Dossiers

28 février 2016 7 28 /02 /février /2016 12:24

Dimanche 28 février 2016

51ème Congrès : quel débat revendicatif ?

 

La préparation du Congrès Confédéral est bien entamée, et comme les lecteurs perspicaces l’auront remarqué, nous n’en avons guère parlé pour l’instant…

Grosse différence avec les trois congrès précédents (48ème, 49ème et 50ème) où nous avions produits de longues analyses sur divers textes proposés au débat.

Les textes sont pourtant bien arrivés en temps et en heure :

  • Le rapport d’activité, en ligne ICI (et sauvegardé ICI)
  • Le rapport d’orientation, en ligne ICI (et sauvegardé ICI)

Avec en plus cette année la validation de nouveaux repères revendicatifs lors du CCN des 18 et 19 novembre dernier, repères non soumis au débat et au vote du Congrès, mais proposés comme documents de référence ;

  • Les repères revendicatifs, en ligne ICI (et sauvegardés ICI)

 

Donc, les textes sont là, mais nous n’en produirons pas de critique détaillée.

Parce que nous avons constaté qu’hormis une toute petite frange de militants chevronnés, personne ne s’y intéresse. Désolé d’énerver les convaincus, mais c’est le constat autour de nous. La plupart des syndiqués, et même des délégués ne savent même pas qu’il va y avoir un Congrès à Marseille du 18 au 22 avril !

Mais entend-on déjà chez nos critiques courroucés : et bien faites votre boulot de militants, allez-y motivez les troupes, faites lire, critiquez même, mais faites vivre le congrès !
Ce n’est pas faux, et nous allons jouer notre rôle. Mais pas comme les années passées.

 

Camarades reprenez les textes proposés au vote (le rapport d’activité, le document d’orientation). Enfin, sur quoi va porter le débat ? Comme d’hab sur quelques formules chocs plus ou moins réformistes ou radicales (« lutte des classes » contre « développement durable » par exemple, et encore cette année les textes jouent habilement du discours avec des formules dont on se démarque difficilement. On va s’empailler sur  le « syndicalisme rassemblé », les relations avec la CFDT ? On va discuter de « la faute à Bruxelles » et de la CES, comme si c’était là l’origine de tous nos soucis ? Les radicaux vont arriver avec le « Tous ensemble », avec la « Grève générale interprofessionnelle », encouragés par le rejet massif de la loi El Khomri, bon bien sûr on est d’accord,  mais sur quel contenu, avec quelle analyse sérieuse de la période actuelle, avec quels objectifs et quelle  plateforme revendicative ?

Débat formel, qui débouche sur des votes, parfois intéressants au niveau indicatif (évolution des rapports de force) mais qui ne changeront au final PAS GRAND CHOSE.

Désolé d’être un peu trash (et certainement un peu caricaturaux), mais c’est la réalité, que nous connaissons tous, en vrai.

 

Le fond de l’histoire, de notre analyse, c’est qu’il est tout à fait inutile de s’esquinter à faire lire des pavés dont tout le contenu revendicatif a été soigneusement laissé de côté. Alors que c’est précisément sur ce terrain que les syndiqués combatifs, que les délégués de base honnêtes ont des choses à dire, à défendre, à critiquer…

Depuis le 46ème Congrès (ça commence à dater, 1999), les repères revendicatifs ne sont plus votés en Congrès, mais « évolutifs » et mis à jour régulièrement par le CCN. Déjà en 2007 (« Plateforme de lutte ou repères revendicatifs ? » ) nous notions qu’il ne s’agissait plus de plateforme de lutte, mais de repères nettement plus flous qui peuvent plaire à tout le monde… Aujourd’hui, nous pouvons dire qu’il n’y a même plus de débat sur le sujet dans notre organisation.

Qui a entendu parler du CCN de novembre dernier sur le sujet ? Quelle organisation s’est vraiment emparée du débat pour enrichir, corriger, critiquer ces repères ? Personne - ou quasi. Au mois d’avril dernier, nous avions soulevé le lièvre, sans grand succès il faut reconnaître (« la CGT de Martinez »).

 

Mais à l’approche du Congrès, les structures commencent à grincer des dents à ce propos.
Dans un document préparatoire au congrès (voir ICI), la FNIC s’interroge (à juste titre) : « Point 12 : doit-on laisser les repères revendicatifs se décider au CCN ou bien doivent-ils être décidés et débattus par le Congrès ? Les repères revendicatifs ne doivent-ils pas être justement issus et mis à jour suite aux congrès, mais pas la veille comme cela vient d’être fait ? La démocratie syndicale CGT a toujours été de débattre des enjeux, des propositions revendicatives avec les syndiqués dans le syndicat, avec les syndicats dans les instances : pourquoi inverser le processus au niveau Confédéral ? ».
Dans un autre document (voir ICI), l’UD de Seine-Maritime développe ses propositions et juge utile de conclure chaque partie par des propositions revendicatives simples, claires et concrètes, qui « parlent » aux travailleurs et aux syndiqués. Après, il faut en discuter le choix, mais le principe est bon, c’est celui que nous devons suivre.

 

Et pour (provisoirement) conclure cette première discussion, nous allons prendre un exemple bien vivant qui devrait être abordé au Congrès Confédéral, tant il porte de débats et de contradictions, y compris en interne chez nous : la sous-traitance.

Le CCN pris la responsabilité de créer une fiche (N°10) sur le sujet (voir ci-contre), nous avons déjà dit qu’elle comportait des petits pas positifs, dans le bon sens. Mais qui en a discuté dans l’organisation ? Juste personne.

Alors que nous savons (voir la section du blog consacrée au sujet « Sous-traitance, intérim, dumping social ») que c’est un sujet tendu, sujet à contradictions, qu’il s’agisse du nettoyage, du nucléaire ou de l’intérim en général…

Le projet de plateforme interfédéral sur la sous-traitance nucléaire a été enterré sans qu’on sache pourquoi. Le statut de l’Union Syndicale de l’Intérim (USI) n’est toujours pas résolu, et pour cause, entre ceux qui veulent en faire une quasi-fédération et ceux qui refusent l’institutionnalisation de la précarité.

Encore il y a quelques jours, un clash violent s’est produit sur le sujet au Comité Général de l’UD de Paris avec la suspension du syndicat de la propreté d’Ile de France et la réaction de la Fédération des Ports et Docks (« Propreté Ports et Docks : le syndicat de Paris suspendu par l’UD 75 ! »).

Voilà qui mériterait un débat de Congrès, c’est toute la question de la reconstitution du collectif de travail qui est posée, une paille ! Allez, camarades, cherchez donc une référence dans le document d’orientation…

Alors que si c’était en débat, gageons que les syndiqués, du nettoyage, de l’énergie, du BTP, de la restauration d’entreprise, des entreprises donneuses d’ordre sauraient y prendre leur place de manière vivante !

 

Voilà ce qu’il faut discuter, sur le fond. Ce qu’il faut débattre avec les syndiqués, voilà comment nous voulons discuter du Congrès : prendre les vrais sujets qui mobilisent vraiment les travailleurs, les droits des sans-papiers, la pénibilité, le temps de travail, et porter le débat, à la fois sur les repères revendicatifs et sur le document d’orientation…

Et bien sûr pour commencer le projet de loi El Khomri sur le Code du Travail, dont on peut être sûr que le rejet va marquer le Congrès confédéral !

On y reviendra !

Partager cet article