Lundi 21 janvier 2013
Les syndicats et la situation au Mali
[Mise à jour 31 janvier] Les camarades du Loir et Cher sauvent l'honneur du syndicalisme !
Silence radio.
Préparée depuis des semaines, l'intervention française ne provoque pas une vague dans les milieux syndicaux, pas un communiqué. Silence gêné face aux exactions des bandits de grands chemins qui se font passer pour des fondamentalistes ou des indépendantistes, comme s'il fallait valider cette intervention dont chacun sait qu'elle n'a de sens que dans une géopolitique régionale où l'uranium (AREVA et les otages), le gaz (la prise de BP d'In Amenas) et le pétrole ne sont pas très loin...
Nous avons trouvé deux déclarations que nous publions ci-dessous, deux déclarations que nous ne partageons pas, même si
nous pouvons reprendre tel ou tel paragraphe dans l'une ou l'autre.
L'une est une déclaration de la FSM (Fédération Syndicale Mondiale) qui en arrive de fait à soutenir les jhadistes (rigolade - enfin, c'est peut-être pas le bon mot - : la FSM a pris la position exactement inverse en Syrie, en soutenant ouvertement le boucher Assad).
Cette déclaration, comme d'ailleurs la suivante, est incapable d'avoir un point de vue de classe, de séparer nettement les intérêts du peuple malien, des travailleurs maliens (dont nos camarades ici en France) et les intérêts des bourgeois et des réactionnaires de toute nature. Ils sont incapables d'avoir un point de vue de classe sur la sécession du Mali, sur le MNLA, l'AQMI et tentent, bien maladroitement, de déguiser cette sécession en lutte légitime pour l'intépendance.
La deuxième déclaration vient du 10ème Congrès de l'Organisation de l'Unité Syndicale Africaine qui s'est tenu à Alger en décembre (avant l'intervention française). Cette déclaration, à l'inverse de celle de la FSM, caractérise correctement la sécession, et tout en reconnaissant les droits légitimes de la population touarègue et appelle à une solution pacifique. A l'inverse de la FSM, mais sur la base de la même erreur, elle en arrive par contre à soutenir les bourgeois africains (la CEDEAO) et donc bien sûr l'impérialisme, avant tout français, qui pilote en arrière-plan.
Qui est ton ami, qui est ton ennemi ? Voilà la question essentielle à laquelle sont confrontés aujourd'hui nos camarades maliens. C'est aussi la question à laquelle nous sommes confrontés tous les jours dans notre activité syndicale, en n'oubliant jamais que "les ennemis qui se cachent ne sont pas des amis qui se trompent !"
La FSM dénonce l’intervention impérialiste au Mali
18 janvier 2013
La Fédération Syndicale Mondiale dénonce vigoureusement l’intervention militaire du gouvernement Français «socialiste» de François
Hollande au Mali avec l’appui d’autres forces impérialistes, sous le prétexte de l’intensification des conflits entre l’armée malienne et les organisations militantes qui apparaissent se battre
pour l’indépendance du nord du Mali à Azawad.
L’intervention militaire a été présentée comme réponse à la demande du Président Malien, Dioncounda Traoré, le Président qui a été
nommé à son poste après le Coup d’Etat Militaire du mois de Mars dernier.
Cette opération militaire, menée par les Français dans leur ancienne colonie, a été jointe par la Grande-Bretagne, l’Allemagne et
l’Union Européenne ainsi que les USA, le Canada et la CEDEAO. Ils ont déjà tous envoyé des troupes et des forces aériennes au Mali et ont fourni leur soutien selon la Résolution du Conseil de
Sécurité des Nations Unies du mois du Décembre.
Après le génocide au Rwanda et la démolition de la Libye, la France continue à s’en servir des bases militaires qu’elle entretient
en Afrique afin de renforcer son rôle dans la concurrence inter-impérialiste et pour servir les intérêts de ses groupes monopolistes qui pillent les ressources de production des richesses (or,
uranium, etc.)
Ce conflit, orchestré entre tous les belligérants, est un autre spectacle sanglant sur le continent africain blessé, où les
Africains paient un lourd tribut. Il vise la protection des intérêts français dans les mines d’uranium trouvés dans les régions touarègues de la région ouest-africaine, les concurrences
inter-impérialiste pour le contrôle des ressources productrices de richesses du Mali et la mise en place des gouvernements marionnettes dans les pays africains qui desservent les principales
forces impérialistes.
