D'abord, pour commencer, le point du mouvement fait par Raymond Chauveau, et repris du blog de Bernard Rondeau (blog qui fournit par ailleurs pas mal d'informations, mais d'un point de vue très officiel) :
Pour ce qui concerne les occupations CGT, il y une sorte d’accélération qui semble présager d’un dénouement rapide, sur un compromis foireux :

Vendredi, c'est l'occupation de la SAMSIC (nettoyage, près de 1000 occupants) dont le juge vient d'exiger l'évacuation en référé, autorisant en ponce pilate seulement le maintien du piquet par ceux qui ont une feuille de paie de la SAMSIC (50/60 personnes seulement). Voici ce qu'en rapporte un soutien : "Au moment où les délégués faisaient le compte rendu pas facile de faire comprendre que c'est une victoire, quand en même temps 950 grévistes se voient contraints de quitter le piquet ! Mais les délégués font un très bon boulot et sont très respectés tout le monde devra continuer le combat avec de nouveaux moyens à inventer..." Effectivement pas facile de faire passer une vessie pour une lanterne ! Victoire, il ne faut pas avoir de honte pour utiliser ce mot là dans cette situation...
La CGT a proposé des occupations sur Creil (plus de 60 km au nord de Paris) pour ces travailleurs. Choix fait sans réunir les délégués. Quelques-uns uns y sont allés. La CGT n’assure aucune logistique (coût de transport), pas prévu d’alimentation… Tout ce passe comme si la CGT voulait-elle aussi disperser les travailleurs. Cela dit, du coup le mouvement commence à s'étendre en province, trois agences occupées dans l'Oise, et des frémissements dans le Rhône... Pour ce qui est des prétendus "38 départements concernés", l'interview ci-dessus dévoile la supercherie : le mouvement touche des entreprises dont les sièges sociaux sont dans 38 départements. On voit une fois de plus le discours réformiste : on met en avant la logique économique du capital (les entreprises etc.) et pas la lutte de classe (les grévistes)...
Les négociations se sont poursuivies, avec la direction du travail au ministère, mais elles sont actuellement arrêtées du fait du ministère qui considère qu'il n'y a plus lieu à discuter. D'où la demande solennelle de "poursuite des négociations", dans la mesure où même sur la base d'un compromis foireux, la circulaire envisagée est encore inacceptable. A noter qu'il y a un enjeu véritable autour du "cerfa" (le formulaire gouvernemental qui doit être rempli par l'employeur pour valider la demande de régularisation). Les grévistes ne veulent évidemment pas en entendre parler, dans la mesure où, bien sur, cela les met à la merci de la décision des employeurs. Le gouvernement en fait lui, une question de principe, on le comprend, c'est le choix du capital. Il semble bien que la CGT accepterait ce principe comme un "compromis"...

Cela dit, le gouvernement est un peu inquiet, mais on peut craindre le pire. Ce dimanche matin, c'est Darcos qu'on a envoyé au feu, pour annoncer des sanctions contre les employeurs de clandestins, sanctions qui pouvaient être faites depuis des décennies, mais sans aucune relation avec la régularisation des salariés. D'une part, il y a un effet d'annonce sans suite (l'Inspection du Travail est sur les genoux), d'autre part on peut craindre le pire sur les salariés concernés...
Cet article est un peu descriptif. Il montre la détermination des grévistes, qui n'ont qu'un seul objectif : "Circulaire ou pas, la régularisation !" Il montre aussi l'impasse réformiste qui se refuse absolument à un mouvement d'ensemble et met tous ses efforts à canaliser la lutte pour une circulaire au cas par cas. Il montre enfin (il faut le dire) l'incapacité du syndicalisme de classe à passer à l'offensive par lui-même et à développer le mouvement partout en France.
Car au fond, c'est cela le seul objectif actuel : élargir partout le mouvement des sans-papiers, pour imposer la régularisation sans condition par le rapport de forces, contre le gouvernement et les réformistes réunis.