Mercredi 3 mai 2017
La CGT vote Macron sans oser le dire !
Avec le deuxième tour, les contradictions politiques s’exacerbent, y compris dans nos rangs. C’est le rouleau compresseur politicien, le consensus anti Le Pen dans les médias, les syndicats, les partis traditionnels… Ce sont les insultes si on ne veut pas voter, les amalgames si on veut rester sur une position de classe.
Qui a créé Le Pen ? La loi Valls de décembre 2012 renforce la loi Besson, l’affaire Leonarda en 2013, on a eu droit à un projet de déchéance de la nationalité en 2015, au démantèlement de la Jungle de Calais, au refus d’accueillir les migrants etc. Qui a rejeté les ouvriers dans l’abstention, loi anti-ouvrière après loi anti-ouvrière, ANI, CICE, Pacte Responsabilité, Lois Rebsamen, Macron et El Khomri ? Qui a dézingué année après année la santé et l’éducation des secteurs populaires ? Qui quadrille les quartiers, a tué Adama, violé Théo ? Qui ne cesse de repousser l’âge de la retraite, augmente la précarité et la flexibilité, accroît la pénibilité et la souffrance au travail ? Tous les gouvernements successifs, les uns après les autres, ont été pires que les précédents.
Le rejet du vote Macron n’est pas du fait de dangereux gauchistes irresponsables. C’est juste la récolte de ce qui a été semé ces dernières décennies. Macron, c’est la fusion Sarkozy+Hollande, ouvertement, explicitement, comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ? C’est sur ce fumier répandu couche après couche que Le Pen a fructifié, sur la haine, le patriotisme et la décomposition politique.
Alors, non, on ne peut pas dire que Macron c’est « comme » Le Pen, c’est excessif, caricatural et ça ne convainc pas. Les migrants, nos camarades immigrés avec ou sans papiers sont là pour nous le dire, et donc, même si nous comprenons le message, nous ne partageons pas l’affiche de Info Com’ (ci-contre).
Par contre, oui, il est correct de parler « du pire et du moins pire », et de refuser de rentrer dans ce choix.
De refuser, une fois de plus, de nous laisser manipuler, insulter, pour valider l’exploiteur que nous allons subir – et durement – dans les années à venir.
On nous a déjà fait le coup en 2002, n’est-ce pas, et on en est où quinze ans après ? Il est temps de refuser la logique du « moins pire », qui n’est que la logique de la soumission, il est temps de reprendre nos affaires en mains, qu’il s’agisse du combat syndical, solidaire dans les associations ou de l’organisation politique.
Alors, oui, nous partageons l’appel de Front Social (le collectif regroupant des syndicats CGT, SUD et autres) appelant à refuser de se prononcer Macron ou Le Pen, et qui appelle à manifester dès le 8 mai pour s’opposer à la réaction en marche.
Oui, nous invitons tous nos lecteurs à signer la pétition « Ni peste ni choléra », lancée par des cheminots de SUD Rail, même si certaines formules sont un peu excessives. Car dans la période actuelle, c’est une démarcation forte et juste. [Mise à Jour 6 mai : la pétition n'est pas issue de Front Social, comme nous le pensions, mais initiée par des cheminots, ce qu'ils viennent de nous préciser. Dont acte]
Car au fait, elle en est où la Confédération ?
Après le premier tour, un communiqué appelle à « faire barrage à l’extrême droite et lutter pour le progrès social et la démocratie ».
On en a ras le bol de la langue de bois politicienne ! Ça veut dire quoi ça ? Mais on fait quoi ? Bon, on ne vote pas Le Pen, bien sûr. Mais après ? On vote Macron ou pas ? Ambiguïté, double interprétation, c’est l’auberge espagnole où chacun peut s’y retrouver (idem pour Mélenchon d’ailleurs). Bien pratique...
Certaines structures ne se sont pas embarrassées de cette subtilité et ont dit les choses – et c’est mieux. L’UD 31 appelle à faire barrage « dans les luttes et dans les urnes ». Bon, voilà, c’est dit, l’UD réputée combative (?) appelle à voter pour l’instigateur des lois anti-ouvrières du précédent quinquennat…
Au fil des jours, et plus la tension monte, plus la position devient intenable, d’autant qu’il y a un véritable courant (il suffit de voir le résultat de la consultation des Insoumis, seulement 35% des participants disent qu’ils vont voter Macron !) qui ne veut définitivement pas se rallier au bourgeois libéral.
Alors Martinez monte au créneau et de glissement en glissement devient de plus en plus clair. Sur Europe 1 (voir la vidéo), il a dénoncé nettement les initiateurs de Front Social et Info Com’, ouvertement dénoncé le ni-ni, ce qui revient sans le dire à appeler à voter Macron. Mais pourquoi donc ne le dit-il pas clairement et ouvertement ? Cela aurait le mérite de la clarté, sans langue de bois ! Ah oui, ça ferait quelques soucis dans notre syndicat...
Il y a un moment où il faudra en finir avec ces ambiguïtés pourries, cette langue de bois de merde… Où il faudra appeler un chat un chat et Martinez un opportuniste réformiste, probablement sous influence du PC qui cherche avant tout à ménager ses fauteuils législatifs et municipaux (Laurent s’est empressé d’appeler à voter Macron, dès le 23 avril !)…
[Mise à jour 15h] On découvre la pétition des syndicalistes CGT appelant à voter Macron, et où ? Dans l'Humanité... Alors Philippe, ça te démange ?
[Mise à jour 5 mai 16h45] Martinez vient de passer le cap et d'appeler ouvertement à voter Macron : "Je souhaite que Marine Le Pen fasse le score le plus bas possible. Et que Macron fasse le score le plus haut possible". Voilà qui est clair, et on saura lui rappeler !
Dimanche on ne vote pas !
Et on continue, dès aujourd’hui, le combat pour l’égalité des droits et contre le racisme avec les camarades immigrés, les jeunes des quartiers, pour l’accueil des migrants, le combat contre l’amiante (Arcelor, Fonderies du Poitou, DCN, RATP…) et contre la pénibilité du travail, le combat contre la précarité et la flexibilité, contre la répression partout et la justice nulle part, contre tous les volets de l’exploitation capitaliste, contre le chômage et la misère, contre les expulsions de logement, bref contre ce « système » d’exploitation d’une classe par une autre !
commenter cet article …