Mercredi 5 mai 2010
Tous les articles de ce blog sur les retraites : ICI
Retraites : toujours rien.
Une journée le 23 mars sur "Salaires, emploi, retraites", depuis, rien.
Un Premier Mai calamiteux, et pas seulement à cause de la pluie. Des manifestations plan-plan, familiales, les retraites à peine évoquées, pas de banderoles, pas de mots d'ordre, la routine, quoi. Il a fallu, une nouvelle fois le cortège des sans-papiers à Paris pour évoquer un soupçon de combativité malgré l'impasse dans laquelle la confédération a enfermé nos camarades. De plus en plus cette lutte sert de vitrine, de caution à la direction confédérale pour masquer son impuissance.
Nos camarades de Philips Dreux résument : "L'an dernier, la forte participation aux défilés unitaires du 1er Mai n'a, en réalité, été que le début de la décrue des impressionnantes mobilisations de janvier et mars 2009...laissées sans perspectives par les directions syndicales. Les appels incantatoires à un "grand 1er Mai unitaire et revendicatif" ne pouvaient que déboucher sur cette mobilisation "en demi-teinte" ("le diagnostic partagé" de quasiment toute la presse...libre, bien sûr, si libre !). Les "partenaires sociaux" pourront donc maintenant en tirer prétexte pour multiplier les concessions au gouvernement ... Quelle heureuse configuration !"
La CGT ose titrer "une étape supplémentaire dans la mobilisation"... mais c'est de la pure langue de bois ! A qui le fera-t-on croire ? Aux militants ? Mais ils ne sont pas dupes... Aux journalistes, aux hommes politiques ? Mais ils savent compter et analyser comme tout le monde... Peut-être alors à tout celles et ceux qui ne font rien ?
"Le gouvernement doit entendre", continue le communiqué. Entendre quoi ? Evidemment entendre "l'opinion", car question mobilisation il n'y a pas de quoi se chatouiller, et en fait il n'y a plus que l'opinion qui compte pour la confédération. Or, c'est vrai, depuis plusieurs semaines, il y a partout un véritable débat sur les retraites, y compris animé largement par les structures de notre syndicat. Partout des rencontres, partout des débats. Les médias s'en sont mêlés, et cette fois de manière plutôt partagée. Et l'opinion, pour y revenir, est absolument contre l'aggravation des conditions de départ à la retraite, ou de montant. Donc, la bataille de l'opinion est quelque part "gagnée". D'où, pour la confédération, "le gouvernement doit entendre"... Car c'est ainsi désormais que la confédération envisage le syndicalisme, une affaire d'opinion et non plus de rapport de force, une affaire de sondages et plus d'action, une affaire de manifestations mais plus de grève. Un syndicalisme d'opinion, pour lequel il suffit de syndiqués, et d'experts pour débattre et convaincre, et non plus un syndicalisme de lutte de classe, appuyé sur des militants, pour faire plier l'ennemi avec un rapport de force construit soigneusement et largement dans la lutte.
Et puis, pourquoi le gouvernement entendrait-il ? Comme si nous vivions dans un monde démocratique et consensuel, où les décisions sont prises par débat raisonnable et approfondi, pour l'intérêt général. Seuls les réformistes les plus indécrottables rêvent à ce monde.
De leur côté, les bourgeois ont des objectifs. De coûts, de productivité, de financement, y compris dans le domaine de la protection sociale et de la retraite. Les bourgeois savent, eux, qu'on ne vit pas dans un monde de Bisounours, mais que c'est la lutte de classe et qu'il faut que ça passe, par la force s'il le faut. Mais quand même, ils préfèrent la diplomatie, et s'emploient à rallier les dirigeants réformistes, à les embrouiller, à leur faire croire qu'on prend en compte leur avis. D'où les rendez-vous à l'Elysée, le renvoi du débat à l'Assemblée en septembre, l'attente le plus longtemps possible pour annoncer le projet précis, juste histoire de renvoyer l'affaire cet été, période propice aux mobilisations, rappelez-vous la réforme de 1993...
Et donc, par voie de conséquence, aujourd'hui, rien. Aucune mobilisation de prévue, enfin, aucune mobilisation sérieuse. Demain, ils se revoient tous, mais on a des doutes, vraiment des doutes...
Est-il vraiment nécessaire d'attendre le détail de la calamité qu'on nous promet ? Ne serait-il pas essentiel, dès à présent, de construire un rapport de force sur nos revendications claires et précises :
Assez d'être détruits par l'exploitation ! Du boulot pour les jeunes ! Les anciens au repos !
Aucune condition de trimestre, la retraite pleine et entière à 55 ans pour tous !
Et plus tôt pour les travaux pénibles...
En attendant, il faut que ce soit FO qui propose une journée de grève générale pour le 15 juin !!! On croit rêver...
Alors, on s'interroge, et quand on lit l'article des Echos ci-dessous, on cerne mieux les choses.Le réalisme syndical, le réformisme confédéral s'affine, au nom de l'unité pour mieux justifier de ne faire que ce que veut la CFDT.
Un article à lire, à faire lire, et à méditer...