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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 19:39

Jeudi 11 février 2016

Qui veut la mort de l'UD de la Haute-Marne ?

 

Nous avons reçu un courrier de la part du syndicat Multipro des Retraités de Chaumont, relatif à l’état de l’Union Départementale (deux pièces reproduites ci-dessous) qui interpelle.
Déjà, ce courrier est signé par quatre anciens secrétaires successifs de l’UD, entre 1973 et 2006. Une paille, voilà qui attire l’attention !

Ensuite parce qu’il dénonce des faits connus de la Confédération et de Martinez lui-même, des faits gravissimes s’ils sont avérés : exclusions, dissolution arbitraire d’UL, poursuite en justice de militants CGT, lisez donc le courrier, ça fait froid dans le dos, on se croirait à l’UMP ou au PS, coups tordus dans le dos à tous les virages… La réponse foireuse (à droite) de Martinez qui dégage en touche montre qu’il sait.

 

Alors malheureusement comme d’habitude dans notre syndicat (et nous en avons quelques poignées d’exemplaires, voir la section du blog consacrée à ces « affaires »), ce n’est pas un débat sur le fond, ce n’est pas un débat d’orientation. Ce sont des manœuvres bureaucratiques et dictatoriales, des putschs de petits potentats locaux qui veulent préserver leur pré-carré.

 

Mais essayons d’y voir un peu plus clair.

Jérôme Marcel, actuel SG de l’UD 52 est élu, on va dire un peu par défaut, en 2006. C’est quelqu’un dont on ne connaît pas trop les faits d’armes syndicaux, sinon qu’il vient du Puy de Dôme où il était à la CFDT (rappelons qu’en 2003 une grande partie des militants CFDT d’Auvergne ont rejoint la CGT, et qu’il y a eu des négociations souterraines pas fraîches sur le reclassement des permanents…), et qu’il est membre du PS – apparemment toujours.

C’est en 2010 que les choses se gâtent dans l’UD autour du conflit sur les retraites. Comme partout, de nombreuses voix se font entendre en critique de la Confédération, et de son manque de détermination pour faire plier le gouvernement, critiques également contre la direction de l’UD jugée de la même manière que la Confédération, trop « molle » (voir notre dossier sur le conflit de 2010 « Le conflit sur les retraites de 2010 »).

L’UL de Langres est à la pointe de cette critique dans l’UD, ainsi que le syndicat des retraités de Chaumont. Jusque-là, rien que de très normal, si on se souvient bien le débat était assez vif à l'époque un peu partout dans la Confédération, et nos articles du dossier sont là pour en témoigner. Mais dans la Haute-Marne, la tonalité n’est plus au débat, à la liberté de ton et de parole, à l’acceptation des contradictions, mais aux règlements de compte bureaucratiques.
Tout ceci est rappelé en février 2014 par un courrier détaillé de Richard Vaillant, ancien secrétaire de l’UD, que nous reproduisons également ci-contre.

 

La situation se dégrade ainsi peu à peu, jusqu’au congrès départemental de 2014 où le secrétariat de l’UD obtient la dissolution de l’UL de Langres, après l’élimination des opposants du Congrès (injonctions d’huissiers à l’appui, voir la photo), et la réélection triomphale du néo-dictateur avec 100% des suffrages ! Formidable. A tel point que les journaux locaux (Le journal de la Haute Marne, plutôt réac, ou l’Affranchi de Chaumont) s’en sont largement fait l’écho (voir l’article « CGT versus CGT » sur l’image ci-contre) et que même Le Canard Enchaîné s’est fendu d’un article… Dans un des courriers ci-dessus, on voit le détail des turpitudes de la direction départementale, allant faire réélire une nouvelle direction au Congrès non seulement en interdisant aux opposants de rentrer, mais sans liste annoncée à l’avance, et diffusée seulement dans les minutes précédant le vote…

A préciser que les envoyés de la Confédération pour le suivi ont pris fait et cause pour l’UD, et sans nuances : « Ces pratiques démolissent la CGT. Elles visent un homme : c’est inadmissible. Mais cela vise aussi une organisation. La confédération soutiendra les mesures que vous prendrez collectivement », dixit Philippe Ateaud, délégué national de la confédération pour ce congrès… (Journal de la Haute Marne, 1er mars 2014). Ou comment 1) dévier la contradiction politique vers l’affrontement de personne 2) souder les rangs derrière la défense de la CGT. On connaît ça par cœur…

