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7 juin 2025 6 07 /06 /juin /2025 14:40

Samedi 7 juin 2025

L'intervention de Timothée Esprit au meeting de soutien à Georges Ibrahim Abdallah le 4 juin 2025

 

On se rappelle de Timothée Esprit, militant CGT de l'entreprise chimique Toray à Mourenx (64), secrétaire de la FNIC, licencié une première fois, puis ré-intégré, puis poursuivi d'une nouvelle procédure de licenciement à peine revenu, toujours pour le même motif : son soutien indéfectible et public au peuple palestinien, et supposé au FPLP. On relira les procédures anciennes sur un article précédent ("Timothée Esprit réintégré"), et les informations sur la nouvelle procédure ICI sur un tract de la FNIC du mois de mars. Pour faire bon poids, la direction est partie en cassation pour la première procédure, c'est à dire que le camarade a en fait deux procédures de licenciement sur le dos, pour le même motif !

Pour la direction de la multinationale japonaise, il est insupportable de garder dans ses effectifs un militant syndical de classe combatif, soutenu par ses collègues, et qui plus est internationaliste. D'où l'acharnement, qui d'ailleurs ne fait que se renforcer. La direction de Toray a mis en place des "superviseurs", chargés de pister tous les ouvriers "hors normes", qui freinent l'exploitation, et Timothée Esprit a le droit à un de ces chiens de garde en permanence derrière lui, chaque minute de la journée, à deux mètres, pour surveiller son activité. Mais le camarade a bon moral et tient bon, soutenu par sa fédération (la FNIC), par l'UL -  mais pas trop par l'UD des Pyrénées Atlantiques qui ne cesse de baver sur son compte, comme au CCN de janvier dernier - (voir Le Peuple N°1787 p24).

 

Mercredi dernier 4 juin, il y avait un meeting de soutien à Georges Ibrahim Abdallah à Paris, contre la répression subie par tous les soutiens au peuple palestinien. Et donc Timothée Esprit était là à ce titre et a fait une intervention sur une base de classe très tranchée que nous avons relevée, et que nous publions ci-dessous. Il est en effet essentiel de montrer la nature de classe de la répression contre tous "les empêcheurs d'exploiter en rond", et donc contre les internationalistes, les soutiens au peuple palestinien.

Le texte que nous publions est le projet, légèrement différent de ce qui a été lu à la tribune. En particulier, le camarade a rajouté au dernier moment le soutien d'actualité aux dockers de Fos qui avaient refusé ce même jour de charger des armes pour Israël.


Chers camarades,

La question de la répression n’est absolument pas une question anodine, elle est essentielle, vitale dans la lutte quotidienne de notre camp. Elle est vitale parce que si nous sommes et restons des militants acharnés de la cause ouvrière, l’ennemi de classe s’obstinera d’une manière ou d’une autre à nous faire disparaître pour qu’il puisse librement exploiter notre classe.

Ainsi on ne peut dissocier notre lutte solidaire envers les prisonniers politiques, envers les militants ouvriers réprimés de la lutte globale contre le capital. Pourquoi mon employeur s’évertue à me licencier ? Ce n’est pas pour tel ou tel prétexte ou détail mais parce que moi comme vous je suis un militant acharné pour l’émancipation totale de la classe ouvrière.

Elle a trouvé de bon ton, cette multinationale japonaise qui m’emploie, de prétexter dans mon cas, un soutien à un prétendu terrorisme palestinien… qu’ils essaient d’ailleurs d’en faire un pléonasme au niveau mondial. Je ne vais pas le cacher je suis un soutien plein et entier de la cause palestinienne, je suis et je resterais toujours du coté des opprimés, des martyrs de l’impérialisme et aujourd’hui, plus que jamais, le peuple palestinien est la figure même des opprimés de l’humanité tout entière et plus que jamais il en est l’avant-garde dans la lutte antiimpérialiste !

Ma simple présence créerait un « trouble objectif à l’entreprise » qui justifierait non pas d’un mais bien de deux licenciements simultanés (pour le moment… jamais deux sans trois…) du fait de mon prétendu soutien au FPLP… Mais mes camarades, le simple soutien à des revendications ouvrières dans une usine constitue pour la bourgeoisie un trouble objectif à l’entreprise ! Ce qui se passe au niveau global c’est que plus que jamais ils précarisent, pressurisent la classe ouvrière dans ce pays, la pression concurrentielle entre ouvriers n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. La classe dominante de ce pays et dans ses déclinaisons locales, ne peut plus se permettre l’existence même de militants ouvriers révolutionnaires qui inlassablement organisent et conscientisent notre camp dans les perspectives de changement de pouvoir. Pour faire accepter des conditions de vies et de travail mortifère aux travailleurs, la bourgeoisie dans toutes ses expressions doit littéralement créer un cordon sanitaire entre les travailleurs peu conscient et les militants de classe que nous sommes.

C’est pourquoi depuis quelques années le nombre de licenciements disciplinaires se multiplient, ces licenciements qui concernent des syndicalistes de luttes, la répression des manifestations s’accélèrent, les lois liberticides s’accumulent et les pouvoirs en place se radicalisent contre nous.

