Nous avons rarement parlé de la FSM sur ce blog, probablement pas assez.
Il s'agit de ce qui reste de l'ancienne confédération syndicale des années 60/70, pilotée par les pays de l'Est et les divers PC, mais qui a un peu changé depuis. D'une part la création de la CES et de la CSI l'a littéralement vidée d'une grande part de ses adhérents (comme la CGT par exemple), d'autre part la situation mondiale elle-même a changé avec l'effondrement des pays prétenduments socialistes, capitalistes d'Etat en fait.
La FSM est aujourd'hui un regroupement syndical international assez batard, avec d'un côté les résidus des syndicats des pays capitalistes d'Etat (Cuba, Chine, Vietnam...) et de l'autres des syndicats importants qui se radicalisent dans les contradictions de la crise économique mondiale. On y trouve par exemple les syndicats grecs, la majorité des syndicats d'Inde (ce qui n'est pas rien), et en France certaines fédérations y sont restées adhérentes comme la Fédération de l'AgroAlimentaire.
Nous publions ci-dessous la déclaration du 1er Mai, diffusée par la FSM.
On y retrouve une radicalité dans le discours, disparue depuis longtemps de nos discours officiels et qui fait quelque part chaud au coeur, une dénonciation des méfaits du capitalisme qui sonne juste. Dans la résistance de classe, cette déclaration vaut mille journées d'action Thibault et Chérèque main dans la main.
Mais un paragraphe illustre les limites de la FSM, celui sur Cuba. "Voilà 50 ans que les travailleurs et le peuple de Cuba mènent le combat contre les impérialistes, cinquante ans de luttes héroïques basées sur des principes, des valeurs, des idéaux". Quels idéaux ? Nous disons quant à nous que Cuba est aujourd'hui un pays capitaliste d'Etat, où les ouvriers sont exploités, les masses sont opprimées et où le peuple n'a aucun pouvoir, celui-ci étant dans les mains d'une bourgeoisie d'Etat qui tente de se maintenir en place face à la révolte et aux coups de boutoir de la crise. Les syndicats ne sont que des appendices du gouvernement patron, dans un régime prétendument socialiste, et on peut à ce titre parler de syndicats 'jaunes", ce que nous avions fait lors du premier Forum pour un syndicalisme de classe et de masse, ce qui avait provoqué un beau scandale chez certains des participants.
Bien sûr nous soutenons la résistance du peuple cubain à l'impérialisme, mais il faut être clair, nous refusons tout soutien au gouvernement cubain, qui a fait ses preuves dans tous les domaines, et qui, comme le gouvernement chinois actuel, est voué à la poubelle de l'Histoire. Ce qui ne retire rien aux succès de la révolution cubaine contre l'impérialisme américain, mais c'est un autre débat.
Le problème est là : si la résistance de classe proposée par la FSM est honorable et radicale, l'espoir qu'elle propose, la perspective qu'elle offre n'est que la nostalgie d'un système qui a fait faillite à l'Est. Nous invitons tous les camarades à s'interroger sur ce qui s'est passé en URSS, à comprendre pourquoi nous parlons capitalisme d'Etat, de bourgeoisie d'Etat. Alors, il sera possible d'aller plus avant, d'offrir une véritable perspective de libération pour les travailleurs. Mais il y a encore du chemin à faire, parce que si c'est pour nous rejouer les pays de l'Est, ce sera sans nous, on a déjà donné !
Coordination militante internationale !
STOP aux licenciements. STOP à l’exploitation.
A l’occasion du 1er mai 2009, la FSM adresse ses chaleureuses salutations militantes aux travailleurs, aux chômeurs, aux immigrants, aux femmes et aux jeunes à travers le monde et appelle le mouvement syndical de classe à donner une riposte coordonnée aux attaques du capital afin de défendre les droits et acquis des travailleurs.
La mondialisation capitaliste a montré son vrai visage : nous le voyons à l’injustice existante dans le monde, à la concentration sans précédent de la richesse dans les mains de quelques-uns alors que l’écrasante majorité des gens vivent dans la pauvreté. Les statistiques montrent que 1% de la population mondiale possède 40% des richesses totales tandis que 50% de la population mondiale vit dans la pauvreté et ne détient que 1% des richesses du monde. En Inde, par exemple, 48 milliardaires possèdent 30% du revenu national de l’Inde !!!
Au cours de la récente réunion de la CNUCED, un délégué africain a décrit la situation sur son continent avec beaucoup d’émotion: ce qui se passe maintenant sur le continent africain est une véritable transfusion à l’inverse. Le sang est prélevé sur les pays affamés du tiers monde pour être transmis vers les pays capitalistes avancés au profit des multinationales et des monopoles.
