Mardi 26 octobre 2010
Sur le front (1) : à Amiens
Cinq articles pour faire le point, de manière très contradictoire, de la situation actuelle.
Dans celui-ci, le compte rendu offensif de la réunion de hier à Amiens, pour soutenir la grève. Rappelons à l'occasion que nous reversons toutes les collectes aux camarades de la zone !
Meeting de lutte à Amiens : « maintenant ou jamais ! »
Ca chauffait au propre comme au figuré dans la salle Daniel Ferry de la Mairie de Longueau. 400 personnes ont participé au
meeting de lutte organisé à l’initiative de Fakir avec les travailleurs en lutte d’Amiens. Beaucoup de cheminots, Michael de Goodyear, une femme de Valéo, des enseignant(e)s, un conducteur de bus
de l’agglomération, un chômeur, un étudiant délégué par ceux qui bloquaient la faculté d’Amiens. Egalement deux brèves interventions de femmes en lutte qui ont rappelé leur situation particulière
relativement à la retraite. Bref ceux qui se dressent contre le projet de réforme des retraites ont exprimé leur rage et leur détermination. Le camarade de Total n’ayant pas pu se déplacer, c’est
par un message enregistré qu’il s’est adressé à l’assistance.
Tous les intervenants ont témoigné d’un engagement à lutter dans la durée et en force, qui dépasse la seule question des
retraites. Au-delà du gouvernement, certains mettent en cause le capitalisme lui-même. Mais, un seul intervenant, un cheminot a critiqué le PS et ses projets sur les retraites. Personne, de la
tribune, ne met en cause l’attitude des directions confédérales.
Toutes les interventions ont dit la volonté de renforcer le mouvement. Elles ont appelé au soutien de la population non seulement
financier mais aussi dans la préparation des repas pour les piquets, la fourniture de bouteille de gaz pour chauffer les tentes. Surtout on a insisté sur la nécessité que tous les secteurs
s’engagent dans la lutte, partout, et à Amiens en particulier. En effet dans la zone industrielle sur 12 000 travailleurs seule une minorité est dans l’action (et c’est un peu le cas partout
ailleurs !).
Les secteurs en lutte ne font pas qu’attendre que les autres s’engagent. Ils prennent des initiatives pour les épauler, comme
l’ont fait les cheminots qui sont allés vendredi appuyer les femmes de Carrefour dans leur débrayage. L’intervention des forces de l’ordre contre le piquet vendredi, loin de démobiliser, a
renforcé la détermination. D’autres blocages sont d’ailleurs prévus en fin de semaine.
Volonté unanime de renforcer l’organisation à la base, sans tomber dans l’anti-syndicalisme, et pour certains sans être récupéré
par les partis politiques. Il y a quand même une vraie méfiance vis-à-vis « des politiques » qui fait qu’aucune organisation ou parti ne prend la parole en tant que tel.
Et pourtant… : un cheminot gréviste depuis 15 jours déclare « ce mouvement est profondément politique, il n’y a pas
d’alternative ; nous avons pris et nous prenons des risques, vous devez aussi en prendre, et c’est maintenant ».
C’était un meeting et pas une assemblée générale. Les organisateurs ont dès le départ cadré le débat en affirmant qu’il y avait
qu’un adversaire et un seul, le gouvernement représentant du Medef, exprimant ainsi clairement que cette réunion n’était pas le lieu où critiquer les confédérations et leur attitude actuelle.
Aucun intervenant ne s’est exprimé contre leur politique, alors que dans les discussions en fin de réunion ces critiques étaient bien présentes.
La volonté de renforcer le « tous ensemble » était telle qu’elle interdisait en quelque sorte que soient abordées les
difficultés et les contradictions du mouvement, comme ses perspectives politiques. Toutes les questions à propos de l’appréciation du mouvement actuel ou de son renforcement étaient en fait
présentes implicitement dans les interventions mais pas vraiment discutées en tant que telles.
Cette volonté de renforcer le « tous ensemble », scandé par la salle, c’est aussi celle de fédérer des luttes jusque là
éclatées selon les professions et les quartiers, c’est la mise en place d’une coordination pour avoir un lieu où réunir et s’organiser, un peu à l’image du LKP l’an dernier en Guadeloupe. « Car,
en face, ils sont organisés, ils ont le sénat, l’Elysée, la police… et nous, comme les anciens l’ont fait en 36 et pendant la Résistance, il faut aussi nous organiser ! » conclut
Fakir.
PROCHAIN BLOCAGE PREVU JEUDI ET RENDEZ-VOUS DE L’INTERSYNDICALE 14H MAISON DE LA CULTURE D‘AMIENS.