Vendredi 11 mars 2011
FN : la grosse Bertha de Bernard Thibault
Franchement, c'est une bonne chose, on ne va pas cracher dans la soupe et c'est une rupture (ce serait encore mieux de l'avouer...) avec l'attitude de ces vingt dernières années. Nous l'avons dit dans l'article précédent, nous le répétons.
Mais nous devons revenir sur le fond de la discussion.
Le coeur de l'adresse de Thibault est dans cette phrase :
"Il n’est cependant pas envisageable qu’au nom de la liberté d’opinion dans la CGT, la CGT puisse être représentée, à quelque niveau que ce soit, par des militants revendiquant par ailleurs publiquement leur adhésion au concept de « préférence nationale » qui est le socle du FN."
"Préférence nationale"... Donc, Thibault affiche clairement et ouvertement son opposition à cette thèse nationaliste, réactionnaire, qui développe l'unité nationale avec les exploiteurs contre la lutte des classes.
C'est une bonne nouvelle.
Car comme on le dit un peu vulgairement, la Conf' n'a pas "le cul propre" !
Concernant la régularisation des camarades sans-papiers, depuis l'origine la Direction confédérale (Francine Blanche en tête) a justifié cette régularisation par les besoins de l'économie nationale. De glissement en glissement, elle a accepté la régularisation par le travail sur les critères fixés par le gouvernement, selon les priorités décidées par le gouvernement. "Préférence [de l'économie] nationale" dans le tri sélectif des camarades régularisés et de ceux qui ne répondront pas aux critères...
Concernant la lutte pour l'emploi, et en particulier face aux délocalisations (en Asie, dans les pays de l'Est etc.) la direction confédérale n'a strictement rien à proposer, parfaitement intégrée à la logique "nationale" de défense de l'économie. Alors que l'heure serait à la centralisation et à la mondialisation de la lutte ouvrière contre l'ennemi commun, on voit revenir le "Fabriquons Français", la défense de la "préférence nationale" en matière économique, Bernard Thibault l'a lui même affichée face aux Molex il y a deux ans.
La "préférence nationale", ça ne se découpe pas en morceaux. Il n'y a pas d'un côté le "caca" du FN qu'il faut combattre sans concession sur le plan humain, et de l'autre dès que l'on parle économie, une "préférence nationale" qui serait plus ou moins légitime. Dans un pays impérialiste comme la France, parfaitement intégrée à la mondialisation de la guerre économique, liée étroitement au colonialisme, au pillage, à l'écrasement et à la domination des peuples, à l'immigration contrôlée et surxexploitée selon les besoins de l'économie "nationale", la Nation n'a plus aucun rôle progressiste, c'est un étandard réactionnaire qui divise les prolétaires, en France même bien sur, mais au plan mondial également.
Alors, c'est clair : finissons-en définitivement avec la "préfrence nationale", pour la solidarité internationale des prolétaires, pour en finir avec la mondialisation capitaliste, pour une révolution mondialisée !