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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 12:16

Jeudi 28 novembre 2013

Bretagne : du "dreuz" (bordel) à la CGT (un vrai débat) !

 

logo-CGT-Bretagne.jpgDepuis deux semaines, les manifestations secouent la Bretagne, avec ou sans « bonnet rouge », et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ambiance est tendue...

Le 14 novembre dernier, c’était le clash ouvert : d’un côté la manifestation des Bonnets Rouges à Quimper, de l’autre et en même temps une manifestation syndicale (CGT/SUD/FSU – voir l’appel commun ICI) à Carhaix.

Dans la foulée des déclarations assez scandaleuses et méprisantes de Mélenchon (« Les esclaves manifesteront à Quimper pour les droits de leurs maîtres », voir l’article de Libé ICI), les syndicats, CGT en tête faisaient un clivage explicite, sur le thème « on ne va tout de même pas défiler avec les patrons ».
Première réaction sans trop réfléchir : enfin du bon sens, une réaction de classe quoi… Un peu gêné quand même par Mélenchon, mais on ne creusait pas trop.

 

Mais à peine deux jours plus tard, une déclaration en colère de la CGT Damen de Brest semait le trouble, en critiquant de manière très virulente la CGT Bretagne (voir en fin d’article), lui reprochant d’avoir divisé le peuple et d’avoir abandonné son rôle auprès des masses populaires en colère.
Depuis, cette déclaration tourne sur Internet, mais curieusement sans aucun commentaire, ni positif, ni négatif… Silence gêné quelque part, difficulté à prendre parti dans un contexte social complexe et explosif (faillite de la filière agricole bretonne, fermetures et chômage, à côté de tous les autres volets de la crise nationale et mondiale également ressentis en Bretagne).

 

D’un côté, on peut comprendre la réaction des organisations syndicales, à refuser de se faire manipuler par les patrons. Cela dit, on a le droit d’être un tout petit peu méfiant, quand on connait toutes les compromissions syndicales avec le patronat un peu partout en France, y compris à la CGT, ce blog s'en fait suffisamment l'écho !

Mais d’un autre côté, on a le droit de s’interroger : que proposent précisément ces organisations syndicales pour répondre à la colère explosive des masses populaires bretonnes, peut-être manipulées, mais en vraie révolte ?

 

Manif-Carhaix.jpgEt bien pas grand’chose. La CGT propose de s’insérer dans la négociation du « Pacte Avenir Bretagne », dont par ailleurs elle dit que ce n’est qu’une coquille vide (voir ICI), dans une optique complètement réformiste, au cul du gouvernement, avec une seule critique c’est qu’il ne va pas assez loin (ce qui suppose qu’il est dans le bon sens, n’est-ce pas ? ). C'est-à-dire qu’elle imagine améliorer le sort des travailleurs, sans rien changer au contexte et aux règles du jeu.
Sans même aborder un début de commencement de critique, ou même de discussiion, du modèle agro-industriel breton en train de couler dans la guerre économique mondialisée. Pas un mot sur les élevages industriels massifs de poulets ou de porcs qui polluent massivement, de la nappe phréatique aux algues vertes, des animaux dopés aux piquouses d’antibiotiques au mépris de la santé des consommateurs, des abattoirs avec travail à la chaîne et travail posté, du maraîchage industriel où les agrocapitalistes gèrent les stocks informatisés de choux fleurs, d’artichauts ou autres, pour spéculer au mieux des cours… Silence radio, alors que tout cela est de notoriété publique…

Mais, nous l’avons dit, (« Après l’échec contre la réforme des retraites, la CGT propose l’unité avec la CFDT »), la période actuelle est celle de la faillite visible des solutions réformistes. Les gens ne croient plus du tout aux "plans d’avenir", aux "pactes pour le futur", aux "promesses glorieuses", point barre. Ils ne croient pas qu’il soit si facile d’améliorer les choses sans rien changer au fond. Alors, soit ils se résignent et plient l’échine, soient ils sont révoltés et rejettent le système, mais ils sont impuissants à savoir comment avancer.
Et bien il nous semble que ce qui est vrai sur les retraites l’est peut-être aussi également en Bretagne.

