Encore une réaction (voir ICI toutes les autres) après l'évacuation des sans-papiers de la Bourse du Travail par le commando de la confédération. Comme les camarades de Saint-Gobain, il élargit le débat au delà de l'affaire même des sans-papiers pour remettre en cause toute l'orientation de la confédération.
Nous sommes plusieurs militants de la CGT de Limoges à avoir été révoltés par l'expulsion des sans papiers de la bourse du travail de Paris et nous avons décidé d'écrire ce texte pour faire connaître notre indignation.
Nous avons milité ensemble en interpro, et même si nous ne sommes pas d'accord sur tout entre nous, nous sommes tous critiques vis-à-vis de l'orientation de notre confédération que nous combattons dans nos discours, mais surtout dans notre pratique.
Que ce soit sur la sécurité sociale professionnelle, le travail décent, la précarité, la régularisation des sans papiers, le travail militant auprès des immigrés dans les quartiers, les journées d'action espacées et à répétition, nous avons toujours défendu les intérêts de notre classe et refusé de cautionner la position de la confédération et de collaborer avec ceux qui nous exploitent !
Ce texte a été soumis à d'autres militants CGT, qui ont refusé de le signer, mais n'ont pas refusé le débat, ce qui est plutôt bon signe!!
Nous ne nous résignons pas, nous continuerons à populariser les luttes, à mener le débat avec ceux avec qui nous militons car nous sommes convaincus que seule la lutte paie !
Nous avons pris connaissance de l’expulsion musclée des travailleurs sans-papiers de la CSP 75 qui occupaient la bourse du travail de Paris le mercredi 24 juin.
Cette expulsion a été réalisée par des « militants » CGT, cagoulés, armés de bâtons et de bombes lacrymogènes, et non par des CRS, bien que ceux-ci aient été rapidement appelés à la rescousse.
Nous condamnons sans aucune réserve cette agression brutale faîte au nom de notre syndicat!
Si c'est bien l'UD 75 qui a décidé d'envoyer ce commando déloger les sans-papiers, cette action n'a en aucun cas été réprouvée par la direction confédérale de la CGT qui en avait d'ailleurs été prévenue à l'avance.
Pourtant, ces hommes, ces femmes et ces enfants n'occupaient pas la bourse du travail depuis un an par plaisir, ni pour empêcher les militants syndicaux de mener leur réunions, mais bien parce qu'ils désapprouvaient le choix de la Confédération de négocier la régularisation des sans-papiers sur les critères de la loi Hortefeux, ce qui les excluait de fait.
Cette tactique a amené à sacrifier des milliers de travailleurs, engagés dans une lutte exemplaire, et elle a laissé beaucoup de militants de base, investis aux côtés des sans-papiers, dans un parfait désarroi...
Des militants qui faisaient partie du collectif confédéral "immigration" ont démissionné de leur mandat suite au recul gravissime opéré par la CGT concernant le soutien aux sans papiers.
La régularisation des sans papiers par le travail est absolument contraire à la résolution adoptée lors du 48ème congrès de la CGT, qui était la régularisation de TOUS les sans-papiers !!!
Que nous importe ce qu'était la CGT par le passé, nous sommes nombreux aujourd'hui à être exaspérés par les prises de positions et l'attitude de notre Confédération et à les dénoncer.
Et cela commence par les journées de manifestation archi espacées et à répétition qui n'ont fait que démoraliser et épuiser les travailleurs, et affaiblit le mouvement au lieu de le renforcer.
Nos dirigeants confédéraux négocient tout, collaborent ouvertement avec ceux qui nous exploitent et nous font croire qu'il n'y a pas d'autre alternative. Ils participent pleinement à l'élaboration des réformes même s'ils ne les signent pas forcément, ils signent des plans sociaux et proposent des contre-plans mais ils ne font rien concrètement pour organiser la solidarité des travailleurs quand les boites sont en lutte, rien pour amener à changer le rapport de force et à renforcer notre camps!!! Voilà pourquoi ils sont considérés par Sarkozy et ses laquais comme des « partenaires sociaux » responsables !
Ne nous laissons pas manipuler davantage, arrêtons d'en appeler aux dirigeants de la CGT en espérant qu'ils comprennent...
Les choses sont claires, il n'y a rien à attendre d'eux car comme nos patrons, ils nous utilisent et en tirent des bénéfices : des postes bien au chaud dans de grands bureaux, des belles voitures, des supers apparts, des restos, des voyages tous frais payés, des chauffeurs, bref, tout ce que nous ne pourrons jamais nous payer en bossant toute une vie !
Aujourd'hui, nous sommes nombreux à en avoir ras le bol, nombreux à subir les licenciements, le chômage, la précarité, nombreux à galérer toujours plus et à ne plus savoir comment nous en sortir. Nombreux à nous retrouver isolés dans nos boites, à attendre une coordination des luttes qui ne vient jamais...Et pour nous le syndicat ce n’est pas un «boulot» c’est une nécessité pour nous défendre.
Malgré notre colère, notre dégoût et la honte que nous ressentons en pensant à nos camarades sans-papiers matraqués en notre nom, l'heure n'est pas à baisser les bras, au contraire.
Ce n'est pas nous, qui luttons au quotidien, qui devons rendre nos cartes, mais bien tous ces dirigeants incontrôlables, qui n'ont rien à faire dans nos syndicats, qui les déshonorent et qui nous déshonorent !
S'ils veulent nous exclure, qu'ils le fassent, mais nous ne partirons pas de notre plein grès.
Nous appelons les syndicats et les syndiqués à se prononcer explicitement et publiquement sur les événements de la bourse du travail et sur l’orientation de la confédération.
Le syndicat CGT doit être l'outil des travailleurs pour se défendre face aux bourgeois, pas le contraire !
Des syndicalistes de lutte de classe / starter@la poste.net