La Fédération Syndicale Mondiale, en solidarité avec les travailleurs, les pauvres du Mali et les pays ouest-africains, dénoncent
fortement l’agressivité intensive des forces impérialistes dans la région qui sont en outre en train de détériorer les conditions de vie déjà difficiles de la population dans la région et visent
le maintien et l’amélioration du pillage des ressources productrices de richesses qui appartiennent et qui doivent être utilisées pour satisfaire les besoins de la population.
Enfin, nous appelons les fédérations syndicales, d’abord et avant tout, des pays belligérants à dénoncer et agir contre la
participation de leurs gouvernements à cette guerre. La position de chaque syndicat sur la question des guerres impérialistes est cruciale et redresse le critère de chaque type d’organisation
syndicale. Les travailleurs des pays impérialistes doivent exprimer leur solidarité internationale avec leurs frères des autres pays.
LE SECRÉTARIAT
Résolution sur la situation au
Mali
Le dixième congrès de l'Organisation de l'Unité Syndicale Africaine (OUSA) qui s'est tenu à Alger du 1er au 7 décembre 2012 a adopté la résolution qui suit sur la situation au Mali :
Le Congrès :
- Préoccupé par la situation qui prévaut au Mali ;
- Rappelant et exprimant son attachement au principe des frontières héritées aux indépendances ;
- Soulignant le caractère sacré de l'intégrité territoriale, de l'unité nationale et de la souveraineté du Mali ;
- Préoccupé par la crise humanitaire et l'afflux de réfugiés dans les pays voisins et des personnes déplacées ;
- Relevant la menace à la stabilité du Mali et de la région du terrorisme et du crime transnational organisé, représentée par les groupes Aqmi et Mujao ;
- Soulignant l'urgence de dégager une sortie de crise au Mali ;
- Affirmant la détermination des organisations syndicales membres de l'OUSA à contribuer et à appuyer les efforts
- tendant à résoudre la crise au Mali ;
- Faisant sien la déclaration solennelle de la 19e session de la Conférence de l'Union Africaine sur la situation au Mali, ainsi que les décisions et communiqués pertinents du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union africaine ;
- Saluant les efforts consentis, notamment par l'Union africaine, la CEDEAO et les pays du Champ ;
- Saluant également l'engagement exprimé par la communauté internationale pour accompagner le Mali pour une sortie de crise :
1. Exprime sa solidarité pleine et entière avec le peuple frère du Mali.
2. Appelle à une solution rapide et urgente qui puisse préserver l'intégrité territoriale du Mali, son unité nationale et
l'exercice de sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire.
3. Considère que la solution au Mali, pour qu'elle soit durable, doit prendre en charge les questions d'ordre politique,
sécuritaire, humanitaire et de développement.
4. Considère également qu'il importe de répondre de manière appropriée aux revendications légitimes des populations du Nord du
Mali et de leurs représentants dans le cadre d'une solution politique négociée, et dans le respect des principes de l'Union africaine.
5. Rappelle que les Maliens sont les premiers acteurs d'une solution nationale et qu'il convient aux acteurs régionaux et
internationaux de conforter le leadership malien.
6. Appelle dans ce contexte tous les acteurs maliens pour qu'ils mettent l'intérêt supérieur de leur pays au-dessus de toute autre
considération, et se félicite à cet égard de la tenue annoncée d'assises nationales.
7. Appelle les groupes armés de la rébellion malienne à s'inscrire dans une logique de paix, en renonçant à toute remise en cause
de l'intégrité territoriale du Mali et en se démarquant de manière non équivoque du terrorisme et du crime transnational organisé.
8. Condamne fermement le terrorisme et le crime transnational organisé qui constituent la menace à la sécurité du Mali et de la
région, et considère qu'il importe de lutter contre ces menaces de manière ferme et résolue, y compris par le recours à la force.
9. Apporte son soutien à l'Union africaine, à la CEDEAO et aux pays du Champ dans leurs efforts à dégager une sortie de crise au
Mali, et se félicite de l'appui des Nations unies et des partenaires à ces efforts.
10. Considère que toutes les opportunités doivent être mises à profit pour dégager une solution politique négociée entre les
Maliens, et que le recours à la force ne doit être envisagé qu'en ultime ressort, et qu'en tout état de cause, il doit cibler les groupes terroristes et ceux affiliés au crime
transnational
organisé.
11. Lance un appel à la communauté internationale pour répondre de manière adéquate aux besoins humanitaires des réfugiés maliens
et exprime sa gratitude pour la solidarité des pays voisins qui ont accueilli ces réfugiés.