Lundi 12 décembre 2016
TPE : la CGT perd en cassation face au STC et au LAB
Et voilà. Ce qui devait arriver arriva, la Cour de Cassation a débouté la CGT, tant vis à vis du STC que du LAB.
Quel gâchis, et ça va se payer aux élections TPE...
Nous publions ci-contre l'intégralité du jugement de la Cour de Cassation, pour que chacun puisse se faire une idée. En effet, dans nos rangs, la Confédération était sortie du silence pour justifier le bazar qu'elle avait créé (voir tous les articles sur la question ICI), en développant un peu partout un argumentaire simpliste destiné à enfumer les syndiqués. Alors, nous disons à nos lecteurs : prenez le temps de lire les vrais arguments juridiques utilisés de part et d'autre, et le contenu de la Cour de Cassation.
Ce qu'on entendait et lisait un peu partout, y compris de la part de nos lecteurs (voir par exemple un commentaire en fin d'article ICI), c'est que la corsisation des emplois réclamée par le STC, c'est la même chose que la préférence nationale du FN. Et de jouer habilement sur la confusion pour susciter l'indignation et valider la démarche confédérale...
Sauf que...
- Jamais la CGT n'a eu un mot sur la nature de la structure de l'emploi sur l'île, construite au fil des siècles sur un modèle semi-colonial proche de celui des Antilles, qui rendait obligatoire l'émigration sur le continent pour trouver un emploi. En ce sens, revendiquer le mot d'ordre de "corsisation des emplois" n'est guère différent de "vivre et travailler au pays" défendu dans d'autres régions défavorisées. Et la revendication du "retour au pays" pour les Antillais ou Réunionais reste bien entendu d'actualité - enfin, nous l'espérons ?
- La Cour de Cassation relève que la supposée discrimination positive revendiquée par le STC n'est qu'une revendication, peut-être discutable, mais qui a toujours été insérée dans des contextes précis qui n'ont rien de choquant, et que jamais le STC n'a eu la quelconque pratique discriminatoire, par exemple dans ses rangs. Pour information, quand le STC parle de "corsisation", c'est pour tous les habitants de l'île, immigrés compris... Et on sait qu'il y a une forte immigration marocaine, "importée" par les pieds noirs à la fin de la guerre d'Algérie pour développer les domaines agricoles.
- Faire donc le parallèle avec la préférence nationale avancée par le FN est donc juste une manipulation des syndiqués.
- Jamais la CGT n'a expliqué ces attaques contre des petits syndicats qui ont été des alliés dans la bataille contre la loi travail, et encore sur d'autres sujets. Par exemple quand le LAB mobilise aux côtés de la CGT Cheminots contre la fermeture des gares en Pays Basque.
- La CGT n'a jamais justifié devant ses syndiqués (nous...) les arguments pourris qu'elle a utilisé pour tenter d'obtenir l'interdiction du STC et du LAB, à savoir la défense de l'ordre républicain et du système existant. On a du souci à se faire si le capitalisme commence à être vraiment contesté.
- La Confédération a utilisé en interne des arguments auxquels elle devrait y regarder à deux fois. Que le STC serait un syndicat fasciste, mafieux et on ne sait quoi d'autre... Qu'il y ait des problèmes au STC est une évidence, et il faut souhaiter qu'ils feront le ménage chez eux au risque de sombrer dans la réaction. Ce n'est pas le cas pour le moment, et la CGT ferait bien de se rappeler qu'il y a en son sein des secteurs mafieux (le syndicat de la propreté Région Parisienne), comme des syndicats infiltrés par le FN (les dockers de Calais ou de Saint-Nazaire), pour ne citer que ces exemples...
- Les camarades qui défendent la position confédérale devraient un peu s'interroger sur l'empilage des décisions de justice, jusqu'à la Cour de Cassation, pour apprécier le ridicule simpliste des arguments confédéraux dans les réunions locales ou les congrès départementaux (il y en a eu toute une série récemment...).
- Quoi qu'il en soit, nous sommes à la CGT, et ce n'est pas à nous qu'il revient de faire le ménage au STC, comme à la CFDT, à l'UNSA ou à FO d'ailleurs. Parce qu'on pourrait aussi interroger la direction confédérale à ce propos. Non, nous devons seulement refuser que notre confédération rentre dans des procédures juridiques pourries, seulement pour grapiller quelques % qui pourraient être décisifs lors du prochain scrutin TPE. Là pour le coup, ça va être le retour de bâton assuré, et, en Corse particulièrement, la garantie de voir la CGT encore marginalisée... Elle n'avait pas besoin de ça.
- Par contre la CGT devrait plus polémiquer publiquement vis à vis des autres syndicats, sur tous les sujets de mobilisation et de positionnement, qu'il s'agisse peut-être du STC dans ses ambitions nationales, mais aussi de la CFDT dans son réformisme, ou les positions ultra-réactionnaires de certains syndicats UNSA ou FO.
Fin de séquence, et tant mieux.
Reste maintenant, comme avant et plus que jamais, à revenir à un syndicalisme de classe, contre l'exploitation capitaliste, l'ordre républicain, pour la libération des travailleurs et du peuple !