Dossiers

29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 19:30
Lundi 29 Septembre 2008
Du nouveau sur la CGT et les sans-papiers !

Manifestement, la direction confédérale avance sur son terrain et dans son sens, une nouvelle note confédérale est sans ambiguïté.

On nous a beaucoup reproché notre critique virulente que nous en faisions, au prétexte que, quand  même, la CGT est active sur le sujet. Evidemment, et sans aucun doute. La question est de savoir dans quel sens on va, et avec quel orientation. Car nous ne sommes pas de ceux qui disent que seul compte le résultat, peut importe de savoir comment !
Et en plus, le résultat dont se gargarise Thibault lors de son meeting de rentrée au Zénith jeudi dernier ne donne pas de quoi fouetter un chat : 1000 régularisations sur 1700 dossiers déposés... Mais pas un mot sur les dossiers de la CSP 75 et de la Bourse du Travail, pas un mot des conflits pris en charge par les SUD et la CNT (comme l'occupation récente de la multinationale du nettoyage ISS) etc... Et surtout, que sont 1700 dossiers relativement aux dizaines de milliers de sans-papiers qui travaillent comme des esclaves dans notre pays ? Comment sont pris en charge les travailleurs sans-papiers isolés ? Comment se fait-il que les structures de la CGT (UL, UD etc.) soient laissées livrées à elles-mêmes, sans consigne précise autre que de répondre précisément aux critères Hortefeux dans le dépôt des dossiers ?

Dans deux articles précédents, nous notions l'évolution de la Confédération sur le sujet. Lors de la manifestation anniversaire des Saint-Bernard, un tract confédéral défendait explicitement la régularisation sur les critères de la circulaire. Plus récemment, lors de l'occupation de la Tour d'argent, une déclaration de Francine Blanche (responsable du Bureau confédéral en charge du dossier) parlait d'une application raisonnée des critères de la circulaire. Ah, on nous a beaucoup critiqué sur notre virulence à l'égard de la direction confédérale !
Et bien, nous venons de recevoir une note signée de la même Francine Blanche, datée du 25 septembre qui est parfaitement explicite et décrit par le détail les procédures pour répondre aux critères, de manière "harmonisée, banalisée et apaisée" citation explicite du document. D'une certaine manière, la confédération arrive à ses fins : négocier directement avec le gouvernement. Mais à quel prix ? Au prix de l'acceptation des critères définis par Sarkozy/Hortefeux.
On note également une forme de "connivence" explicite entre le ministère et la direction confédérale quand il s'agit des sans-papiers qui ont une OQTF, ou d'autres placés dans les CRA : seuls sont abordés les cas de ceux qui sont sur les "listes" de la CGT... C'est assez grave pour être souligné...


COMMUNIQUÉ DE LA CNSP
Les sales dessous de cartes de la loi Sarkozy sur l’immigration
L’apartheid en matière d’embauche et de contrat de travail !
Lettre Ouverte aux syndicats : CGT, CFDT, FO, FSU, SUD, UNSA, CGC, CFTC, CNT, des Avocats, de la Magistrature, etc.

« Afin de me permettre de poursuivre l’instruction de votre dossier de demande de titre de séjour, je vous serai obligé de bien vouloir me transmettre par retour de courrier : le contrat de travail (en trois exemplaires) que je vous envoie par courrier afin de l’établir par une entreprise qui se trouve dans le Nord uniquement, ainsi que l’engagement du versement de la redevance auprès de l’Anaem. Je prends soin de vous préciser que la durée de ce contrat, pour être validé par la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi, ne peut être inférieur à un an ».

Voilà ce qu’écrit maintenant la Préfecture du Nord à des ex sans-papiers annoncés régularisés à qui elle a établi un récépissé autorisé à travailler en attendant la carte d’un an.
En d’autres termes : l’État annonce que M ou Mme X est régularisé, remet à la dite personne un récépissé autorisé à travailler en attendant l’établissement de la carte d’un an, puis trois ou six mois après, au moment du renouvellement du récépissé, lui envoie un courrier discriminatoire qui l’assigne à résidence dans le Nord sur le critère de l’emploi et lui impose un CDD d’un an pour lui renouveler son récépissé de régularisation.
Si Sarkozy/Hortefeux ont été obligés par les grèves et occupations des entreprises dans la restauration des sans papiers CGT à enclencher la dite « régularisation sur le critère travail », il est clair que même celle ci est ici marquée par le racisme d’État qui consiste à enchaîner le travailleur sans papiers à « son » patron en toute infraction au Code du Travail.
Pour la République française, version Sarko/Hortefeux, le statut administratif légal du travailleur sans papiers est décidé par le patron d’une entreprise de la Préfecture considérée et par le CDD d’un an que le même patron accepte de donner au travailleur sans papiers.

