Un article du "Courrier Picard" de hier mardi...
Lundi, sept salariés ont reçu leur convocation pour leur action présumée dans le saccage de la sous-préfecture de Compiègne. Solidaires, 500 ouvriers se sont rendus au commissariat de Creil pour demander la suspension des poursuites.
Debout sur le banc, face à 800 ouvriers, il tient à la main une feuille. En haut, au milieu, un logo bleu-blanc-rouge qui laisse peu de doute sur le contenu de la missive. « Je suis convoqué par un lieutenant de police judiciaire, mardi 28 avril, à 9 heures au commissariat de Creil, dans le cadre de l'enquête sur les dégâts commis à la sous-préfecture. Cette lettre est une provocation », résume le syndicaliste CGT, Xavier Mathieu. Comme lui, six autres salariés ont reçu le même courrier.
Dans l'intersyndicale, la réaction est immédiate. « Nous allons au commissariat de Creil, maintenant, pour déposer une motion demandant la suspension des poursuites envers nos collègues et leur annoncer qu'ils ne répondront pas à la convocation. » Un vote à main levée plus tard, le convoi de voitures prend la direction de Creil. Au rendez-vous sur la place Carnot, ils sont 500 à 600 ouvriers, reconnaissables à leurs autocollants orange.
« Les voyous, c'est pas nous »
Derrière la banderole « Continental, ça fait mal », le cortège prend la direction du commissariat dans le calme et les klaxons des voitures. Dans la foule, le maire de Creil, Jean-Claude Villemain. Devant l'hôtel de police, il sert de médiateur et permet à une délégation de rencontrer, pendant trois quarts d'heure, le commissaire principal, Thibault Dubois. Dehors, les ouvriers scandent « les voyous, c'est pas nous ».
À la sortie, les leaders syndicaux ont gagné une bataille, mais pas la guerre. « Ils ont accepté de suspendre les poursuites jusqu'à la réunion tripartite de mercredi. Nous avons demandé que ce soit repoussé à la fin des négociations, on attend toujours une réponse », détaille Didier Bernard de la CGT. « L'arrêt des poursuites est un préalable désormais à toute discussion avec l'État ou la direction de Continental », ont rappelé les ouvriers dans la motion déposée.
AGNÈS BRIANÇON