Xavier Mathieu est décidément l'homme de la rentrée. Et franchement, entre nous, c'est pas mal du tout, et ça nous change de la langue de bois habituelle... Quoi donc ? Thibault a préféré aller à l'université d'été de la CFDT plutôt qu'à celle du NPA ? La belle affaire, il est à sa place, non ? Quelque fois, on ne comprend pas bien les camarades du NPA qui pleurent aujourd'hui sur son absence avec eux...
Bon revenons à Xavier Mathieu qui vient de nous offrir un nouvel entretien avec Le Monde cette fois. Et au fil des discussions, sa pensée se précise, s'éclaire.
Xavier, c'est un ouvrier, un combattant, un guerrier, un frère de classe. Qui parle avec ses tripes aussi bien de l'âpreté du combat, que de la fraternité et de la chaleur humaine de la lutte. Comme il le dit, "je ne sais pas si les gens qui me critiquent peuvent me comprendre". Et bien, nous on te répond : non mon camarade, non, ils ne peuvent tout simplement pas comprendre, parce que ce que tu décris, c'est un sentiment de classe, qui vient du plus profond de la résistance à l'exploitation, à la solidarité commune forgée dans la sueur et le sang, dans le feu de l'action. Et quand tu es de l'autre côté de la barricade, c'est quelque chose que tu ne peux même pas imaginer.
Le journal "Le Monde" ne souligne que l'abandon des délégués par la Conf'. Bon, franchement entre nous, c'est pas un scoop - c'est le pain quotidien de tous nos camarades, à quelques exceptions symboliques que la Conf' décide de monter en épingle pour sa propagande.
Mais nous, sur ce blog, on a vu quelque chose d'autre de très important dans cette dernière déclaration :
"J'ai juste un conseil à leur donner : c'est d'arrêter de penser que tous ceux qui sont en colère sont manipulés par l'extrême gauche. Ça, c'est le même discours que l'UMP. Et franchement, ce n'est pas très respectueux de la classe ouvrière, de penser que nous sommes des moutons incapables de nous battre tout seuls.
On vous a pourtant accusé de rouler pour le NPA d'Olivier Besancenot...
Ça fait quatre mois et demi qu'on nous répète les mêmes conneries. A la CGT de Continental Clairoix, il n'y a aucun encarté, ni au NPA, ni au PC, ni à LO. Aucun. C'est la mode : dès qu'on n'est pas content, on est taxé d'être d'extrême gauche. Je suis allé à l'université d'été du NPA parce qu'ils m'ont invité.
J'avais dit, à l'époque où différents partis nous avaient soutenus, que j'étais prêt à venir parler de la lutte des Conti. Je l'ai fait pour Lutte ouvrière en juin, je l'ai fait au NPA, je le ferai le 12 septembre à la Fête de l'Humanité. Si les Verts, le PS ou le PRG me le demandent, je le ferai.
Mais mettre dos-à-dos les politiques et les syndicalistes, c'est de la connerie. Quand Thibault demande l'interdiction des licenciements ou la hausse du SMIC, ce n'est pas de la politique ? Est-ce que Bové n'a pas été syndicaliste avant d'être homme politique ? La CGT reproche ça uniquement si tu n'es pas au Parti communiste, tout le monde le sait. Thibault refuse d'aller au NPA, mais il va bien à la Fête de l'Huma. S'il ne veut pas faire de politique, il n'a rien à y foutre. Comment on peut dire, si on est syndicaliste, qu'on ne fait pas de politique ? Le syndicalisme, c'est de la politique ou alors je comprends rien."
Et oui, le camarade Xavier a bien raison, et les syndicalistes de classe feraient bien de méditer sur ce qu'il dit. Par les temps qui courrent, et vu ce que sont les politiciens traditionnels, il est de bon ton parmi nous de se méfier de la politique, de prétendre en rester au plan syndical, très combatif, très radical, mais surtout pas politique.
Nous, sur ce blog, depuis l'origine on dit le contraire : pour construire le syndicalisme de classe, il faut d'abord être politique, très politique. Il faut faire le tri dans la confusion ambiante. Il faut débattre, polémiquer, construire. Depuis le début, c'est un blog politique sur le terrain syndical que nous avons construit, animé par des militants politiques, même si ce blog est ouvert et large.
Depuis le début, ce blog refuse l'empilage des communiqués et déclarations (que l'on peut trouver un peu partout...) et s'attache à donner un sens à l'action syndicale, à construire une orientation, à organiser autour de cette orientation. Et c'est cela que l'on va retrouver au fil des articles, des dossiers.
Nous ne sommes pas consensuels, nous savons qu'il y a des sujets qui fâchent. Et quand nous cherchons l'unité, c'est parce qu'à un moment donné, il est important, il faut qu'elle apparaisse, mais nous n'accepterons jamais qu'elle se fasse n'importe comment.
Xavier Mathieu est un véritable prolétaire de classe. Quand il nous dit "que tout ça ce n'est pas très respectueux de la classe ouvrière", nous les ouvriers comprenons très bien ce qu'il nous dit. Comme si nous n'avions pas le droit de penser par nous même, différemment de la pensée unique habituelle qu'on nous distille à la télé...
Camarades syndicalistes de classe, il est temps de méditer ce que vient de nous dire Xavier : "Le syndicalisme, c'est de la politique". Et nous rajoutons, "c'est par la politique qu'on s'en sortira, pas autrement !".