Mardi 17 mai 2016
La Police hors de la CGT !
La police, les CRS, les bacqueux, on les voit à l’œuvre dans les manifs contre la loi travail.
On les voit frapper en uniforme, tonfa et gazeuse au poing. On les voit provoquer en civil, autocollant CNT sur le jean. On les voit nasser les manifestants manif après manif, filmer, interpeller, massacrer flashball en tir direct…
Donc les flics, on sait qui c’est. C’est l’appareil d’Etat, chargé du « maintien de l’ordre », autrement dit du système existant. L’épisode Charlie Hebdo a fait long feu, et Renaud est juste pathétique et ridicule avec sa chanson, qu’il repose en paix.
Une fois ceci établi, il convient de s’interroger.
Comment se fait-il qu’il existe une CGT Police ?
Oh, pas de quoi s’étouffer, 355 adhérents sur toute la France en avril 2015 (oui, on balance…). Mais c’est le symbole qui compte. Ce sont les communiqués, les déclarations, les discours.
Et en plus, il n’existe pas UNE CGT Police, mais DEUX. La Fédération a exclu les syndicats parisiens et marseillais, ainsi que le personnel de la préfecture de Paris, jugés pas assez répressifs.
La Fédération, c’est des flics, des couillus, des vrais, sans états d’âme. Ils vont manifester mercredi aux côtés d’Alliance, et de tous ces flics dont on sait que 50% votent FN. Et avec la bénédiction de Martinez sur Europe 1 le 11 Mai dernier, bravo ! (voir l’extrait audio ci-contre que la Fédération s’est empressée de diffuser).
[MàJ 26 juin] A noter la reproduction d'un article de l'Humanité sur le site Bellaciao, véritable hagiographie de la Fédération (rien que le titre est fameux "Alexandre, camarade policier"...). On notera également qu'un commentaire critique sur le site, renvoyant sur notre article a purement et simplement été censuré...
La CGT Police Paris est sur des positions plus « démocratiques » avec une dénonciation des violences de l’appareil d’Etat. Exclus de la Fédération CGT Police, ils ont rejoint la Fédération des Services Publics. Mais si les positions sont plus correctes, on voit quand même rester le malaise (voir le tract pour le 18 mai ICI) : reprise du discours éculé sur les « casseurs » et la différence avec les gentils manifestants, incapacité à être à contre-courant et à s’opposer clairement à la mobilisation réactionnaire du 18 mai, et repli sur des revendications économistes complètement décalées par rapport à la réalité de la situation (la politique de l’autruche).
Nous sommes désolés de dire cela à des militants qui semble-t-il suivent notre blog, mais il faut choisir son camp. Dans le cas de la manif policière du 18 mai, il n’y avait pas à transiger, il fallait s’opposer à cette manœuvre réactionnaire, voire pire si affinités (fascisantes)...
D’une manière générale, nous sommes CONTRE la présence des flics, juges et avocats dans les syndicats de travailleurs. Il s’agit là des forces spéciales régaliennes de l’état capitaliste et à son service, selon ses règles et pour son maintien. Rappelons la chasse aux sans-papiers, la BAC dans les quartiers, toutes les personnes tuées par la police chaque année (voir Urgence Notre Police Assassine), la répression des manifestations ouvrières ou écologiques – sans même parler de la loi El Khomri…
Le débat a déjà eu lieu dans l’après-68, chez les juges et avocats progressistes. Ils ont jugé, à juste titre, qu’il ne fallait pas introduire la confusion. Ont donc été créés le Syndicat de la Magistrature et le Syndicat des Avocats de France qui ont leur existence propre, et savent travailler de manière unitaire avec les syndicats de travailleurs chaque fois que nécessaire (par exemple contre la répression, pour le soutien aux sans-papiers etc.).
C’est la bonne démarche. Dans la société capitaliste, imaginer que puisse exister une « gentille police au service de l’intérêt général » est une plaisanterie de mauvais goût. Permettre aux policiers d’être présents dans les syndicats de travailleurs répand la confusion – c’est ainsi que l’on retrouve des RG dans le SO de la CGT…
Quoiqu’il en soit il conviendrait que le débat ait lieu dans toute la Confédération et que la position soit clarifiée – et ce n’est pas le cas, c’est la confusion qui règle, la reprise des communiqués des uns et des autres se faisant de manière tout à fait opportuniste, au gré de ce qu’on veut démontrer, quitte à défendre de parfaits réactionnaires comme la Fédération CGT Police – car ce qui est sûr, c’est qu’elle a fait ses preuves en excluant les syndicats les plus démocratiques…