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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 15:24
Lundi 6 avril 2009
Suites du 19 mars et du 29 janvier : le point de vue de la Conf'

Nous avons reçu (comme beaucoup) l'introduction de Maryse Dumas lors de la réunion nationale du 1er avril. On le trouvera en intégral en cliquant sur l'icône pdf ci-contre.
C'est juste consternant, limite poisson d'avril. Pour justifier l'inaction et l'attente, on accumule contorsion et mauvaise foi. Nous invitons absolument nos lecteurs à lire l'intégralité de ces huit pages, c'est édifiant.

Reprenons quelques arguments :

"L’enjeu du 1er mai est de retrouver à la fois le plus gros des forces de janvier et mars et d’y additionner tous ceux toutes celles qui n’ont la possibilité ni de faire grève, ni de déposer une RTT : les salariés, les demandeurs d’emplois, les retraités, les jeunes, les familles. Il y a la possibilité de réussir une mobilisation gigantesque qui, parce qu’elle intervient dans le processus que je viens de décrire, constituera un pas de plus dans un rapport de forces dont la durée et la profondeur mettent déjà les dirigeants politiques et économiques de notre pays sur la défensive."
Deux commentaires :
  • Il ne s'agit plus de mobiliser à partir des grévistes, mais des non grévistes. On ne construira ainsi rien de solide et de durable, pour gagner.
  • On va mettre les dirigeants politiques et économiques sur la défensive. Bien sûr il y a une certaine crainte des explosions, c'est ce qu'on a entendu à tour de radio autour du 19 mars : "il faut que les syndicats canalisent le mécontentement pour éviter les explosions incontrôlables". C'est ce qui est écrit plus loin : "Les militants de la CGT savent d’expérience les impasses de formes de luttes qui obéissent plus à la colère et au désespoir qu’à la construction d’un rapport de forces durable construit pour gagner". Gag ! Gagner, mais comment ? Tout cela n'arrête rien, cela n'est qu'une soupape qui lâche la pression tous les deux mois, et en attendant, les restructurations avancent. Et convergence du discours confédéral et du discours patronal ou gouvernemental...
"Si on se projette, sur l’après 1er mai, et, en tenant compte des mobilisations européennes, des ponts de l’ascension et de Pentecôte et des élections européennes du 7 juin, il n’y a pas beaucoup de week-ends disponibles. Mais à chaque jour suffit sa peine, un jour après l’autre, une mobilisation après l’autre. Réussissons le 1er mai, on sera ensuite dans une situation nouvelle."
Ben voyons, on a au moins le mérite de la lucidité. Trois journées d'action en un semestre, et basta, rendez-vous en septembre.

"Les militants de la CGT savent d’expérience les impasses de formes de luttes qui obéissent plus à la colère et au désespoir qu’à la construction d’un rapport de forces durable construit pour gagner. Mais nous ne nous trompons ni de responsable ni d’adversaire.
Nous ne confondons pas non plus, ces actions qui émanent de façon presque spontanée de salariés qu’on prive d’avenir, avec des constructions qui pourraient relever de stratégies politiques visant à délibérément créer des tensions, des violences non seulement inutiles mais dont les conséquences seraient très lourdes aussi bien pour les salariés concernés qu’au regard des possibilités de mobilisation de masse.
Faisons bien attention à ne pas, sous le même terme de « radicalisation » confondre des comportements et des formes d’intervention ne relevant ni des mêmes logiques ni des mêmes issues.
Certains, une extrême minorité, marquée politiquement le plus souvent critiquent le caractère qu’ils jugent « plan-plan » des mobilisations de janvier et de mars, qualifiées de « sauts de puce », de journées « saute-mouton », et j’en passe ;
Mais, outre le fait qu’aucune autre force que le syndicalisme uni, n’a démontré de capacité à mobiliser au-delà de quelques milliers de personnes, quand celui-ci en met plusieurs millions dans la rue, il nous faut aborder franchement les questions abordées sur la tactique adoptée.
Des camarades pensent et disent qu’il faudrait « battre le fer tant qu’il est chaud » et rapprocher les temps forts interprofessionnels.
C’est sous estimer les temps de préparation et de déploiement nécessaires, particulièrement du fait de notre insuffisance d’implantation syndicale."