 

C’est de cet œil qu’il faut regarder ce qui s’y passe, et c’est peut-être cela qu’ont senti les camarades de Damen.
Manif-Bretagne-111123.jpgLes manifestations syndicales du 2 novembre, puis du 23 novembre dernier (voir l’appel  ICI) n’ont pas été du tout des succès de mobilisation. Participation honorable des équipes syndicales, mais ambiance traditionnelle, pas de combattivité, mot d’ordre généraux sans aucun sens précis, bref « nulle à chier », si on en croit un de nos lecteurs. Un peu comme les manifs syndicales sur les retraites, peut-être ? Et des perspectives qui ne peuvent pas mobiliser et entraîner les prolétaires qui n’y croient plus.

D’un autre côté, il y a les manifestations dites des « bonnets rouges », qui sont effectivement manipulées par les patrons de la filière agro-industrielle ou des transports, mais qui catalysent une véritable colère et révolte populaires. Des esclaves ? Quel mépris de classe, Mélenchon ! Des prolétaires confus, c’est certain, mais tu fais quoi pour t’intéresser à eux, pour comprendre ce qui se passe ? Tu affirmes que c’est « une espèce de jacquerie qui n’a pas de sens politique », mais décidément, tu ne comprends rien à rien ! Même si c’est la confusion la plus complète, c’est bel et bien le rejet radical d’une société sans avenir et sans espoir !!! Bon, il faut admettre que ça, tu peux juste pas le comprendre…

Il est intéressant de noter cette brève qui vient de paraître dans le journal Ouest France :
« Un pôle ouvrier a été constitué sous l’égide du comité de soutien au maintien de l’emploi. Il appelle à manifester à Carhaix le 30 novembre.
Sous l’égide du comité de soutien au maintien de l’emploi, créé le 18 octobre à Carhaix, vient de se constituer un pôle ouvrier qui appelle à participer au rassemblement des Bonnets rouges le samedi 30 novembre.
L’annonce en a été faite ce matin dans la capitale du Poher en présence de salariés de chez Gad, Tilly-Sabco et Marine Harvest. « Il faut tordre le cou à cette idée véhiculée depuis plusieurs semaines qui dit que le mouvement des Bonnets rouges est un rassemblement de patrons, d’extrémistes, d’identitaires », martèle Matthieu Guillemot, membre du comité qui rappelle que le défilé du 2 novembre à Quimper était majoritairement composé d’ouvriers, d’employés, de précaires, de chômeurs… Les instigateurs du « pôle ouvrier » invitent ces derniers à se rassembler le samedi 30 novembre à 13 h place de la gare à Carhaix, avant de rejoindre ensemble le site de Kerampuilh. »

Emploi-Bretagne.jpgA lire cette initiative, les critiques des camarades de la CGT Damen semblent toucher juste ! La question est bel et bien du sens à donner à cette vraie révolte populaire, à lui donner du sens en confirmant que la voie réformiste n’est qu’une illusion, et en offrant des perspectives de lutte et de combat radicales : « Travailler tous, moins et autrement », « Vivre et travailler en Bretagne, comme ailleurs ! », « pour une économie au service du peuple et pas des monopoles agro-impérialistes ! »


La voie patronale est une impasse et ne fait que resserrer nos chaînes !
La voie réformiste est une illusion et un échec !
Seule la voie de classe, radicale et intransigeante, peut ouvrir de nouvelles perspectives à la colère populaire ! 

 

Alors, dans toutes les manifestations, syndicales, régionales, avec ou sans bonnet rouge, c’est cette voie qu’il faut tracer, en rejetant toutes les impasses et illusions !



Lettre ouverte au secrétaire CGT régional de Bretagne et à la secrétaire CGT générale départementale du Finistère.

 

Brest le 04 novembre 2013.
Mr le secrétaire général de Bretagne, Thierry Gourlay.

Aujourd’hui, le syndicat CGT de Damen Brest vous lance un coup de gueule, qui ressemble beaucoup à un cri d’alerte, suite au communiqué pour l’appel à manifester son mécontentement à Carhaix le 2 novembre.

Tout d’abord, sachez que votre manifestation pour nous et nos syndiqués est une grande mascarade et que bien sûr personne ne s’est déplacé à celle-ci. Il nous a paru plus que lamentable d’apprendre l’existence de ce rassemblement sur Carhaix par voie de presse avant toute forme de communication interne à la Cgt. L’opinion et la voie de vos syndicats et syndiqués ne vous intéresse-t-elle plus ? Somme-nous juste là pour financer votre grande confédération ? Mais ce n’était pas le pire, votre communiqué arrivant avec 2 jours de retards et de surcroit un vendredi à 22h30 et daté du même jour, soit le 1er novembre, quelques heures avant la manifestation. Devons-nous passer la nuit à prévenir tout le monde de vos intentions ?
Sachez que votre contre-manifestation est très mal venue et mal comprise. Il est bien bas de votre part de créer une manifestation pour l’emploi en marge d’une autre manifestation pour l’emploi et de surcroit dans la ville Carhaix, ville de l’organisateur de celle de Quimper. Faites-vous de la politique ou du syndicalisme, ou alors faites-vous le jeu de certains élus politiques ?

