Dimanche 10 Septembre 2023
La journée de rentrée de la Chimie CGT
L’assemblée de rentrée de la FNIC à Montreuil, c’est un moment important dans la CGT, une fédération combative qui se dit oppositionnelle, des syndicats qui savent ce que lutter veut dire, et rudement, sans concessions.
Chaque année, c’est le moment de se retrouver, et là, à la sortie du conflit sur les retraites, c’était l’occasion de faire le point. D’autant que dans cette fédération combative, la parole est plutôt libre. Bon, on va être clair, les syndicats les plus réformistes ne prennent pas la peine de se déplacer. A côté de la direction fédérale (pas du tout critiquée), on note les interventions assez centristes des militants de Lutte Ouvrière ou un peu plus radicales de Révolution Permanente (Total Grandpuits). D’autres interventions se veulent très radicales dans la théorie marxiste, mais évitent soigneusement de mettre le doigt là où ça fait mal, les démarcations politiques concrètes et la lutte de ligne.
Un peu moins de monde le 5 septembre que l’an dernier dans le patio à Montreuil, mais les gros syndicats sont là, Total, Arkema, Biomérieux, Sanofi, plus un certain nombre d’entreprises plus petites.
L’intervention de Manu Lépine, le SG de la fédération fait le point, on peut dire qu’on en ressort assez partagés. Bien sur le rapport capital/travail et l’exploitation, la combativité, bien contre la répression qu’il s’agisse des syndicalistes poursuivis ou de l’assassinat du jeune Nahel, on voit la marque de la FNIC. Par contre sur d’autres sujets, c’est vraiment pas clair : sur la guerre en Ukraine, à force de renvoyer tout le monde dos à dos, on oublie le peuple ukrainien et on sous-entend très fort que en fait Poutine c’est moins pire… On critique à juste titre l’ancienne direction confédérale (Martinez) qui voulait transformer la confédération en ONG en surintervenant sur le racisme et le sexisme, mais on sent que ça tend la perche bien fort à tous ceux qui ne veulent plus qu’on en parle. La question de l’égalité Hommes/femmes est réduite à l’égalité salariale (vulgairement économiste, l'oppression et le patriarcat n'existent plus du tout !).
Le débat qui suit est assez classique des assemblées CGT : beaucoup d’interventions sur le mouvement des retraites, en critique combative de la Confédération, sur l’absence de coordination confédérale, d’appel clair, sur l’unité syndicale qui a pourri le conflit, l’absence de soutien contre la répression. Tout cela n’est pas faux, mais reste quand même assez superficiel.
Une motion de Total Grandpuits contre les positions de Sophie Binet sur l’abaya (« La rentrée scolaire, l’abaya et la CGT ») est enterrée discrètement…
Sophie Binet justement, qui prend la parole en fin de matinée. Redoutable oratrice, vraie spécialiste de la langue de bois, elle parle clairement pendant 15 minutes en réussissant à ne pas se démarquer et ne pas prendre de position ferme, tout en enterrant les débats – la digne successeuse de Martinez !! Même pas une critique à l’ancienne direction confédérale… Sur la réforme des retraites, elle s’oppose aux critiques en montrant qu’il y a bien eu un bilan au CCN, mais absolument aucune autocritique. Et il y a ce truc récurrent dans la CGT, qui provoquera la réaction indignée d’un participant (voir la vidéo ci-dessous), comme quoi « on n’a pas tout perdu, on s’est renforcé, le pouvoir est faible, maintenant on va capitaliser dans les élections professionnelles » et bla et bla… La bureaucratie syndicale sait se reproduire et se rassembler !
Pas de réponse sur le fait qu’elle ait acceptée de rencontrer Macron seule, sans témoin…
En résumé, une journée utile pour les rencontres et les échanges, pour connaître les avis des un.e.s et des autres, mais au-delà des discours, on n’a pas bien avancé en vrai sur la construction d’un syndicalisme de classe.
Pour conclure, nous mettons la vidéo d’un délégué participant, qui aborde une série des questions soulevées dans ce compte rendu.