 

Bien, les mois passent, la situation pourrit gentiment…

Les retraités CGT de Chaumont sont expulsés de la Bourse du Travail et trouvent refuge à la Maison des Syndicats, où ils déménagent leur matériel et leurs archives. Et les voilà accusés de « vol » (d’un ordinateur), avec convocation en gendarmerie, prise d’empreinte et d’ADN comme un terroriste, pour un ancien secrétaire général de l’UD, ancien membre de la CEC… Affreux. La plainte sera classée sans suite, mais le mal est fait.

Aujourd’hui, n’ayant plus rien à perdre et très désabusés sur l’évolution de la CGT, ils ont décidé de rendre public et de tout mettre sur la table. La réponse évasive de Martinez ne va pas leur redonner le sourire.

 

Voilà les faits. Maintenant, quelques réflexions.

  • La critique au secrétaire général de l’UD est fondée sur une accumulation de contradictions : appréciation du conflit des retraites de 2010, méthodes bureaucratiques de direction et refus du débat interne, une prise de position sans débat sur l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure... Sans compter que le cher homme a bien sûr accumulé les places « paritaires », et qu’il est co-directeur de la Médecine du Travail avec une position suspecte (un peu patronale, quoi…) envers les salariés (voir ci-contre un article de l’Affranchi qui explique l’affaire). Et qu’il traîne des casseroles sur les finances de l’UD comme un virement de 39 000 € arrivé de la Confédération et dont personne ne sait à quoi il correspond…
  • Il se passe en Haute-Marne ce qui se développe dans la Confédération. La confusion sur les orientations, sur les choix de la CGT poussent à l’éclatement, à la constitution de « baronnies » autour d’un petit chef, aux méthodes de direction autoritaires sans débat, aux affrontements CGT contre CGT. Nous ne disions pas autre chose lors de l’affaire Lepaon (« CGT : crise d’orientation derrière la crise de direction »). On l’a vu dans le Commerce, face aux Ports et Docks, on le voit à la FAPT, dans la FERC, face aux UL rétives, aux syndicats trop combatifs (territoriaux du CG du Nord, ou de la Dracénie, ou d’Avignon…), aux militants. On a vu Martinez magouiller la FD Santé autour des affaires Lepaon, faire le déplacement spécial à Saint-Malo pour empêcher l’élection de Mehdi Kemoune à la tête de la FD des Transports, la liste est longue (voir la section du blog ICI), est va malheureusement s’allonger, si on ne reprend pas le fil du débat de fond, d’orientation. Sans même parler des multiples affaires de corruption (CE EdF, Eurodisney), de gestion opaque d’institutions sociales, et de pratiques de patrons voyous dans les CE ou institutions paritaires que la CGT gère (les CER SNCF, par exemple).
  • Ces petits potentats locaux s’appuient sur le coup de force, leur place d’autorité, un culot monstre, et le laisser faire de la Confédération (ils se tiennent tous par la barbichette, nous l’avons dit, voir la réponse de Martinez). Mais surtout ils savent s’appuyer sur l’inertie des syndicats dont beaucoup ne bronchent pas. Soit qu’ils aient eux aussi des trucs pas clairs à défendre, soient qu’ils redoutent le conflit et préfèrent rester sur la touche en laissant faire. Dans la Haute Marne, il y a les deux. L’UL de Saint-Dizier condamnée aux Prud’hommes pour licenciement abusif d’une salariée CGT, couverte par l’UD. Et des syndicats qui se taisent et votent le petit doigt sur la couture du pantalon, comme nous le connaissons bien… Heureusement qu’il y a les camarades qui résistent et osent refuser !

Outre le soutien et la dénonciation publique de ces turpitudes (ce que nous faisons sur ce blog), il faut reprendre le flambeau, nettoyer nous-mêmes nos écuries pour ne pas laisser nos ennemis nous détruire !

Il faut refuser la passivité, refuser de laisser faire, dénoncer les dirigeants réformistes et corrompus, ces ennemis qui se cachent dans nos rangs !

Et remettre les vrais débats au cœur de la CGT !

 

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