Vous avez le droit de ne pas vouloir manifester auprès de la FNSEA et du MEDEF, mais vous n’aviez pas le droit de séparer les manifestants pour qui le choix du lieu a été très dur, quitte à ne pas se déplacer du tout. Pour la CGT Damen, vous n’aviez pas le droit non plus de manifester auprès du front de gauche qui se permet de traiter le peuple breton de nigaud, esclave, etc, ni auprès des Verts qui défendent un projet ECOTAXE sans en connaitre les termes du contrat qui parait bien juteux pour le grand patronat. Une manif pour l’emploi un autre weekend aurait été mieux perçue et aurait permis de maintenir une pression constante sur le gouvernement.

N’avez-vous toujours pas compris qu’une force unitaire est bien plus efficace que la division. Diviser pour mieux régner n’est-elle pas ce que l’on combat en temps normal.
OUI, VOUS AURIEZ DU ETRE À QUIMPER AVEC TOUT LE MONDE.
OUI, VOUS AURIEZ DU FAIRE PASSER VOTRE MESSAGE A LA FOULE.
OUI, VOUS AURIEZ DU PRENDRE LA TETE DU CORTEGE POUR COUPER L’HERBBE SOUS LE PIED DU MEDEF ET DE CES MEGALOS DE LA FNSEA.
Mais non vous avez préféré jouer petit et tout seul avec des groupes qui ont beaucoup à se reprocher ces derniers temps.

Les conséquences de vos actes sont graves et ont des répercussions directes sur la CGT et sur les syndicats. Aujourd’hui dans mon entreprise, mais pas que, nous avons du gérer ce qui pouvait se passer de pire, une entreprise où vous avez un taux de syndicalisation les plus haut du Finistère, une entreprise qui a fait la fierté de la CGT pendant le conflit de la réparation navale civile de 2012. Fierté de la CGT, mais pas la vôtre qui complotait derrière notre dos avec la CFE-CGC et votre confédération CGT manipulée. Aujourd’hui, il a fallu convaincre les élus CGT de l’entreprise de conserver leur carte d’adhésion et bon nombre de syndiqués aussi. Le syndicat dans la boite est la première priorité pour faire face au patronat. Mais si vous casser tout en divisant les gens, vous serez bientôt bien seul car nous n’hésiterons pas à chercher une nouvelle étiquette.

En passant, je transmets des questions qui viennent de la CGT d’en bas, celle que vous ne consultez plus. Qu’as fait la Cgt contre l’ANI ? RIEN. Qu’as fait la Cgt contre les retraites ? RIEN. ET TOUJOURS RIEN DEPUIS UN AN. Et aujourd’hui vous nous dites de faire cavalier seul, alors que toute la Bretagne appelle au rassemblement…. Nous restons sans voix devant votre incompétence. Nous étions heureux de vous voir quitter l’UD du Finistère et non étions inquiet de vous voir arriver à la région et nous avions raison.

FINI LA LANGUE DE BOIS !!!!! Vous êtes trop éloigné du monde de l’entreprise et de l’industrie, votre poste de permanent qui se succède d’année en année vous transforme plus en politique qu’en syndicaliste. Et doit on le rappeler La CGT est un syndicat à la base d’employé et d’ouvrier.

Regardez, nous sommes la risée des réseaux sociaux et de la presse comme par exemple : "Front de gauche et écolos, vous avez insulté les Bretons, faudra pas venir pleurer".
Nous attendons de vous, un ressaisissement rapide et un moyen de réintégrer la lutte unitaire car sans quoi, à terme la Cgt ne sera plus représentatif sur le territoire breton comme l’est actuellement le front de gauche, grâce aux propos de Mr Mélenchon sur un article paru dans le point et toujours présent sur son blog.
Ce courrier sera distribué par mail mais aussi sur les réseaux sociaux, pour que les gens sachent que tous à la Cgt ne pensent pas comme vous.

Section CGT DAMEN

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