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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 18:19
Dimanche 13 janvier 2008
Compte rendu du Deuxième Forum pour un syndicalisme de classe et de masse

Tout d’abord, il s’agit d’un rapport fait à chaud, et qui sera complété, voire corrigé par la suite. Mais il nous a semblé utile de donner ces premiers éléments à nos lecteurs (les participants sont d’ailleurs bien-venus pour commenter ce compte rendu !). En particulier les textes amendés des deux résolutions votées seront rajoutés dès qu’ils seront disponibles.
Rappel, le forum était organisé par les collectifs suivants :
• Blog « Où va la CGT ? »
Collectif Général des Travailleurs (CGT-E) Dalkia. Tél. : 01 74 61 19 51
• Collectif Unitaire pour un Front Syndical de Lutte de Classe (CUFSC). Tél. : 02 37 36 44 61
• Comité pour un Courant Intersyndical Lutte de Classe Anti-bureaucratique (CILCA). Tél. : 06 66 25 16 65
• Continuer la CGT (CL-CGT).Tél. : 06 08 03 51 88
• Fédération Syndicale Étudiante (FSE). Tél. : 06 60 35 48 85


90 à 100 personnes (chiffre à préciser) se sont donc retrouvées pour ce deuxième forum le samedi 12 janvier à Paris. C’est moins que lors du forum précédent en mai dernier, mais l’avis général était que cela n’est pas le reflet d’un désintérêt, plutôt le passage à une nouvelle étape. Moins d’étudiants, d’enseignants et de retraités, plus de travailleurs actifs ont donné une tonalité plus proche d’un véritable syndicalisme de classe.
Il y avait bien sûr les inévitables parasites donneurs de leçons et prétentieux, quelques anti-syndicaux qui s’étaient trompés de forum, mais la présence de syndicalistes de terrain, dont plusieurs cheminots de Paris, Lyon, Saint-Etienne ou travailleurs de la RATP a changé la nature du débat.

La discussion du matin portait sur le bilan des grèves de l’automne. L’ensemble des interventions confortait ce que nous pensions, à savoir que la trahison de la direction confédérale de la CGT n’en était pas une, mais le reflet d’une position de fond, celui de l’acceptation (en fait) de la réforme au nom des nécessités indépassables du capitalisme, en échange de quelques miettes de contreparties. Il a par exemple été confirmé que la fédération avait donné consigne à ses délégués de pousser à la reprise, sans que cela soit annoncé officiellement.
En fait, la direction confédérale aurait même souhaité qu’il n’y ait pas conflit, à l’image de Thibault allant négocier quelques heures avant le début de la grève. Simplement, c’est la combativité des grévistes, la volonté d’en découdre, la détermination des syndicalistes de classe qui a empêché la liquidation immédiate et permis malgré tout de tenir neuf jours.

Une discussion contradictoire a d’ailleurs eu lieu sur ce niveau réel de combativité parmi les cheminots, montrant que selon les secteurs, selon les situations, il y avait des situations bien différentes, avec souvent le sentiment initial que « c’était foutu » au départ, et que le sens du conflit était réduit à limiter des dégâts, sentiment sur lequel s’appuyait à fond les directions fédérales et confédérales. Dans les secteurs les moins combatifs, la reprise s’est ainsi faite sans trop de vagues. Par contre, dans d’autres endroits, c’était beaucoup plus conflictuel. On payait ainsi le passage sans réaction aux 40 ans de cotisation dans le privé en 1993 (loi quinquennale sur l’emploi de Balladur), dans le public en 2003 (loi Fillon), avant de s’attaquer aux derniers îlots de résistance que représentaient les régimes spéciaux.

A la RATP, un camarade de la maintenance RER apportait des éléments supplémentaires sur les vagues déjà connues dans la CGT RATP, qu’il s’agisse des dépôts de bus ou du métro.
Les étudiants présents montraient qu’il s’était en fait passé exactement la même chose dans la lutte contre la loi Pécresse, où l’UNEF, d’accord avec la loi, avait tout fait pour liquider la lutte et arrêter le mouvement, laissant d’ailleurs les militants face à la répression institutionnelle et judiciaire (plusieurs procès à venir).
La matinée se concluait par le vote d’une résolution validant l’essentiel de ces positions.

Après un casse-croûte presque fastueux préparé par les camarades de « Continuer la CGT », le travail reprenait par deux interventions. L’une de Evelyne Gaillet, du CGT-E Dalkia, licenciée avec accord actif d’une CGT corrompue et qui passe aux prud’hommes prochainement. Une collecte était organisée dans la salle et permettait de récolter 350 € remis aux camarades du CGT-E pour assurer la défense de la camarade. D’ailleurs pour notre part, nous invitons à poursuivre cette collecte de soutien au CGT-E Dalkia !
Une autre intervention des camarades du Neuvième Collectif de Sans-papiers insistait sur l’état de travailleurs précaires exploités des sans-papiers, et que l’unité de la classe ne pouvait se construire sans prise en charge de leur défense. Une intervention bien venue, car le débat de l’après-midi montrait quelques hésitations à ce propos chez certains dans l’assistance…

Le débat de l’après-midi commençait par une intervention particulièrement développée sur les conditions de renaissance du syndicalisme, très intéressante et très  proche de ce que nous développons dans le « Manifeste pour un syndicalisme de classe », également disponible sur ce blog.
Le débat se révélait intéressant, mais un peu difficile.