Voilà pourquoi dès le début de mon intervention j’ai insisté sur le caractère indissociable de la lutte de classe et de la lutte solidaire contre les réprimés car tout militant de classe est un futur militant réprimé tout simplement !

Comment le militant ouvrier conçoit la lutte dans l’usine ? Nous ne percevons pas la grève comme un moyen se limitant à l’obtention de revendications. Nous concevons la grève comme un moyen d’éducation, dans une perspective de politisation de nos collègues de travail et comme la base de l’organisation prolétarienne de demain qui permettra d’exproprier les capitalistes, les impérialistes !

Comment le militant ouvrier passe ses journées dans les ateliers ? A alerter non pas simplement sur les conditions de travail et les salaires insuffisants pratiqués à l’intérieur de l’usine ou du chantier mais en liant systématiquement ces revendications immédiates à des revendications politiques à l’extérieur de l’usine en liant le sort des damnés dans son atelier au sort de tous les damnés de la terre et en particulier à nos frères et sœurs palestiniens.

Et c’est bien parce que ces militants ouvriers que nous sommes à la FNIC CGT, viennent effectuer ce travail pour l’émancipation que nous sommes inévitablement des réprimés du capital en devenir car ce sont ceux là qui mettent en péril sa propre existence.

Ô combien de fois au réfectoire de l’usine j’ai pu discourir sur les raisons des guerres, des crises, des attaques du capital en tout genre, raconter X fois comment et pourquoi les bolchéviks ont menés au bout leur révolution en 1917 !

Et pas besoin d’avoir de loupe pour voire à quel point aujourd’hui les premiers camarades à subir la pleine répression de l’Etat et du patronat coalisé sont les militants syndicalistes ou politiques les plus convaincus, les plus moteurs dans la lutte de classe à l’image de notre camarade JP Delescaut SG de l'UD 59 ou notre camarade Alex.

Pas besoin d’une longue vue pour comprendre que l’acharnement répressif et judiciaire contre notre ami et camarade Georges Abdallah embastillé depuis plus de 40 années vient uniquement du fait qu’il est un militant antiimpérialiste et communiste de premier plan !

Mais si la bourgeoisie s’acharne sur nous mes camarades, c’est parce qu’elle est terrifiée, elle a peur, elle sait que son pouvoir est et sera remis en cause par la classe dangereuse tôt ou tard et qu’elle l’est d’ores et déjà dans tant d’endroit de par le monde. La bourgeoisie craint notre unité, elle craint notre solidarité de classe qui dépasse toute leur mortifère répression. Si elle met des caméras pour nous surveiller c’est parce qu’elle a peur (Michelin), si elle crée des lois pour nous frapper c’est parce qu’elle a peur, si elle nous met en prison c’est parce qu’elle a peur, etc.

Mais messieurs et mesdames les bourgeois n’attendez pas une seule seconde que l’un d’entre nous, l’un des camarades réprimés s’apitoie sur son sort car contrairement à vous nous sommes des hommes et des femmes dignes ! Donnez-moi un coup de bâton je vous en rendrai 1000 !

J’aime à rappeler sur la question des répressions celle de la semaine sanglante contre la Commune de Paris, glorieuse révolution ouvrière de ce pays et comment Lissagaray, communard lui-même à pu décrire la haine ouvrière :

« Qui es-tu ? lui demande le commandant versaillais – Lévêque, ouvrier maçon, membre du comité central – Ah ! c’est des maçons qui veulent commander maintenant ! » répond le Versaillais qui lui décharge son revolver dans la figure. »

Et comment dans un autre passage de son récit vous pourrez faire des parallèles avec la situation d’aujourd’hui en Palestine :

« Ce jour, M. Thiers télégraphia à la province que Mac Mahon venait, une dernière fois, de sommer les fédérés. C’était un mensonge. Il voulut au contraire prolonger le combat. Il savait que ses obus incendiaient Paris, que le massacre des prisonniers, des blessés, entrainerait fatalement celui des otages. Mais que lui faisait le sort de quelques prêtres et de quelques gendarmes ? Qu’importait à la haute bourgeoisie de triompher sur des ruines si, sur ces ruines, on pouvait écrire : « Le socialisme est fini et pour longtemps ! »

Qu’importent les morts pour eux mes camarades si sur ce lit de cadavres nous pourrons y lire la fin de la résistance palestinienne, qu’importe la barbarie de la répression si à la fin ils peuvent inscrire la fin de la résistance de la classe ouvrière !

Mais jamais mes camarades il n’arriveront à bout ni de la résistance internationaliste de la lutte palestinienne, ni tuer la résistance de la classe ouvrière dans toutes ses dimensions, car la révolution que nous portons dans nos chairs est un idéal bien plus grand, plus juste, plus vrai que toutes les misères de l’exploitation et des guerres qu’ils imposent aux peuples de ce monde.

GLOIRE A LA RESISTANCE DU PEUPLE PALESTINIEN FACE AU GENOCIDE !
LIBERATION IMMEDIATE DE NOTRE CAMARADE GEORGES !
LUTTE SANS FIN CONTRE TOUTES LES REPRESSIONS DU CAPITAL !
IL NOUS RESTE DEVANT NOUS TROIS OPTIONS :
LA LUTTE LA LUTTE OU LA LUTTE !!!
ENSEMBLE NOUS VAINCRONS !

 

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