Mercredi 9 juillet 2008
[Mise à jour 10 juillet]
Et puis depuis le week-end, les infos recommencent à apparaître, avec au moins deux bonnes nouvelles.
D’abord, la publication, presque trois mois après le début du conflit, d’un bulletin de la CGT destiné à centraliser l’activité envers les sans-papiers. C’est la première fois que la CGT diffuse une information généralisée, qui vise à porter la question de la régularisation des sans-papiers (au moins des travailleurs), en tant que telle, en tant que question globale et pas au cas par cas. On notera aussi que c’est la première fois que la Confédération fait état de mouvement dans d’autres départements que la région parisienne.
Quelles que soient les réserves que l’on peut avoir à l’égard de l’orientation de la Confédération envers les sans-papiers, c’est une bonne nouvelle.
On peut imaginer trois raisons.
- d’une part la poursuite des grèves, du fait de la détermination des grévistes. Certains en sont à plusieurs semaines de grèves, et pas prêts de lâcher, quelle que soit la dureté de l’affrontement, quelle que soit l’attitude patronale. A Griallet (Montreuil), ils sont en grève depuis six semaines, le patron ne veut rien savoir, et la CGT a épuisé toutes les initiatives confidentielles et de négociations en sous-mains qui n’ont absolument rien donné.
- d’autre part, l’apparition de nouveaux conflits massifs, comme celui de MAN BTP dans l’intérim, où 80 sans-papiers viennent de se mettre en grève avec Solidaire, à peine après ceux de « Perfect Intérim ». Au total sur ces deux entreprises, ce sont près de 150 sans-papiers en grève, et ce n’est que le début, car d’autres entreprises n’attendent que le feu vert pour démarrer. La CGT ne peut pas perdre la face et risquer de se faire doubler par d’autres syndicats ou par les sans-papiers eux-mêmes. A la suite d'un commentaire sur cet article, insistant sur cet aspect de la mobilisation, nous mettons en lien le tract dont parle notre lecteur, et qui circule actuellement parmi les sans-papiers, appelant à la grève générale et à l'extension du conflit.
- enfin, bien sûr, l’échec lamentable de la stratégie confédérale (rappelons que c’était initialement d’organiser des grèves d’avertissement pour imposer une modification de la législation) qui impose d’avancer au risque d’être ridiculisée et de perdre toute crédibilité dans le contexte précédent.
La deuxième bonne nouvelle est l’avancée du
conflit de la Bourse du Travail, où l’on semble pas à pas arriver vers une sortie de crise. Depuis quelques semaines les discussions se poursuivaient entre les occupants de la Bourse de la CSP75
et l’Intersyndicale.
On avance, des mobilisations ont eu lieu en commun, une procédure commune a été mise en place pour déposer les dossiers
de la CSP 75, menant à la fois à la « libération » de deux étages de la Bourse du Travail par les occupants, et à des appels communs, dont un dernier communiqué de l’UD CGT
75 appelant au front uni des collectifs de sans-papiers.
Une bonne nouvelle donc, car ce conflit pesait lourdement sur la mobilisation et l’ambiance, menaçait de dégénérer (comme on a failli le voir lors de l’agression du service d’ordre de la CGT).
Nous ne pouvons que nous féliciter donc de cette issue, si elle se confirme.
Cela dit, et cela renvoie à ce que nous disions plus haut, cette issue positive du point de vue de la division se fait sur un contenu plus que réduit,
à savoir les dépôts de dossier. C’était la demande de la CSP 75, et nous avions déjà dit que ce n’était pas comme cela que les choses
pouvaient avancer. Le fait est que probablement la CGT a mis de l’eau dans son vin, car sur le fond elle évolue vers cette position : multiplication des dépôts de dossier, mais plus
d’organisation de grèves.
Cela dit, ce sont les sans-papiers qui tracent leur route, et ce sont eux qui mettent la pression, qui partent en grève désormais sans forcément attendre une consigne syndicale, dans la mesure où
l’exemple est donné.
Quelques éléments de bilan actuel de cette nouvelle situation :
- La Confédération navigue à vue (mais cela on le savait), après l’échec de sa
stratégie, entre mobilisation et repli stratégique.
- Dans la phase actuelle (jusqu’à quand ?), c’est la voie de la popularisation (4 pages, d’autres sont annoncés), de la résolution du
conflit de la Bourse du Travail qui est choisie. C’est une bonne nouvelle.
- C’est la mobilisation des sans-papiers eux-mêmes qui va de l’avant et empêche l’enterrement du conflit que nous pouvions imaginer.
Nous ne pouvons que nous en féliciter et donc encourager tous les camarades à poursuivre le travail, l’élargissement et l’organisation des grèves en particulier en province.
- La CGT prétendait regrouper et canaliser de manière hégémonique l’ensemble du mouvement, ce n’est désormais apparemment plus tout à fait le
cas, cela rend plus facile la généralisation de la lutte.
Travailleurs avec ou sans papiers, nous sommes tous des exploités !
Libre circulation de tous les travailleurs !
Régularisation sans condition de tous les sans-papiers !