Aujourd’hui, selon les données officielles de l’ONU, l’espérance de vie moyenne dans les pays africains tels que le Zimbabwe est de 42 ans, au Nigeria et au Liberia 41 ans, en Zambie et en Angola 40 ans et en Sierra Leone 37 ans. Ces chiffres traduisent l’exploitation cruelle du tiers-monde par les impérialistes européens et américains.
En outre, selon les estimations de l’OIT, du fait de la crise économique capitaliste profonde qui a commencé aux Etats-Unis avant d’atteindre l’Europe et de se propager dans le monde entier, le chômage connaîtra une augmentation importante et le nombre de chômeurs passera de 190 millions en 2007 à 210 millions en 2009. Nous le constatons d’ores et déjà : les travailleurs perdent leurs emplois dans tous les secteurs, mais surtout dans l’industrie de construction, le secteur bancaire, l’automobile, la métallurgie et le tourisme. L’emploi à temps partiel avec des salaires partiels est devenu la règle ainsi que l’aggravation des conditions de travail, les atteintes aux droits et aux libertés syndicaux sans parler des conséquences dramatiques pour les travailleurs migrants forcés de rentrer dans leur propre pays.
Face à cette situation, la FSM et le mouvement syndical de classe ne restent pas les bras croisés. Sur les lieux de travail dans tous les pays et dans tous les secteurs, nous organisons la défense et la contre-attaque en appuyant les justes revendications des travailleurs, en combattant les politiques mises en œuvre par les capitalistes.
À preuve, la récente initiative majeure de la FSM - la Journée Internationale d’Action du 1er avril – qui a été suivie dans 55 pays à travers le monde par des mouvements de grèves, des manifestations et de nombreuses autres activités.La Journée Internationale d’Action contre l’exploitation de l’Homme par l’Homme du 1er avril a montré que les travailleurs du monde entier, unis et bien organisés, ont le pouvoir de mener des actions communes et d’avancer avec confiance dans la lutte pour faire face aux exploiteurs, car leur cause est juste.
Camarades travailleuses et travailleurs,
Le 1er mai 2009, doit être un jour pour une meilleure organisation de notre lutte contre l’exploitation de l’Homme par l’Homme dans le monde. La crise doit être payée par ceux qui l’ont causée et non pas par les travailleurs. Les licenciements doivent être arrêtés et des mesures doivent être prises sans tarder pour protéger les chômeurs et les licenciés. Les licenciés et leurs familles ont aussi le droit de vivre.
La FSM engage les travailleurs et les syndicats du monde entier à avoir confiance dans la force qu’ils représentent. Nous pouvons réussir. Une autre voie est possible. L’exemple de la Révolution cubaine est prometteur. Voilà 50 ans que les travailleurs et le peuple de Cuba mènent le combat contre les impérialistes, cinquante ans de luttes héroïques basées sur des principes, des valeurs, des idéaux. Nous avons des expériences et des leçons que nous ne pouvons ignorer et qui peuvent nous guider. L’heure est à la coordination internationale, à solidarité internationale et à l’action militante.
Travailleurs, chômeurs, immigrés, hommes et femmes sans domicile fixe, petits agriculteurs,
Le 1er mai, jour le plus important pour le monde ouvrier, nous ressentons le besoin d’exprimer notre internationalisme avec la lutte du peuple palestinien qui mène un juste combat. Nous sommes aux côtés des peuples de l’Irak, de l’Afghanistan et du Pakistan qui luttent pour mettre à la porte les troupes étrangères.
Nous sommes résolument solidaires des peuples du Venezuela, de la Bolivie, de l’Équateur et du Nicaragua en lutte, engagés dans des voies nouvelles pour construire leur avenir. Nous unissons nos voix à celles des peuples d’Afrique qui revendiquent l’annulation de la dette des pays africains. Nous saluons la classe ouvrière des pays d’Asie et du Pacifique qui vit dans des conditions difficiles. Nous défendons des positions communes avec les travailleurs des pays arabes qui luttent contre les plans des États-Unis, de l’OTAN et de l’Union Européenne pour le soi-disant Nouveau Moyen-Orient.
Chers collègues,
Dans cette situation internationale complexe et difficile, nous avons besoin de syndicats militants actifs à orientation de classe. Nous avons besoin de syndicats qui sont en première ligne pour la vie des peuples, pour la paix, pour la démocratie et les libertés syndicales.
Nous avons besoin de syndicats qui agissent pour une prise de conscience de la classe ouvrière et qui ouvrent la voie à sa libération de l’exploitation capitaliste. Résolue et ferme, malgré les difficultés, la FSM suivra son parcours.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!