En un retour de cuiller, voilà la mobilisation de fond, la préparation d'un affrontement radical et efficace contre le MEDEF et le gouvernement balayée au nom de la syndicalisation insuffisante. Incroyable, aucun autre argument. Par contre un bon gros paragraphe pour nous alerter sur les dangereux gauchistes ("terroristes" ???) prêts à manipuler la colère ouvrière au profit de stratégies inavouables. On croit se retrouver dans les belles années 70/80, au début des restructurations dans la sidérurgie et le bâtiment, quand la confédération dénonçait les autonomes et syndicalistes radicaux...
Par contre, la stratégie réformiste est clairement affirmée, clairement "avouée" : pas de généralisation, mettre la pression pour amener le gouvernement à "négocier", et surtout, surtout, rien de plus !!!
Nous qui croyions qu'un conflit partait des secteurs les plus mobilisés (par exemple l'automobile) pour entraîner la masse des révoltés et ensuite tous les mécontents, syndiqués ou non, voilà qu'on nous présente une logique inversée. Il faudrait syndiquer à froid, ensuite mobiliser, alors que, évidemment, chacun d'entre nous sait que c'est à l'issue d'un conflit bien mené que l'on syndique, lorsqu'on a fait la preuve de son efficacité, et même si on n'a pas gagné.

Enfin, pour conclure cette brève et inviter nos lecteurs à méditer l'intégralité du document, une citation qui mérite réflexion :

"Ce que nous entreprenons avec la déclaration commune du 5 janvier est d’une toute autre nature. Nous ne demandons pas le retrait d’un projet mais des négociations sur des sujets très larges cohérents portés et entre eux, ressentis comme des alternatives aux politiques économiques et sociales de gestion de la crise. Cela ne s’obtiendra pas en un jour, aussi fort soit-il."
Nous ne demandons pas le retrait d'un projet, mais l'ouverture de négociations, voilà ce que disent nos dirigeants. Pas le retrait de la loi Pécresse. Pas le retrait du plan Hopital 2009 et 2012. Pas le retrait de la LRU. Pas le retrait des plans de licenciements. Pas le retrait des centaines de milliards d'euros versés aux capitalistes. Non. Pas de contenu. Pas de plateforme, pas de mots d'ordres.

Simplement que le gouvernement accepte de "discuter", ce qu'il va s'empresser de faire d'une manière ou d'une autre, histoire de laisser passer le temps en attendant  l'été.... Pas de plateforme précise, cela a l'immense avantage d'empêcher les travailleurs de contrôler leur mouvement, de mesurer ce qui a été gagné et ce qui ne l'a pas été.

En Guadeloupe, le LKP avait une plateforme extrêmement détaillée de près de 120 points. Ici, rien, simplement accepter de parler. Cela permet aux directions réformistes tous les mensonges, d'affirmer que le pouvoir est sur la défensive, que les journées du 29 janvier et 19 mars ont déjà porté des résultats (on se demande bien lesquels, et pourtant Chérèque ne cesse de le répéter...). Cela permet d'éviter de donner des échéances ("tout cela ne s'obtiendra pas en un jour"...), de faire traîner, d'éviter à tout prix la radicalisation de la lutte.

Au contraire les syndicalistes de classe doivent avancer une plateforme, quelques mots d'ordre précis, significatifs et  mobilisateurs, à partir desquels ils vont organiser le mouvement, gagner les grévistes et juger des résultats obtenus. C'est le B-A BA du syndicalisme et de la lutte.
On ne lutte pas "en général", pour le plaisir, pour donner un chèque en blanc à des négociateurs. On lutte pour NOS revendications, qui correspondent à NOS besoins dans cette période de crise du capital, crise dont nous sommes la chair à canon, alors que nous n'en avons absolument aucune responsabilité.

Et n'en déplaise à nos réformistes, oui, trois fois oui, "Il faut battre le fer quand il est chaud " ! Sinon, on ne récolte que découragement et démobilisation des secteurs les plus combatifs, les seuls capables d'entraîner un mouvement victorieux, à l'image des jeunes contre le CPE seulement soutenus par les syndicalistes de classe et abandonnés par les confédérations.

Pour contenir la colère des secteurs les plus mobilisés et les plus déterminés (comme l'automobile), il va y avoir des mobilisations partielles, en  morceaux, par région... Ce sera en tous les cas le lieu où il va falloir intervenir, et en force, à l'image de la mobilisation pour le Mondial de l'Automobile !

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commentaires

M
Pour info "loi Pécresse" = "loi LRU" ;-)
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E
<br /> Aïe, aïe, aïe... voilà ce que c'est de ne pas être parfaitement au courant de tout, surtout quand on n'est pas dans le monde de l'enseignement... Désolé pour la boulette, on dira que ça fait<br /> doublon, juste histoire d'insister !<br /> <br /> <br />