 On peut en retenir les éléments suivants :
-    quitter les syndicats, non bien sûr, mais comment mener l’affrontement avec les directions réformistes, en particulier avec cette ambiance si particulière dans la CGT : « dans la CGT, on la ferme, ou on la quitte », pour paraphraser un certain ministre à propos du gouvernement. Car en ce moment, c’est plutôt électroencéphalogramme plat dans la Conf, tout le monde regarde  le bout de ses chaussures, pas de vagues… Le sentiment était que l’heure était quand même à l’affrontement ouvert, qu’on ne pouvait plus se contenter d’une petite opposition timide, locale ou partielle, mais qu’il fallait désormais mettre les pieds dans le plat…
-    quelle est la nature du réformisme dans les directions syndicales : quelques magouilleurs à dégager, quelques retraits d’institutions particulièrement scandaleuses ? Ou alors tout une incrustation à la gestion du capitalisme, à l’appareil d’Etat, via une multitude d’institutions paritaires ou de cogestion : gestion des Comités d’Entreprises et des syndicalistes qui deviennent petits patrons (voir le CE SNCF clientèle), la participation aux institutions paritaires (formation professionnelle, sécu, mutuelles, retraite complémentaires, UNEDIC), aux assurances, aux banques (MAIF, Crédit Coopératif, MGEN etc.), aux Conseils économiques et sociaux (national et régionaux), aux multiples agences locales et intercommunales etc… Et donc ce que cela veut dire en termes de reconstruction du syndicalisme de classe !
-    débat sur la nécessité d’une plateforme revendicative et son contenu. Le projet de résolution proposée au vote l’après-midi suscitait en fait de multiples débats contradictoires sur les mots d’ordre avancés, des discussions sur les carences, sur les rédactions, sur les lacunes ou les désaccords, sur les priorités (par exemple par rapport aux sans-papiers). On a vu là les limites de l’exercice :  autant il est nécessaire et possible de se mettre d’accord sur une démarche (ce qu’illustrait l’introduction), autant on peut être d’accord sur la nécessité de mots d’ordre qui font l’unité de la classe dans les luttes (par exemple le mot d’ordre « Retraite à 55 ans, 50 ans pour les travaux pénibles, sans condition de trimestre » fait l’unité entre privé et public, avec les régimes spéciaux, entre hommes et femmes, travailleurs légaux et sans-papiers, avec les étudiants etc.), autant il est difficile de construire dans les conditions actuelles de construire une plateforme cohérente et globale de mots d’ordre.
-    débat sur un certain nombre de revendications ou de positions qui font toujours problème, comme la défense inconditionnelle des acquis de 45 (défend-on la fermeture de la fonction publique aux immigrés ? le système des institutions paritaires ? le recrutement sur concours dans la fonction publique ? Nous, en tous les cas, NON). Et puis toujours ces débats sur l’Europe qui imposerait ses solutions à la situation française, débat qui avait déjà surgi au premier forum…
-    Et enfin, la nécessité du débat et des liens directs entre les participants entre les forums. Il a été suggéré d’utiliser les moyens modernes (forums Internet) pour faciliter la circulation de l’information. Les infos des luttes, des répressions, des trahisons, mais aussi faciliter le débat et la polémique sur les points en discussion. Comme le notait une participante, difficile de voter un document distribué le matin même, sans discussion plus approfondie…

Face aux hésitations de la discussion, c’est un camarade cheminot qui remettait les pendules à l’heure, en soulignant que ce qui comptait avant tout c’était la démarche de la résolution et des mots d’ordre, que l’heure n’était pas à pinailler sur les virgules et les nuances, mais à avancer ensemble. D’autres camarades soulignaient qu’à leurs yeux, le plus important était le lieu de rencontres du forum (de nombreux contacts ont été faits à cette occasion), et d’autres encore (surtout les jeunes) qu’il fallait maintenant « aller au charbon », sur le terrain, pour avancer dans la construction, dans l’activité pratique, en particulier dans des forums régionaux. C’est d’ailleurs le cas pour un Forum du Grand Sud-Ouest qui est en train de se construire avec en perspective un forum régional vers la fin mars, en lien avec les camarades de Dalkia Atlantique, de camarades de Limoges, Toulouse et ailleurs…
La résolution sera finalement votée avec une douzaine d’abstentions, ce qui montre (sans aucune gravité) que nous devons encore faire des progrès dans l’organisation de ces forums.

Au final, un forum plutôt positif, et ce n’est pas une clause de style. Chacun sait que sur ce blog nous appelons un chat un chat et que lorsqu’il y a un échec, nous savons le reconnaître. Non, un succès malgré la moindre participation. Un succès par la participation et par les perspectives qu’il ouvre pour l’avenir ! Nous y reviendrons.

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