Pratiquement un mois de grève pour les 5000 sans-papiers sur 40 sites en région parisienne.
Un mois de mobilisation, de grève, de piquets dans le froid et sous la pluie.
Une détermination sans faille, même si certains commencent à fatiguer.
Le problème essentiel, c'est la conduite de cette grève massive et sur de multiples endroits. Nombreux sont les délégués qui commencent à s'interroger sur la manière dont la CGT verrouille l'affaire.
Pas de perspectives claires, en dehors de négociations dont personne ne mesure le contenu. C'est sur qu'on a vraiment l'impression que l'objectif de la Confédération est seulement d'obtenir une circulaire, celle dont elle avait annoncé faussement l'existence fin 2008 et qui n'a jamais existé... Quant à nous, les choses sont claires : "Circulaire ou pas, régularisation pour tous !"
Refus de centraliser, de regrouper, ne serait-ce que pour manifester en force. Pour les dirigeants CGT qui pilotent, "manifester, ce n'est pas lutter", entendu textuellement... On se pince, quand on se souvient des journées d'action sans lendemain de 2008 où la manifestation était le nec plus ultra de la lutte d'ensemble !!! Là, alors que les grévistes sont éparpillés sur 40 sites différents, alors qu'il y a une nécessité de regrouper, d'affirmer une force collective, alors que c'est la lutte des classes qui s'affiche, rien, surtout pas de regroupement, surtout pas du "Tous ensemble" !!! Et si samedi dernier, les grévistes du tramway (Porte des Lilas) ont manifesté dans le quartier, c'est que sur ce piquet, ce sont les militants de Solidaires qui en ont été à l'initiative...
Samedi 14 novembre a lieu une manifestation des sans-papiers, à l'appel de plusieurs associations, il faut que les piquets y participent massivement et collectivement !
Même les assemblées des délégués, qui ont lieu sous contrôle à la Confédé n'ont aucun rôle de décision, toutes les décisions sont prises par le petit comité CGT à la barre. Aucun gréviste ne participe aux négociations, alors que ce serait évidemment possible. Aucune consultation n'a lieu, par exemple pour discuter de refus à une AG, d'y recevoir le Collectif de Vitry, pourtant engagé dans la grève avec un mode d'action qui lui est propre : l'occupation devant le centre des impots de la ville. Les délégués n'ont pas eu leur mot à dire sur cette éviction. La grève, c'est celle des sans-papiers, c'est à eux de diriger, et à personne d'autre !
Quant à l'élargissement en province, malgré quelques frémissements, rien de lancé - ce qui manifeste évidemment l'absence de volonté de la Confédération pour une vraie généralisation, une vraie lutte d'ensemble. Car si la CGT décidait réellement de mettre le paquet, on aurait le rouleau compresseur bien connu de notes, directives, soutien, modes d'emploi etc... pour être capables de démarrer, ne serait-ce que dans quelques villes symboliques. Faute d'impulsion, faute de volonté réelle, les militants CGT de terrain même motivés sont perdus, ne savent pas trop comment engager l'affaire et restent dans l'attente...
Aussi, les interrogations sont-elles de plus en plus nombreuses, les discussions agitées sur les piquets et dans les réunions de coordination... On en reparlera certainement très rapidement !
Par ailleurs, le premier journal de la grève vient de paraître, pour diffusion large.
Qu'en dire ? D'une part que c'est un outil qui peut être utilisé pour faire connaître la grève, alimenter le soutien. Les militants de classe ne se trahiront pas en vendant ce journal qui ne contient aucune véritable horreur...
Mais c'est bien l'histoire que l'on ré-écrit pour redorer le blason de la CGT (qui pilote évidemment la publication).
On y retrouve la fable de la prétendue circulaire de fin 2008, dont jamais personne n'a vu la moindre trace, mais voyez vous, quand on a fait arrêter le mouvement avec cet argument, il faut bien se justifier...
On notera de même l'amnésie générale sur les mesures anti-immigrés de la gauche au gouvernement (création des centres de rétention en 1984, charter Cresson en 1991, circulaire Chevènement de 1998, restriction du droit d'asile...), rendez-vous sur le site de la Cimade pour avoir les détails...
On notera enfin qu'on donne la parole à la CFDT, il n'y a vraiment aucune honte ! On ne peut pas lire sans réagir le texte du représentant de la Confédération CFDT syndicat qui n'a jamais rien fait, l'écrit d'ailleurs... Bref, même si ca peut être utile d'avoir leur appui formel c'est une autre chose de leur donner la parole dans un journal de grève pour qu'ils justifient leur inactivité. SUD-Rail avait des choses plus intéressantes à dire, par exemple sur la longue lutte des salariés sans-papiers de l'entreprise de gardiennage de la gare St Lazare. La CGT s'inscrit une fois de plus dans le syndicalisme rassemblé avec les plus mous...
Enfin, on ne va pas s'étendre outre mesure. Ce journal est là, il peut permettre d'élargir le mouvement lui-même et de renforcer le soutien, alors n'hésitons pas à l'utiliser !