Lundi 21 juillet 2014
Mise sous tutelle du syndicat CGT du Conseil Général du Nord
(voir le blog du syndicat, avec tous les détails croustillants, ICI)
Le syndicat du Conseil Général du Nord, c’est 600 syndiqués, éparpillés dans tous les services du département, l’administration, les collèges, l'action sociale, la petite enfance, la voirie, les infrastructures routières, les transports scolaires, les espaces naturels sensibles, le port de Gravelines, les musées, le tourisme, les relations européennes, l'environnement etc.
Depuis les lois de décentralisation, la fonction publique s’est réorganisée, et plusieurs secteurs, dont les TOS de l’éducation nationale et la voirie ont été rattachés aux départements. Ce qui ne s’est pas fait sans mal, compte tenu des différences de statut comme de culture sociale et syndicale, avec des dizaines de grades différents, des filières différentes, des métiers qui n'ont rien à voir les uns avec les autres, des instances paritaires locales sans pouvoir, la proximité délétère des élus…
Dans le Nord, le syndicat du Conseil Général a une tradition de radicalité, de lutte de classes, et par ailleurs une originalité qui est de refuser les permanents à temps plein, les détachements à 100%. C’est une mesure qui n’est bien entendu pas une garantie absolue, mais qui limite les tendances à la bureaucratisation en imposant aux délégués de rester une partie de leur temps au contact des collègues, sur le terrain de la vraie vie… Ca ne plaît pas à tout le monde, on imagine !
Le Congrès du syndicat a eu lieu le 12 juin dernier et a été l’occasion des grandes manœuvres fédérales, après des mois de conjuration secrète. La direction sortante ne se représentait pas (fatiguée du harcèlement permanent des réformistes syndicaux), mais une nouvelle direction était élue sur la même orientation combattive, plus ouvrière, plus masculine aussi.
Pourtant, la fédé et l’UD avaient mis le paquet : tentatives d’intimidation, pressions sur les votes, le tout au nom d’une supposée iniquité à l’égard de la section de la CGT voirie (le syndicat national PTRI, rattaché à la Fédération de l’Equipement) qui a refusé de rejoindre le syndicat du Conseil Général, alors que le personnel est désormais statutairement décentralisé. Lors des élections de 2008, les camarades du Conseil Général avaient pourtant été corrects – ils le regretteront par la suite - dans le partage des heures de détachement (50% CG, 25% voirie, 25% TOS), mais sans doute pas assez pour le secrétaire de la section PTRI pourtant assuré d'une représentation proportionnelle à son champ de syndicalisation revendiqué (450 /12 700 agents) sur les listes Cgt des élections professionnelles de fin d'année… On a donc vu arriver au congrès une douzaine de gros bras du PTRI CGT pour tenter un putsch et mettre au pas le syndicat de « bonnes femmes », comme ils disaient…. Arrivés trop tard pour saboter le vote et l’élection de la nouvelle direction, dommage…
Tentative qui a donc échoué piteusement… et a donc mené immédiatement (le 3 juillet) à la mise sous tutelle du syndicat au niveau de la fédération. D’autant, et ce n’est pas un hasard, que les élections de la Fonction Publique du 4 décembre se rapprochent : c’est bien là que se négocient les planques et les fauteuils !
Dans la foulée, un des putschistes ratés prenait le contrôle du blog des ASSFAM (petite enfance) et le détruisait complètement, supprimant par la même toute une série d’archives du syndicat, en particulier les documents préparatoires au Congrès du syndicat… Heureusement, le blog du syndicat a pu être protégé avant de subir le même sort !
Nous n’allons pas rentrer dans tous les détails et turpitudes manigancés par quelques militants du syndicat (nous n’osons plus dire « camarades »), en mal de fauteuils de bureaucrates, aidés par le syndicat SNPTRI de l’équipement, de l’Union Départementale du Nord et de la Fédération des Services Publics (jusqu’à Baptiste Talbot).
On revoie jouer une séquence consternante et récurrente dans notre confédération : on n’hésite pas à liquider des syndicats combatifs pour des sièges de bureaucrates, dans les institutions paritaires ou de collaboration. Et quand en plus apparaît le conflit potentiel entre plusieurs fédérations, c’est clair, il n’y a plus personne pour soutenir les militants honnêtes : ils se tiennent tous par la barbichette pour préserver leurs situations et leurs rôles d’experts reconnus et grassement remerciés par les patrons et institutions gouvernementales. Ici, au Conseil Général du Nord, c’est la voirie (et donc la Fédération de l’Equipement) qui est en cause. Dans l’hôtellerie, c’est le nettoyage (et la Fédération des Ports et Docks) qui fait le même sale boulot, encore en ce moment à Lyon à La Professionnelle de Nettoyage (voir ICI). On a vu la même chose dans le passé, quand par exemple la CGT Dalkia a voulu passer de la Construction à l’Energie. On ne compte plus les embrouilles à l’Education. Et ainsi de suite…
Et comme le fonctionnement de la CGT est de plus en plus « verticalisé », de moins en moins fédéral, on l’a vu avec les modifications statutaires votées au 50ème congrès, c’est le support de la remise au pas des militants, syndicats et structures (UL) combattifs et oppositionnels.
Certains imaginent en ce moment voir des contradictions de classe dans la CGT.
Il est sûr que les contradictions s’accroissent et qu’on voit une tendance à l’éclatement de notre confédération. De là à parler de radicalisation de classe… il y a un pas que nous ne franchirons pas si facilement ! Quand une fédération s’attaque impunément à un syndicat de 600 adhérents, avec la logistique et l’appui de l’UD, dans une région pourtant combattive et où il y a nombre de syndicats dits oppositionnels, il y a du souci à se faire !
Aujourd’hui, il faut soutenir les camarades de la CGT du Conseil Général du Nord. Il faut les défendre, faire connaître les sombres manœuvres des collabos et bureaucrates.
Nous invitons tous nos lecteurs à relayer les informations, à visiter le blog (encore vivant !) des camarades et à leur laisser des messages de soutien !
Nous publions ci-dessous quelques morceaux choisis de l’affrontement en cours :
- Le rapport d’activité présenté au Congrès du 12 juin, diffusé aux syndiqués à l’avance, contrairement aux affirmations mensongères du courrier de suspension. Il montre la réalité du travail du syndicat en renvoyant à de nombreux documents concrets. Les putschistes pensaient avoir fait disparaître la réalité et pouvoir ré-écrire l'histoire, malheureusement pour eux, les faits sont là.
- Le courrier des camarades du syndicat, daté du 20 juin, pour répondre aux mesures que la Fédé était en train de prendre. Courrier assez cinglant, qui illustre le degré d’affrontement existant.
- Le courrier de suspension de la fédération du 10 juillet, on trouvera la réponse des camarades du Conseil Général ICI