Vendredi 2 mars 2018
Avant le Congrès, guerre totale à la Fédé CGT du Commerce
Avertissement au lecteur : plusieurs liens et citations renvoient à des notes sur Facebook, nous en sommes désolés, mais nous n’avons pu obtenir l’ensemble des documents en version originale pdf comme nous avons l’habitude de le faire.
La Fédération du Commerce est bien connue sur ce blog. A tel point qu’elle a l’honneur insigne de bénéficier d’une section à elle toute seule, c’est dire.
Une fédération traversée par de multiples conflits dont il est difficile de séparer les conflits de fond et les conflits de personnes, avec des ambitions marquées des uns et des autres soit pour conserver la place, soit pour être calife à la place du calife.
Nous avons rapporté (voir la section ci-dessus) le déroulement des Congrès précédents, 2008, 2011 sous les gaz lacrymogènes, 2014 à Vichy. Depuis, rien ne s’est arrangé et la préparation du Congrès de mars à Reims se joue en partie ce lundi au tribunal de Grande Instance de Bobigny, en particulier autour des mandats des délégués à ce Congrès. Oui, au tribunal, CGT contre CGT...
Depuis trois ans les conflits se sont multipliés entre la Fédération et les syndicats.
Exemple symbolique qui a mis le feu aux poudres : aux Galeries Lafayette, la déléguée syndicale a été brutalement démandatée pour avoir signé avec la direction un protocole pourtant validé par les syndiqués et par le Pôle juridique de la fédération. Problème : sur le fond, l’argumentaire de la fédération peut se comprendre, car la signature était difficilement acceptable par la CGT (voir le protocole et l’avis de la fédération en pièce jointe ICI). Contre problème : la fédération n’a jamais cherché le contact avec le syndicat, à discuter, à comprendre, le Pôle juridique a même validé et elle s’est contentée de faire tourner la machine bureaucratique du courrier recommandé. Alors, vrai problème ou prétexte ?
Sans rentrer dans le détail de l’accumulation des conflits (Ansamble, Sodexo, et bien sûr US Paris…), c’est la guerre, à tel point que plusieurs syndicats se retrouvaient le 14 février pour tracter contre la fédération devant l’entrée de la Confédération à Montreuil (voir le tract). Ambiance…
Pour la préparation du Congrès, la guerre souterraine permanente s’est déclarée en guerre ouverte, et les opposants ont ouvert un compte Facebook pour regrouper les éléments du débat. Et pour le coup, c’est la Fédé qui n’a pas le « cul propre ».
- Tromperie sur l’état de la fédération, des syndiqués et de l’influence, la méthode Coué semble remplacer la rigueur militante, voir ICI.
- Verrouillage complet du choix des délégués et des débats – mode tradi CGT à l’ancienne, quoi…
- Le projet de résolution de Congrès est un salmigondis de copier-coller de diverses origines, dont des textes de FO et de la CFTC, même pas peur. On trouvera également à ce propos le détail de l’échange policé entre la fédération et l’US Commerce ICI.
- La fédération prétend interdire la participation au Congrès de trois permanents de l’US Commerce Paris au prétexte "qu’ils ne seraient pas salariés du secteur". C’est juridiquement vrai, puisqu’ils sont salariés de l’US et pas salariés d'une entreprise du commerce, mais politiquement insensé et les renvoyer à la Fédération des Organismes Sociaux est un gag du plus mauvais goût, qui pourrait d’ailleurs se retourner contre les permanents fédéraux. Voir la « Lettre ouverte au Pôle Orga/Statuts de la fédération du Commerce, des Services et de la Distribution »
- Enfin, la fédération prétend s’approprier à elle seule les mandats des syndiqués isolés, soit 66% des syndiqués de la fédération, une paille (voir "A la fédération du commerce chaque syndiqué compte"). C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase avec le refus d’accepter au congrès les trois dirigeants de l’US Commerce, et qui a mené au tribunal lundi. avec bien sûr la réponde de la fédération ICI (pdf)
Pourtant, il est extrêmement difficile d’y voir clair, car le discours se veut « radical » de part et d’autre, provoquant la confusion dans les syndicats et parmi les militants moins directement impliqués, d’autant que la pommade pour trouver des alliés fait aussi partie des « armes de guerre ».
Pour notre part, de ce que nous avons compris (pas sûr, mais bon…) l’essentiel du conflit repose comme souvent dans la CGT dans des conflits d’équipe, de personnes, d’ambitions. S’il est absolument évident que la direction fédérale actuelle doit être balayée, il n’est malheureusement pas sûr que l’opposition représentée par l’US Paris soit une vraie alternative de classe. Bien sûr, l’US est bien plus combattive (elle, elle a soutenu la grève de l’Holiday Inn, pas la fédération, par exemple), mais les ambitions personnelles sont telles qu’on ne sait quel avenir cela prépare, d’autant qu’il y a aussi eu des conflits dans le passé avec l’US – par exemple autour de la CGT-HPE…
Nous nous garderons bien de prendre position dans ce panier de crabes, sinon pour désavouer la direction sortante carrément lamentable dans cette affaire, l’impression que tout est permis pour « la lutte des places »… A noter que 54% des ressources de la fédération provient du paritarisme, tiens tiens, la soupe doit être bonne…
On retrouve là l’ambiance actuelle dans les structures de la CGT dès qu’il y a un conflit. Le débat de fond s’évapore, les affrontements prennent des tours personnels insupportables et incompréhensibles. Quant à la Confédération, comme d’habitude, c’est les abonnés absents, la tête de l’autruche dans le sable. Martinez, il est gentil, il vient au contact de la base, mais dès qu'il y a un souci, il ne fait rien, paralysé par le paquet de merde interne à la confédération…
Nous le répétons : ils se tiennent tous par la barbichette, et la seule issue c’est programme contre programme, de regrouper les syndicalistes honnêtes et combatifs sur une orientation de classe :
- contre le travail le dimanche et la nuit
- pour la réinternalisation de la sous-traitance
- contre le temps partiel imposé
- contre la négociation des licenciements
- pour l’embauche des précaires et la réduction des cadences (voir Lidl...)
- contre la pénibilité et pour la retraite anticipée
- contre le paritarisme et la collusion pas claire de la cogestion, même conflictuelle, avec le patronat
- contre Macron, ses ordonnances et son gouvernement
- pour le débat de fond et la démocratie syndicale
- et ainsi de suite...
Alors sur la base d’une plateforme de combat qui traite l’ensemble des points essentiels du secteur, il sera possible d’y voir clair, de comprendre où sont les amis et les alliés, où sont les ennemis (connus ou cachés), et donc quelles positions prendre.
Au-delà du « dégagisme » légitime contre l’équipe en place, c’est une orientation de classe qu’il faut construire !
Nous invitons les camarades du Commerce à intervenir sur ce blog (nous savons qu’ils sont nombreux à nous lire), à commenter la préparation et le déroulement de ce congrès, en essayant de toujours pointer les enjeux de fond masqués par les affrontements en cours. C'est pas gagné, on peut l'admettre !