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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 06:37

Mardi 16 mars 2010

Journée du 23 mars : "sécuriser le présent et l'avenir" ?

 

Le tract des animateurs de ce blog diffusé lors des manifestations du 23 mars

La journée de mardi prochain s'annonce d'envergure.

L'écoeurement et le dégoût suite à l'enterrement de première classe du printemps dernier a été dépassé par l'accumulation du ras le bol, et l'annonce de la poursuite sans trève des attaques contre les travailleurs, le camp populaire. Et il va y avoir du monde dans les rues mardi prochain. Et il faut en être !

Avons-nous réellement le choix ? Continuer à ronchonner dans notre coin, réduits à l'impuissance faute d'alternative, en attendant d'être écrasés par le rouleau compresseur de l'exploitation ? Ou être à la tête de la mobilisation contre le capital, pour expliquer, démontrer, proposer et combattre les illusions qui ne mènent une nouvelle fois qu'à l'impasse ?

De nouvelles vagues de licenciements succèdent à celles de l'an dernier, Philips, Total, ST Ericsson, Téléperformance, et bien d'autres. Les conséquences des restructurations apparaissent de manière visible dans les services de l'Etat (éducation, santé). Le blocage des salaires devient insupportable, alors même que les bonus, les revenus des bourgeois et de la Bourse continuent à atteindre des sommets.
La précarité nous rend fous, et le stress au travail ne vient que s'empiler sur le stress de ce qu'est devenue notre vie, entre horaires atypiques, bureaucratie incompréhensible et course poursuite de tous les côtés.
Et maintenant, on nous annonce une attaque majeure contre les retraites, alors que c'est un des seuls (petits) espoirs qui nous restait, l'illusion de pouvoir échapper un jour à ce monde de barbares pour profiter un peu du temps qui nous reste.
Et même cela on veut nous le voler, réduire les anciens à la misère avec une retraite amputée...

Ce monde tourne à l'envers, nous l'avons dit et répété.
Tout le monde le comprend, tout le monde le ressent. Et même nos directions syndicales, c'est dire !
La Confédération titre ainsi :

Sécurisons le présent et l'avenir !
Ensemble pour des salaires décents, des emplois durables et des retraites de qualité !
Le 23 mars, imposons d'autres choix !

 

Sur le fond, il n'est pas faux de faire le lien entre les diverses facettes de l'attaque. Il n'est pas faux de revendiquer la sécurité pour le travailleur face à la crise, un salaire décent, un emploi durable et des retraites de qualité - et c'est la force des dirigeants syndicaux de savoir s'appuyer sur les très fortes aspirations de tous les travailleurs en ce sens.

AffichebalanceMais s'agit-il de "faire pencher la balance de notre côté " comme l'indique l'affiche de la Confédération pour la manifestation ?
En gros, la société serait une sorte de bascule où l'emporterait celui qui serait le plus fort à un moment donné, mais où tout serait possible, si seulement on le voulait bien ?

Nous savons bien que cela n'est qu'une illusion. Le monde dans lequel nous vivons n'est ni démocratique, ni égalitaire.
Il y a des règles du jeu qui sont celles de nos exploiteurs : la guerre économique, la concurrence, l'exploitation, la propriété privée qui permet de s'approprier les profits en toute légalité.
Il y a un pouvoir d'Etat avec sa police, sa justice au service des puissants (contre les Contis par exemple), ses ministères pour organiser l'éducation, la santé, la recherche, les transports, le logement etc. pour une meilleure gestion globale des intérêts bourgeois. Un pouvoir d'Etat là pour assurer que les règles du jeu économiques ne seront pas touchées.
Il y a les politiciens qui se chamaillent mais qui ne se disputent que les sièges de pouvoir, oubliant de nous expliquer qu'ils sont d'accord sur l'essentiel (nous n'avons pas oublié que ce sont Rocard en 1991 puis Jospin qui ont ouvert les portes aux réformes des retraites...).Politiciens arrogants comme Lefebvre ou paternalistes comme Aubry, qui tous, savent ce qui est "bon pour nous"...

Faire pencher la balance de notre côté ? Nous aurons beau appuyer de toutes nos forces, il y a un énorme ressort de l'autre côté de la bascule. Et si nous gagnons quelques combats, dès l'instant d'après la bascule repart dans l'autre sens.

"Sécurisons le présent et l'avenir" - un beau mot d'ordre quelque part.
Mais il faut lui donner un sens véritable. Pour que l'ouvrier, le prolétaire, le travailleur puisse vivre en sécurité, il faut qu'il impose sa manière de voir. Quels sont les besoins essentiels pour la majorité, et quels sont les besoins parasitaires d'une société pourrie ? Comment produire, dans quelles conditions et quelles nuisances supprimer (travail de nuit, à la chaîne etc. Est-ce un hasard si notre article "Les cycles du travail posté" est encore aujourd'hui un des plus lus de ce blog, n'y aurait-il pas un problème de ce côté là ?) ? Comment construire collectivement une société nouvelle, et en particulier en finir avec cette division d'un côté ceux qui pensent et qui décident de l'autre ceux qui obéissent et qui produisent sans avoir leur mot à dire ? Quelle démocratie nouvelle inventer qui permette l'expression véritable de la parole du peuple et qui empêche sa confiscation par les experts politiciens en tous genre ?

"Sécuriser le présent et l'avenir". C'est cela.
Aujourd'hui, ça a un sens. Cela veut dire s'organiser collectivement pour y voir clair derrière les écrans de fumée que nous présentent tous les réformistes. Comprendre ce qu'est le capital, les impasses dans lesquelles on veut nous entraîner, comprendre qu'un capitalisme "éthique et responsable", "à visage humain", c'est une triste plaisanterie pour nous empêcher de réfléchir par nous-mêmes et de gagner notre indépendance.
S'organiser collectivement contre le capital et son filet qui nous enserre de toutes parts. S'organiser au plan politique, mais ce n'est pas l'enjeu de ce blog. S'organiser, se regrouper contre les directions syndicales réformistes, tisser des liens de réflexion et pas seulement de lutte, construire des réseaux, organiser une opposition syndicale de classe.

Le 23 mars, il ne s'agit pas de "faire pencher la balance de notre côté".
Il s'agit de nous regrouper pour marquer notre refus, notre rejet de l'exploitation Sarkozy/Parisot, notre rejet des impasses illusoires. Le 23 mars, c'est "TOUS ENSEMBLE contre le CAPITAL" qu'il faut avancer !

 

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