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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 11:07

Dimanche 12 janvier 2020

39 jours de combat sur les retraites, on en est où ?

 

Le combat est rude, l’issue est incertaine.

La détermination des grévistes à la SNCF, la RATP, dans les raffineries, dans le noyau dur des enseignants est sans faille, avec une rage impressionnante issue de la colère accumulée contre ce gouvernement. Les collectes de soutien atteignent des records, les piquets sont fournis, les manifestations nombreuses et déterminées – plusieurs fois par semaine.

Mais force est de constater que « ça ne prend pas » dans le privé, et que ça reste cantonné à quelques secteurs dans le public. Certes des délégations parfois importantes lors des journées d’action, certes des blocages de zones industrielles ou commerciales comme pendant la loi travail, mais le pays n’est (malheureusement) pas en grève. Dans les régions, on se rend parfois à peine compte du conflit. Et tous les militants un peu conscients le savent : si ça ne part pas dans le privé, ça va être dur.

 

De son côté, le gouvernement Macron-Philippe fait quelque part la même analyse : les risques sont pour l’instant encore minimes. Et donc il ne lâche rien, même aux plus réformistes de ses collaborateurs syndicaux. La nouvelle proposition (voir ci-contre) faite hier de report de la notion d’âge pivot à une « conférence de financement » en avril en est la preuve. Suprême provocation : la conduite de cette conférence sera animée par un ancien directeur général de l’ARRCO-AGIRC (voir le point 5). Pour les camarades du public qui ne le savent pas, l’ARRCO-AGIRC, c’est le régime des retraites complémentaires du privé, et c’est DÉJÀ une retraite PAR POINTS !!!

 

Et la pénibilité ressort à la lumière…

 

Tous les articles de ce blog sur la pénibilité et la souffrance au travail, ICI.

En particulier :
"Retraites, ce que nous voulons", la justification de nos revendications.
"A nouveau contre Macron et son monde, contre la pénibilité, défendons nos retraites". L'article au début du  mouvement.
Les modifications amenées par Macron en 2017 "La pénibilité, Macron et la CGT"
La plaquette que nous avions faite en 2016, même si la situation a changé depuis, l'explication est toujours valable "Le C3P, support de formation syndicale".

Nous avons constaté que de nombreux grévistes ne savent pas très bien ce qui se cache derrière ce terme un peu technique. Alors parlons « fatigue », et « souffrance au travail », là ça parle – en particulier pour les premiers concernés.

 

 

Le gouvernement n’arrête pas d’agiter ce hochet, pour affirmer que les fonctionnaires y auront droit désormais, que ce seront des contreparties à l’unification des régimes, mais aucun détail précis. Ah, par contre les flics ont directement conservé leur régime spécial, précisément pour cause de pénibilité… Mais pas les cheminots !

 

Quand on connaît les reculs passés et l’état du dossier de la pénibilité, ce n’est qu’un écran de fumée. Nous renvoyons nos lecteurs aux articles passés de ce blog sur la question, voir les liens ci-contre…

 

 

Du coup, la CGT se réveille (enfin, on espère qu’elle ne va pas se rendormir !)

Depuis la mobilisation de 2007, la pénibilité a disparu de la politique confédérale. A tel point que le terme a disparu des textes de Congrès successifs, parfois même remplacé par le terme macroniste de « Qualité de Vie au Travail »… Seules quelques structures persistent à mobiliser à ce propos (en particulier la Construction).
Ah, si, il y a eu deux sursauts sans suite, avec une fiche en 2017, mais désormais disparue du site confédéral, voir notre article de l’époque « La CGT sort enfin de son silence ». Et une vague et brève déclaration fumeuse l’an dernier, sans aucun détail, ce qui prête comme d’habitude à toutes les interprétations même les plus réformistes…

 

L’insistance de Philippe à agiter le sujet comme contrepartie impose à tous les militants de se pencher désormais un peu sérieusement sur la question. Nous renvoyons donc à tous nos articles de ce blog sur le sujet, nous sommes armés, et on peut l’être quand on est clair dans la critique de l’exploitation capitaliste.

 

Mais à la Confédération, ça brasse aussi, dix ans de silence sur le sujet, ça se paye.

Et surprise, le dernier numéro de « Ensemble », le journal aux syndiqués comporte une page presque complète sur la pénibilité (voir ci-contre). Oui, la page 13 c’est pas encore à la une ! Mais on ne va pas faire la fine bouche, tellement le sujet est important.

En plus, une page presque intéressante, sans beaucoup d’erreur, on pourrait croire que c’est presque une autocritique des dix ans de silence passé et que l’auteure a lu les articles de notre blog ! Ce qui est dit dans les points 1 (« Déni d’Etat »), 2 (« Haro sur les régimes spéciaux ») et 3 (« Des dispositifs inopérants ») n’amène que des critiques secondaires que l’on gardera dans la poche pour l’instant. Le point 4 (« Gagner des droits nouveaux ») est par contre complètement flou, dans la grande tradition réformiste de la CGT quand il ne faut pas trop se mouiller. Pas de revendication précise, mais la demande d’une nouvelle négociation – lol, alors qu’il est bien précisé que le MEDEF a claqué la porte en 2008 !!! Un seul exemple concret, celui de la Construction qui réclame un droit à la retraite à 55 ans pour les salariés exposés du bois et de la construction. Très bien. Et pour tous les autres, on dit quoi ? Et la mobilisation on attend quoi ?

 

Donc on remet le sujet sur la table, très bien.

On va se répéter : la retraite n’est nullement un « morceau de solidarité qui échappe au capitalisme » comme le rêvent certains anarchistes, c’est la contrepartie de la fatigue, de la souffrance au travail, de la pénibilité après des années d’exploitation capitaliste féroce.

La preuve, ce sont les bourgeois eux-mêmes qui la donnent : quand il n’y a ni fatigue, ni souffrance, ni pénibilité, et bien on n’a pas envie de partir à la retraite, on continue un travail enrichissant. Demandez aux journalistes, aux avocats, aux comédiens et artistes, aux politiciens eux-mêmes, on les voit parfois jusqu’à 80 ans pérorer contre nous !

La preuve, c’est les régimes spéciaux maintenus aux flics et aux militaires.

 

D’où l’enjeu du combat pour la reconnaissance de la pénibilité, qui de plus peut faire l’unité entre public et privé. Enseignants, soignants, territoriaux, cheminots aux côtés des ouvriers du bâtiment, de l’industrie ou des femmes de ménage de l’hôtellerie.

Certains secteurs comme la construction, le verre, la sous-traitance nucléaire ont bien compris les enjeux et ont saisi le levier. Maintenant, il n’est pas trop tard, il faut rentrer ça dans les revendications – alors que c’est encore trop souvent oublié !

 

Tous ensemble contre la fatigue et la souffrance de l’exploitation capitaliste !
Reconnaissance de la pénibilité !
Une année d’anticipation de retraite pour trois ans de travail pénible, comme pour l’exposition à l’amiante !

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