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7 février 2020 5 07 /02 /février /2020 09:58

Vendredi 7 février 2020

Témoignage d'un intérimaire révolté, en contrat à PSA Rennes La Janais

 

A l’heure où l’on discute des retraites, on l’on parle fort peu de fatigue, souffrance au travail, pénibilité alors que ce sont les raisons premières du droit à une vraie retraite tôt, nous publions ci-dessous le témoignage particulièrement brutal d’un intérimaire qui travaille à PSA La Janais (Rennes).

Ce témoignage a été diffusé par la CGT PSA Tremery, et est le symbole de ce qu’est aujourd’hui le « travail » (l’exploitation capitaliste) dans l’automobile, et de la place de l’intérim sur les postes les plus durs, jetables et remplaçables quand ils ne font plus l’affaire.

Voilà pourquoi il faut en finir à la fois avec le travail à la chaîne, le travail de nuit et avec l'intérim, destructeurs à la fois physiques et mentaux de l'humanité de l'ouvrier. Voilà pourquoi il faut en finir avec le capitalisme et bouleverser de fond en comble le processus de production !

 


Je travaille en intérim sur le site de PSA – La Janais, près de Rennes. Je souhaite attirer votre attention sur les heures supplémentaires (enfin, les jours supplémentaires, plutôt) qui nous sont imposées, sans jamais nous demander notre avis, sans jamais nous demander comment nous allons, sans jamais savoir si nous allons tenir le coup […]. Heures supplémentaires, allongements d’horaire, travail les jours fériés, travail le 23 décembre, sont toujours annoncés au dernier moment bien entendu.

Je n’ai plus de vie privée, avec des douleurs chroniques (déjà oui) que je dois cacher au travail sous peine de ne pas voir mon contrat renouvelé. Le manque d’ergonomie des postes est affolant. J’ai fait plusieurs usines, automobiles ou non, et je n’ai jamais vu des postes aussi mal adaptés. Les ouvriers en CDI depuis plusieurs années se font tous opérer les uns après les autres : canal carpien, capsulite à l’épaule, tendinites des chevilles, et j’en passe. Comment peut-on continuer de travailler dans ces conditions ? Avec un salaire aussi minable ?

Au Montage, certains postes nous font soulever trois serreuses par opération (par minute), multiplié par sept heures dans une nuit, le calcul est rapide : l’opérateur soulève environ 1 200 fois par nuit les serreuses. Certains, employés au kitting (chargés de trier et d’acheminer jusqu’à la chaîne de montage les pièces détachées dont les ouvriers ont besoin), font 20 km par nuit. Finalement, on finit tous par s’acheter une paire de chaussures de sécurité extra légères sur Internet, pour éviter d’avoir une sensation de parpaing dans les chaussures en milieu de nuit. Le tout à nos frais. […]

Dans mon équipe, les intérimaires viennent et s’en vont, seulement un intérimaire sur quinze ira jusqu’à ses 18 mois de contrat. Les chefs proposent des contrats longs dès que possible aux intérimaires ponctuels et impliqués, pour éviter de les perdre. Personne ne veut des CDI, et ceux qui acceptent démissionnent bien vite.

Les journées supplémentaires sont une plaie, nous ne pouvons-nous reposer et reposer nos corps comme nous le devrions. La fatigue s’accumule, les collègues boivent du café avant de prendre le volant, de peur de s’endormir. Comment peut-on tolérer cela ? Comment peut-on, en 2020, faire risquer sa vie à un ouvrier sous couvert de productivité ?

Je suis jeune, je suis en colère contre la direction, je suis triste pour mes collègues embauchés, je suis capable de me battre pour les ouvriers, capable d’allumer l’étincelle qui mettra le feu aux poudres, j’ai deux bras et deux jambes ainsi qu’une voix qui porte, et je n’ai surtout rien à perdre, tout à gagner !

Un intérimaire (La Janais)
 

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