Mercredi 20 avril 2016
Un appel du Congrès vraiment pas à la hauteur...
Le Congrès a validé… (?? enfin même pas, le bureau du congrès, quoi) cet après-midi un appel bien décalé à la fois de la situation sociale et des préoccupations des congressistes.
Hier, on avait pu voir que le rapport d’activité n’a été validé qu’à 58,9% des congressistes, à côté de 14,1% d’abstensions et de 27% de votes contre – désaveu historique pour la confédé, si l’on compare aux votes des congrès précédents :
50ème Congrès 81,4% de pour, 7% abstentions, 11,6% de contre
49ème Congrès 71,3% de pour, 7,7% d’abstentions, 21% de contre
48ème Congrès 77% de pour, 6% d’abstentions, 17% de contre
Le signe d’un fort malaise, c'est le moins qu'on puisse dire. Bien sûr il y a l’affaire Lepaon, d’autant plus qu’il est venu parader au Congrès, et certains n’ont pas manqué de le traiter de crapule… Mais il n’y a pas que cela.
Il y a aussi le sentiment fortement répandu que la Confédération n’a pas de boussole, ne sait pas bien ce qu’elle veut, entre une attitude radicale de façade, mais au fond un réformisme bien ancré dans le paritarisme et la conception de la transformation sociale par un capitalisme à visage humain.
Plus de 40% des congressistes ont donc refusé de valider le rapport d’activité, ce n’est pas que le solde des « affaires », c’est le signe inquiétant de la décomposition lente des « fondamentaux » que prétendaient conserver nos dirigeants.
L’appel du Congrès (voir la vidéo et ICI en papier) est de cet ordre. Une tentative de ramener la révolte et la colère contre « le système », qui commence à s’exprimer dans le combat contre la précarité capitaliste et la loi El Khomri, comme dans les rassemblements Nuits Debout, vers les rivages du réformisme crasse.
On voit réapparaitre la Sécurité Sociale Professionnelle qui n’est qu’une acceptation améliorée de la précarité et des restructurations capitalistes, sous couvert de droits transférables… (voir le dossier de ce blog à ce propos). En gros, un CPA amélioré quelque part, plus très loin de ce que défend le gouvernement ?
On se demande bien ce qu’est un Code du Travail du 21ème siècle (qui est celui en place…) dans la mesure où ce recueil n’est que l’enregistrement des lois officielles mises en place par le patronat et le gouvernement pour organiser notre exploitation… Certes, c’est un garde-fou contre les excès les plus grossiers des patrons-voyous, mais c’est d’abord le lieu qui règle la discipline dictatoriale des entreprises, la gestion des plans sociaux et des licenciements, le dialogue social qui nous enfume et tutti quanti…
Enfin, pour organiser le juste combat pour les 32h, encore faudrait-il, pour être crédible, organiser le combat contre tous les reculs qui s’accumulent entreprise par entreprise, branche par branche, de l’ascension travaillée à PSA à l’augmentation du temps de travail des cheminots, en passant par le pointage en bleu à Airbus. Il y a là une coordination des combats qui ne se fait pas, pour une conception unifiée de la réduction du temps de travail au service des exploités, et pas un arrangement sur un supposé partage des gains de productivité…
Par ailleurs cet appel n’a été ni vraiment débattu (quelques interventions seulement), ni corrigé en quoi que ce soit – mode « on s’en fout du congrès »… La démocratie à la sauce bureaucratique, et on a bien vu dans nombre d’interventions combien on était loin des remarques et préoccupations des congressistes…
Rien que de très neuf, donc, celles et ceux qui imaginaient un congrès chaud et de rupture en sont pour leurs frais… Cela dit, les contradictions et l’éclatement interne ouverts par les affaires Lepaon risquent fort de s’accentuer, et la politique de l’autruche de Martinez et de toute la direction confédérale va vite trouver ses limites…