Tels sont les nouveaux principes et valeurs de la Démocratie Libérale. Sarko/Hortefeux n’ont en fait rien inventé, ils ne font que dépoussiérer les recettes de l’apartheid qui a régné en Afrique du Sud que d’aucuns pensaient révolu.
Remplacer « l’immigration familiale » par « l’immigration de travail », telle est le fond ségrégationniste de « l’immigration choisie ». L’intention cachée est d’en finir avec la carte de séjour vie privée et familiale, donc la carte de résident de dix ans pour lui substituer des titres de séjour précaires allant de trois mois, six mois, un an, trois ans non automatiquement renouvelables.
Cette grave atteinte raciste au droit au regroupement familial est cohérente avec la mise en place hypocrite et dangereuse d’un « Ministère de l’identité nationale » communautariste et donc raciste qui désigne sans le dire les noirs, les africains, les maghrébins, les musulmans comme « menace et l’ennemi intérieur » à la France (sic !).
Cette dérive racialiste conduit le gouvernement à même imposer une « période d’essai » de quatre ans environ pour l’obtention de la nationalité française par mariage et de plus de deux ans pour un titre de séjour. Elle est aussi à l’origine de la fin annoncée et pratiquée du Droit d’asile en France, et dans l’UE.
C’est ainsi qu’il devient possible dans la France d’aujourd’hui qu’un étranger résident retraité fasse le regroupement familial, mais décède pendant que son épouse et ses enfants attendaient l’établissement de leurs titres de séjour de dix ans et se voient opposer par la préfecture un refus de séjour, un mois et demi après le décès du papa retraité, pour, tenez vous bien « absence de vie commune ». Ce genre de situations ubuesques et scandaleuses se multiplient et deviennent la marque déposée de l’ère Sarko/Hortefeux.

La CSNP appelle tous les partenaires syndicaux, associatifs, les forces politiques de progrès et les citoyens en France :
- à dénoncer l’actuelle transformation raciste de la République française ;
- à exiger l’abrogation de toutes les dispositions et pratiques d’État qui discriminent les travailleurs sans papiers régularisés sur la base du « critère travail », notamment la dépendance du sort administratif de l’étranger aux intérêts du patronat ;
- à demander le respect du Droit d’asile ratifier par la France, le respect du statut vie privée et familiale et du droit à la carte de résident de dix ans.

La CNSP appelle l’opinion publique, les citoyens et les gouvernements des pays d’émigration à exiger le respect des droits et de la dignité des étrangers, notamment de leurs compatriotes expatriés en France.
La CNSP se souvient et rend encore une fois un hommage solennel aux militants décédés qui ont été des symboles du combat qui continue pour la régularisation de tous les sans papiers : Romain Binazon, Professeur Léon Schwartzenberg, l’Amiral Sanghinetti, le chanteur populaire Denis Cacheux, etc.
Fait à Paris le 17 septembre 2008
Autre chose. On l'a dit, la CGT est passée de la régularisation de tous les sans-papiers à seulement celle des travailleurs sans-papiers, et désormais seulement à celles répondant aux critères Hortefeux. Rares ont été celles et ceux qui ont noté, comme nous l'avions fait, que cela aboutissait de fait à la disparition de la régularisation sur critères familiaux ! Un communiqué de la CNSP est parfaitement clair à ce propos (voir encadré ci-contre...), hormis le fait qu'il ne s'agit nullement d'une politique "raciste", mais d'une intégration parfaite à la logique de la gestion de la main d'oeuvre, dans le cadre des besoins du capitalisme, les "métiers sous tension" comme le répète joliment la note de Francine Blanche déjà citée... Par ailleurs, la CGT ne s'est jamais prononcé sur cet aspect du mot d'ordre de "régularisation par le travail", aspect pervers, certainement assumé puisque le mot d'ordre de "régularisation de tous les sans-papiers" est désormais banni des positions officielles...

Pourtant, on ne saurait trop le répéter, les sans-papiers continuent leur lutte contre vents et marées. Ceux de Griallet à Montreuil, face à un patron qui vient de se mettre en faillite. Ceux de MétalCouleur et ParisStore, abandonnés dans leur soutien par l'UD du 94. Ceux, de Fayat à Viry Chatillon auto-organisés en comité de grève. Ceux de Manpower à Paris. Et tous les autres, tous ceux qui n'ont plus rien à perdre et qui savent que l'heure est venue, que c'est maintenant qu'il faut y aller !
A ce propos, nous mettons à disposition une émission radio de Fréquence Paris Plurielle, datée du 18 septembre dernier, et qui laisse la parole aux grévistes sans-papiers :



Nous reviendrons prochainement sur les réactions des sans-papiers eux-mêmes relativement à l'attitude de la direction confédérale (mais bien sûr pas les militants CGT actifs dans le soutien) :
"Au début, la CGT nous a aidé en lançant le conflit. Ensuite, elle nous a freiné en empêchant un élargissement. Aujourd'hui, elle est un obstacle". On ne saurait mieux résumer, en rajoutant que du début à aujourd'hui, le bureau confédéral a toujours été dans la même logique : régulariser pour participer à la logique de la gestion de la main d'oeuvre du capitalisme français, pour sa bonne marche...

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