suppressions de postes annoncés (donc rien à voir avec les régimes spéciaux) ce qui a pu avoir un effet mobilisateur dans certains secteurs combatifs.
Quoiqu’il en soit, c’est la marque qu’il nous reste du chemin à faire, que nous ne devons pas nous laisser emporter par des analyses partielles ou des enquêtes incomplètes. La marque que partout, les syndicalistes de classe doivent mener la bataille des idées, de la lutte de classe, pour prendre le dessus sur le réformisme syndical.
Nous publions ci-dessous l’article du Monde du 22 janvier, qui masque à peine la joie et le soulagement des directions syndicales… A nous de les faire grincer des dents !
Ils étaient 16 000 cheminots, électriciens, gaziers et agents de la RATP, selon la police, et plus de 50 000 selon les organisateurs, à avoir défilé, mardi 22 janvier, à Paris, pour continuer à peser sur les négociations portant sur la réforme des régimes spéciaux, qui se poursuivent jusqu'en février. "Gouvernement et direction de la SNCF sont prévenus, la mobilisation n'est pas retombée, les cheminots restent déterminés", s'est réjouie la CGT-Cheminots, qui considère le rassemblement comme "une véritable réussite en ce début d'année 2008". Les fédérations de cheminots CFDT, CFTC, UNSA et CFE-CGC avaient également appelé à manifester.
Derrière une banderole frappée de l'inscription "Pour des services publics de qualité, pour l'amélioration du pouvoir d'achat et des pensions, améliorer les retraites par répartition, les droits et prestations servis par nos régimes et développer les solidarités", Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, et plusieurs délégations venant de toute la France, ont défilé de la gare d'Austerlitz jusqu'aux Invalides.
"S'il fallait une démonstration que le dossier des régimes spéciaux n'est pas clos, c'en est une", a déclaré M. Thibault. Il a par ailleurs espéré que la conférence sur la protection sociale qui réunira l'Etat, le patronat et les syndicats, le 6 février, "sera de nature à nous éclairer sur les échéances et les modalités par lesquelles nous allons pouvoir faire un point général sur la situation des retraites".