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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 09:15

Samedi 12 octobre 2013

Contre tous les Latécoère du monde, solidarité ouvrière ! [bilan d'une tournée]

 

A Toulouse, le mercredi 18 septembre, à l'appel du Comité de Soutien aux Luttes du Peuple Tunisien, dont est membre l'OCML-Voie Prolétarienne, s'est tenu le meeting « Solidarité internationale : la voie des luttes victorieuses ». Il faisait suite à plusieurs rencontres à Paris et Amiens. Dans le cadre de cette tournée en France, deux syndicalistes de l'usine Latelec de Fouchana, en Tunisie, sont venues témoigner de leur lutte qui dure depuis plusieurs années ("Latécoère : deux syndicalistes tunisiennes de LATelec en tournée en France").

 

Filiale du groupe français d'aéronautique Latécoère, l'usine de Latelec se trouve dans la banlieue de Tunis. S'appuyant sur les mouvements de protestation qui secouent le pays en 2011, un syndicat UGTT (Union Générale des Travailleurs de Tunisie) est créé dans l'usine en mars de la même année. S'ensuit alors une lutte des ouvrières pour l'encadrement des heures supplémentaires, le respect des normes d’hygiène et de sécurité, l'augmentation des salaires… La direction de l'usine ne recule devant aucun procédé pour faire taire toute contestation : harcèlements, menaces, tentatives de corruption, mises à pied, violences – puis licenciements abusifs de 11 travailleuses, dont les 3 déléguées syndicales. C'est cette lutte que Sonia Jebali et Monia Dridi, déléguées syndicales licenciées de Latelec, sont venues partager lors de cette soirée.  La lutte de ces ouvrières résonne d'autant plus ici car c'est à Toulouse que se trouve la maison mère de Latécoère. Multinationale déjà connue localement pour sa politique de répression syndicale. Les deux ouvrières invitées ont pu évoquer leurs conditions de travail et leur lutte acharnés dans leur usine. Elles ont raconté comment Latelec, prétextant d'une trop forte activité syndicale, a relocalisé la production en France (voir la vidéo ci-contre).

 

Pendant le meeting, un syndicaliste CGT de Latécoère a pris la parole pour se dire solidaire des ouvrières de Fouchana. Il a ironisé sur le fait que son syndicat ne soit pas présent à ce meeting. En effet, dans la CGT, le chauvinisme a encore de beaux jours devant lui…

La Fédération de la Métallurgie CGT (FTM) était initialement partie prenante de cette tournée et s’est dégagée en deux temps, d’abord en refusant de participer à celle-ci, ensuite en refusant même que les structures locales puissent s’y associer !!! Aucune raison officielle, silence dans les rangs… A nouveau sans raison, la CGT refusait ensuite une table au Comité de Soutien lors du meeting sur les retraites à Toulouse le 11 octobre... Le prétexte (car il ne peut s’agir d’autre chose que d’un prétexte…) c’était que seule une usine de Latelec était en grève sur les deux, et que la CGT ne voulait pas s’ingérer dans les affaires internes de l’UGTT… Le camarade de Latécoère a sauvé l’honneur de son syndicat par ses déclarations carrées, et d’ailleurs on a pu constater, ailleurs, que ce boycott ne passait vraiment pas, comme le manifeste l’affiche syndicale de la CGT Dassault à Argenteuil (ci-contre).

Le sens de cette tournée, c’était bel et bien la solidarité ouvrière internationale, et c’est cela qu’il faut faire vivre ! Nous allons éclaircir les raisons véritables de ce boycott de la FTM et nous en reparlerons.

 

La solidarité internationale, c'était le sens des interventions des militant(e)s de Voie Prolétarienne, à Paris comme dans ce meeting de Toulouse. Ici, c'est un camarade ouvrier dans l'aéronautique qui en a rappelé l'importance illustrée par l'accueil des deux camarades de Latelec. Il a pointé du doigt l'impasse chauvine  du « produisons français » et du patriotisme économique qui se répand sournoisement parmi les partis politiques comme au sein de la CGT. Cette revendication amplifie la concurrence entre les travailleurs, ici en France et à travers la planète : quel sens prend-elle dans le cas de Latécoère ? Faut-il approuver la fermeture de l’usine en Tunisie et la relocalisation de la production à Toulouse, au nom de la défense de l’emploi ? Est-ce là la raison cachée du boycott de la FTM ? Et si l’on prône la solidarité internationale, en particulier avec les camarades de Latelec, ne faut-il pas être cohérents et refuser tout chauvinisme qui ne mènera le mouvement ouvrier qu’à sa perte ?

 

Evidemment, ça n'a pas fait l'unanimité dans la salle, mais c'est comme ça qu'on avance. On a d’ailleurs été surpris  par l’attitude du représentant du journal Fakir (pourtant co-organisateur de la tournée !) qui s’est violemment opposé à Paris à une prise de parole d’une représentante de Voie Prolétarienne pour affirmer « que la solidarité internationaliste » n’existe pas !!! Etonnant, et carrément plombant, on se demandait pourquoi on était là ! On notera que c’est cohérent avec le projet initial d’affiche proposé par le même journal Fakir pour annoncer la tournée, qui titrait de manière provocatrice « Prolétaires de tous les pays, déchirez-vous » ! Heureusement que c’est resté à l’état de projet, puisque c’est devenu « Travailleurs du Sud et du Nord, résistons ensemble ! »… là on s’y retrouve mieux !!! Cela dit, cette intervention pour le moins surprenante du journaliste de Fakir a provoqué l'incompréhension des présents, en particulier des camarades tunisiens de l'UGTT présents dans l'assistance...

 

Néanmoins, au final, les camarades de Latelec sont reparties, heureuses de voir que notre solidarité existe bel et bien (quoi qu'en disent certains), qu'elle n’est pas basée sur un quelconque humanisme, mais sur le sens commun d’un combat partagé contre le même ennemi. Comme le disait Mouna (voir dans la vidéo), contre tous les Latécoère du  monde, solidarité ouvrière !

 

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