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13 janvier 2006 5 13 /01 /janvier /2006 10:35
4) La responsabilité sociale des entreprises

Cette conception, déclinée au fil du document, est la suite logique des points précédents. Donc, il nous faut désormais réclamer « un droit d’intervention sur les choix de l’entreprise » (II-86), pour « placer l’économie au service du social » (II-88), puisque le pouvoir au sein de l’entreprise a été « recomposé » en faveur des financiers (II-86) (comme si cela était différent dans le passé !).
On va même plus loin, puisque désormais l’objectif est de développer des « entreprises socialement responsables » (II-151), face au « développement sans précédent de l’irresponsabilité sociale des entreprises » (II-152). Il faut demander des comptes, contrôler les aides publiques (ça, on est pour, bien sûr !), exiger le développement de la recherche, de la formation, de réelles politiques d’investissement, un développement économique durable et responsable etc. etc.
 
Mais bon, sortons du rêve… Par quel miracle, des patrons dont le rôle est de faire tourner des entreprises capitalistes se mettraient-ils à faire du social ? Le capitalisme c’est faire du profit dans le contexte de la concurrence et du marché, grâce à l’exploitation des travailleurs. Il semble que cette notion de base soit désormais bannie à la CGT…
Et comme la concurrence est de plus en plus féroce au niveau mondial, l’exploitation l’est également, qu’il s’agisse des délocalisations, des restructurations, de la précarité, de la flexibilité, des licenciements et du chômage, de la pauvreté, de l’austérité etc. On ne combat pas le marché capitaliste et la concurrence, par les belles idées, le « peace and love ». Tous les travailleurs le savent, les ouvriers en premier lieu, les patrons rigolent quand ils entendent cela !
Imaginez vous, en CE, en DP, ou même en grève, en train de demander cela à votre patron… Pas difficile à imaginer d’ailleurs, regardez ce que fait la CFDT.
 
Nous devons partir des intérêts des travailleurs, et d’eux seuls, car nous savons que les intérêts des entreprises sont définitivement contradictoires. Nous devons revendiquer pour les salaires, contre tous les licenciements, l’embauche des précaires, l’amélioration des conditions de travail, lutter contre toutes les formes de pollution, contester chaque fois que possible les productions inutiles (dont nous ne sommes d’ailleurs nullement responsables !!!), comme il y a des années celles et ceux qui exportaient vers l’Afrique du Sud de l’Apartheid, ou l’armement, ou…
Notre point de départ dans l’activité syndicale n’est pas d’essayer de convaincre le patron d’arriver à un accord (encore une fois, regardez la CFDT). Notre point de départ est que nos intérêts n’ont rien à voir et que tout, absolument tout, nous devrons l’arracher de haute lutte. Soi dit en passant, si on regarde l’évolution de la politique de négociation des patrons dans les entreprises comme dans les branches, ils n’ont rien à faire du bavardage et le discours comme la pratique sont de plus en plus brutaux !
 
Enfin bref. Comment peut-on imaginer qu’une ouvrière ou un ouvrier, un(e) travailleur(se) puisse croire à ce baratin réformiste ? Et bien ils n’y croient pas, tout simplement. Mais le texte risque fort d’être voté au congrès, tout simplement parce qu’on se désintéresse du débat, que de toutes les façons on est contraints de résister pied à pied, et que tous ces beaux discours ne regardent que les dirigeants… C’est une grave erreur, car c’est à partir de cette orientation qu’on nous fera avaler les pires couleuvres, de journée d’action bidon en négociation foireuse, en passant par des signatures pourries.
La syndicalisation et la CGTLa démocratie au coeur des transformations et le Nouveau Statut du Travail Salarié

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