Vendredi 7 octobre 2011
Un 11 octobre, pour quoi faire ?
Ca suffit ! C'est le gros titre qui barre le 4 pages de la CGT diffusé pour préparer le 11 octobre.
Et c'est ce que retiennent les lecteurs, sans forcément absorber le contenu des 10 propositions de la Confédération de l'intérieur.
Ca suffit ! C'est ce que ressentent les travailleurs qui encaissent attaques sur attaques sans le début d'un espoir de répit.
C'est pour cela que la journée des enseignants du 27 septembre a connu un tel succès, au delà des prévisions les plus optimistes.
Partout les secteurs combatifs ont envie d'en découdre, même s'ils savent qu'on n'est pas à la veille du grand soir, même s'ils connaissent le peu d'empressement de leurs dirigeants (l'échec du mouvement sur les retraites est encore bien présent !), même s'ils ne sentent pas la "rage du peuple" derrière eux.
Ils ont envie d'en découdre parce que ça suffit, qu'il faut, au moins exprimer la colère de toutes et tous, c'est un énorme ras le bol. Ras le bol des licenciements, des attaques contre le pouvoir d'achat, dans le public comme le privé, contre la santé, l'éducation. Ras le bol de la répression, du contrôle social de plus en plus brutal, évidemment il faut contenir tous les empêcheurs d'exploiter en rond...
D'ailleurs, il est symptomatique que tous les secteurs en lutte aient sauté l'occasion pour tenter de sortir de la promenade routinière et de mobiliser largement.
Chez Goodyear, les camarades appelent dès 10h à un grand rassemblement sur le parking devant l'usine à Amiens, et ont été jusqu'à appeler par tract les travailleurs de Dunlop (l'usine voisine, où les 4x8 ont été mis en place grâce à des syndicats collabos). Des délégations importantes de la Chimie et du Caoutchouc sont annoncées d'un peu partout.
Chez Fralib ou LyondellBasel, on défilera ensemble sur le Vieux Port de Marseille à 10h30, contre la fermeture des usines et pour le maintien des emplois.
A Auchel dans le Nord, les Unions Locales CGT défileront à 14h pour imposer la voix de la classe ouvrière contre la présence des fascistes identitaires qui tentent de s'incruster avec le silence complice de la mairie.
A PSA, on manifestera à Valenciennes ou Paris, pour le maintien des emplois.
et ainsi de suite, des Fonderies du Poitou aux assistantes sociales, en passant par toutes les professions et tous les secteurs sinistrés.
Il y aura probablement du monde dans les rues mardi prochain, n'en déplaise à Chérèque qui imagine que les prolétaires s'inquiètent plus de la dette que des mesures Fillon/Sarkozy...
Franchement, pour être honnêtes, on n'imaginait pas cela début septembre, électro-encéphalogramme plat et élections dans la ligne de mire pour 2012. Faut-il que la colère soit forte pour mener tous ces camarades, tous ces secteurs à sortir ensemble, alors même qu'ils savent que la journée n'est qu'une journée de plus, sans lendemain, sans perspectives...
Car que nous propose-t-on pour après ?
- Pour beaucoup, c'est 2012 - ils ne vont pas être déçus. Il n'y a qu'à voir les propositions identiques des six pré-candidats du PS sur les retraites ou l'immigration pour comprendre que pour nous ça va être soupe à la grimace, mais avec les formes... et l'appui de toutes celles et ceux qui ne jurent que par le "Tout sauf Sarkozy". 2012, c'est juste le changement de nos exploiteurs, et quelque part, à l'heure de la crise, c'est l'heure des réformistes pour faire passer les pilules...
- Pour d'autres, l'enjeu c'est un meilleur partage des richesses, une sorte de ré-équilibrage entre les exploités et les exploiteurs/actionnaires. C'est un peu ça la perspective de la CGT, toujours mettre en parallèle les profits des actionnaires et les salaires des ouvriers (par exemple le tract du secteur automobile de la CGT, ICI). Mais est-il crédible de demander un "juste" partage avec nos exploiteurs ? Avec ceux qui nous détruisent à la chaîne ou la nuit, qui nous empoisonnent le sang, qui nous traitent comme des chiens et nous maintiennent dans la misère ? Il suffit de regarder la fameuse PPP actuellement en négociation dans les grands groupes (Prime de Partage des Profits, la prime Sarkozy, quoi). 3€50 à Securitas !!! De 100 à 600 € en général, juste une plaisanterie, quand il ne s'agit pas d'une humiliation supplémentaire, sans même parler de toutes celles et ceux qui n'y ont pas droit. Les capitalistes ne veulent pas partager, on les comprend, car NOUS NON PLUS ! C'est nous qui créons les richesses, qui faisons tourner la société, nous voulons TOUT, tout le pouvoir - et c'est à cela qu'il faut travailler !
- Pour d'autres encore, une seule issue, la voie des luttes. Pour eux, quels que soient les politiques, ce qui compte et compte seulement, c 'est la lutte, la politique c'est pas vraiment d'actualité. Bien entendu, c'est quand même mieux que la collaboration de classe ou de roucouler avec les patrons ou avec Sarkozy... Mais ce qui est de plus en plus visible, c'est qu'il y a un "problème" : la crise financière est mondiale, la crise industrielle se poursuit de vague en vague de restructurations, la crise des services publics est partout la même, la guerre économique mondiale est de plus en plus féroce, concurrence acharnée à l'appui. C'est la barbarie capitaliste qui saute aux yeux, et l'idée même qu'il est possible de la réformer s'évanouit. De ce point de vue, les dix propositions de la CGT (dans le tract ci-dessus) apparaissent bien ternes et peu crédibles... La lutte des classes ? Bien sûr, mais c'est la politique, la vraie, la nôtre, qui doit être au premier plan. C'est d'abord d'un projet dont nous avons besoin, pour une révolution, et d'une organisation de prolétaires. Et alors, la lutte des classes révolutionnaire sera notre chemin pour le réaliser.
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Enfin bien sur, il y en a d'autres qui jouent petit pied, qui ne voient que la perspective des élections dans la fonction publique le 20 octobre... Sans commentaires...
Les secteurs combatifs vont être dans la rue mardi, et nous devons y être tous ensemble.
Sans illusions sur l'après, et on ne nous vendra pas n'importe quelle sauce. Mais pour débattre autour de nous, convaincre, expliquer qu'il n'y a pas d'issue dans ce monde de merde, que c'est une révolution que nous devons préparer, bien au delà des propositions illusoires de la confédération.